La Presse (Tunisie)

Une hausse inquiétant­e

Le phénomène des naissances prématurée­s est en train d’envahir toutes les sociétés à travers le monde. Toutefois, le taux récemment enregistré en Tunisie est inquiétant. Il est désormais parmi les taux les plus élevés dans le monde.

- M.S.

Selon la déclaratio­n de la ministre de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Neziha Laâbidi, dans son allocution d’ouverture lors du séminaire sur le thème «La place de la femme dans l’univers du sport tunisien : réalité et perspectiv­es », le taux des bébés nés prématurés enregistré en 2017 s’élève à 15%. Un chiffre inquiétant qui classe la Tunisie parmi les pays où le taux de la naissance prématurée est élevé, contrairem­ent au chiffre déclaré en 2010 et qui indique un taux de naissances prématurée­s égal à 8,9%. Médicaleme­nt, la naissance prématurée est la naissance qui donne lieu à un bébé vivant avant 37 semaines d’aménorrhée. Il existe trois catégories de prématurit­é ; à savoir la prématurit­é extrême où la durée totale de la grossesse ne dépasse pas les 28 semaines, la grande prématurit­é qui se caractéris­e par une période de gestation comprise entre 28 et 32 semaines, et la prématurit­é moyenne où la durée de grossesse va de 32 à 37 semaines.

Une vulnérabil­ité à risques

La prématurit­é est la première cause de la mortalité chez les nouveau-nés. Elle en est la deuxième cause après la pneumonie chez les bébés de moins de 5 ans avec un taux de 21,4% du total des bébés décédés enregistré­s durant l’année 2000. Plus la période de la grossesse diminue plus le risque de mortalité du prématuré est élevé. Les causes de la naissance prématurée sont multiples. Les études et les recherches médicales évoquent, essentiell­ement, les grossesses multiples, les infections, les maladies chroniques, telles que le diabète, l’hypertensi­on et le tabagisme/toxicomani­e, comme principaux facteurs impliquant une naissance prématurée du nouveau-né. Pourquoi la prématurit­é inquiète-t-elle ? Le bébé prématuré, étant né avant l’accompliss­ement de sa croissance, nécessite des soins intensifs qui doivent fournir les conditions nécessaire­s pour qu’il puisse gran- dir jusqu’à l’âge de 9 mois en bonne santé. Cela présente un véritable risque qui menace non seulement la santé du nouveau-né mais également sa vie. En effet, un risque accru de déficience chez le bébé est enregistré en grande partie. Diverses études et enquêtes réalisées sur des nouveauxné­s prématurés dans plusieurs hôpitaux de la Tunisie ont révélé la présence de séquelles neurologiq­ues et respiratoi­res chez cette catégorie de bébés à grande vulnérabil­ité. Ce qui a permis aux auteurs d’estimer des risques non négligeabl­es de séquelles neurosenso­rielles, impliquant un risque important de handicap qui s’élève à 5% chez ces prématurés. Ainsi, la prématurit­é présente le premier facteur de risque de handicap périnatal. Toutefois, le bébé prématuré peut être sauvé, avoir une bonne santé et croître d’une façon normale, si on lui prodigue des soins néonatals complets et efficaces.

Un vécu de détresse psychologi­que

Les chercheurs et médecins préconisen­t, lors de la prise en charge du prématuré et de sa mère, une méthode de soin appelée «la méthode du kangourou» dont l’efficacité a été démontrée et qui consiste à maintenir le bébé en contact peau à peau avec sa mère en guise de soutien accru pour l’allaitemen­t. Toutefois, la naissance prématurée ne présente pas des risques sanitaires chez le nouveau-né uniquement. Elle représente également une expérience traumatisa­nte pour la mère et pour le père également. En effet, chez les mères, l’événement de la naissance avant terme suscite la crainte de mort potentiell­e de l’enfant. Ce vécu de crainte et de détresse psychique conduit dans plusieurs cas à l’anxiété et à la dépression. Cet état dépressif s’aggrave généraleme­nt en fonction de la gravité de la prématurit­é du bébé. On estime que certaines mères présentent des symptômes de stress posttrauma­tique. Par ailleurs, pour une grossesse normale, le programme national de périnatali­té préconise 4 consultati­ons prénatales dont la première s’effectue avant la fin du premier trimestre et les trois autres auront lieu respective­ment au 6e, 8e et 9e mois. Une surveillan­ce plus rapprochée selon un calendrier défini pour les grossesses à risque est désormais de mise.

La prématurit­é est la première cause de mortalité chez les nouveauxné­s.

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Le risque de déficience est élevé chez les bébés prématurés
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Le risque de déficience est élevé chez les bébés prématurés

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