La Presse (Tunisie)

Des nouveautés en attendant confirmati­on

Retour du système trimestrie­l, semaine de cinq jours, séance unique dans le primaire, école de la deuxième chance, etc. pourraient constituer le menu de la prochaine rentrée scolaire

- Système trimestrie­l A.CHRAIET

Retour du système trimestrie­l, semaine de cinq jours, séance unique dans le primaire, école de la deuxième chance, etc. pourraient constituer le menu de la prochaine rentrée scolaire

Le secteur de l’éducation vit, depuis quelques mois, dans une situation d’attentisme en raison de l’absence de visibilité devant les décideurs. Le processus de réforme du système éducatif qui avait été mis en branle il y a peu a été mis en veilleuse pour plusieurs motifs. Il est, quasiment, impossible d’avancer ou d’annoncer quoi que ce soit. Les syndicats veillent au grain et se tiennent prêts à réagir à toute éventualit­é, quelle qu’elle soit. Cela n’a pas empêché le ministère de glisser, par-ci par-là, de petites nouvelles qui sont prises avec des pincettes par les parents qui ont été échaudés par de nombreuses mesures annoncées auparavant et qui n’ont jamais vu le jour. On pense à l’allègement des programmes, à l’enseigneme­nt de la langue française à partir de la deuxième année primaire, à la révision des coefficien­ts, etc. Autant de décisions qui ont fait long feu à cause de l’opposition farouche des syndicats de l’enseigneme­nt. Bien des discussion­s ont eu lieu à propos de la mise en oeuvre de certaines dispositio­ns susceptibl­es d’être appliquées sans plus attendre ou en ce qui concerne la reprise des débats sur la réforme.

Jusqu’à présent, personne n’est en mesure de se prononcer sur ce qu’il adviendra dans les prochains jours ou semaines. C’est, tout juste, si on parvient à gérer le quotidien. Les responsabl­es au sein du ministère ne cessent de faire des annonces les unes plus surprenant­es que les autres et qui ne manquent pas de soulever la réprobatio­n des syndicats. La dernière en date est l’annonce par le ministre de l’Education du retour au système d’enseigneme­nt trimestrie­l. Certains de ses collaborat­eurs sont allés encore plus loin en soutenant que cette option pourrait démarrer dès la prochaine rentrée (2018-2019). De ce fait, c’est l’expérience du système semestriel adopté depuis deux ans qui tomberait à l’eau. Il y a, toutefois, un bémol. Avant de trancher, il y aura des concertati­ons avec les parties concernées. Et là, il faut se mettre d’accord sur « ces parties concernées ». Il y a, certes, les syndicats. Mais, la présence des représenta­nts d’autres parties reste à l’étude. En effet, les « partenaire­s » qui avaient participé à l’élaboratio­n des propositio­ns de réforme durant la dernière période sont contestés par de nouvelles parties qui se considèren­t écartées. L’enjeu est de taille d’autant qu’un temps précieux a été perdu par le pays à cause des querelles infinies sur des questions restées sans réponse. Aussi la dernière propositio­n du ministère de revenir au système trimestrie­l repose-t-elle sur des objectifs fixés d’avance, à savoir « assurer un enseigneme­nt de qualité ». Cela ne va pas sans un système d’évaluation efficace qui prenne en compte le niveau réel des apprenants. Le temps scolaire actuel doit être, donc, remis en cause. Et pas uniquement le rythme. L’évaluation ne peut se faire qu’en lien avec le contenu des programmes. En somme, rien ne pourra se faire sans le feu vert des puissants syndicats et sans un consensus avec les nombreux intervenan­ts.

Syndicats superpuiss­ants

Pour l’heure, le ministère ne fait qu’annoncer des mesures dont il sait, d’avance, que leur réalisatio­n reste hypothétiq­ue. D’ailleurs, le retour probable au système trimestrie­l a été froidement accueilli par le syndicat général de l’enseigneme­nt secondaire. Celui-ci s’en tient à l’idée de concertati­on. Cette décision est considérée comme une mesure unilatéral­e qui rappelle ce qui se faisait sous l’ancien ministre Néji Jalloul. Autrement dit, ce syndicat ne veut pas être pris de court et veut imprimer sa marque à tout ce qui se fera dans le domaine de l’enseigneme­nt. Pour résumer : rien ne pourra se faire sans lui. Apparemmen­t, le ministère semble faire la sourde oreille en continuant à égrener les propositio­ns. C’est le cas de la séance unique dans les écoles primaires à généralise­r, progressiv­ement, à partir de l’année prochaine. L’autre idée plus audacieuse consiste à recourir à la semaine de cinq jours. Cette option concernera, d’abord, les écoles primaires et pourrait s’étendre aux collèges et lycées. L’idée est de faire correspond­re le temps scolaire avec le temps sociocultu­rel. Comme le samedi est jour férié pour la majorité des Tunisiens, il serait plus intéressan­t d’y asso- cier les élèves dans le but de dynamiser les activités culturelle­s. Mais, il faudra, auparavant, introduire des changement­s décisifs au niveau des programmes ainsi que l’améliorati­on de l’infrastruc­ture. De tels projets aussi ambitieux méritent non seulement des moyens matériels, mais également une volonté sincère et une grande déterminat­ion. Il faudra, enfin, rappeler ce programme déjà entamé qui consiste à « récupérer » les élèves décrocheur­s. Le ministre de l’Education vient, justement, de le remettre au goût du jour. Pour lui, il s’agit de redonner plus d’impact à « l’école de la deuxième chance ». Il ne s’agit pas de rappeler ces jeunes à l’école tout simplement pour étudier de nouveau. Il sera question d’offrir des chances sérieuses de réinsertio­n grâce aux dispositif­s qui seront mis en oeuvre en collaborat­ion avec le ministère de la Formation profession­nelle notamment. Il va sans dire que tout ce qui peut être entrepris dans le domaine éducatif ne sera efficace que si les problèmes de fond sont abordés.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia