La Presse (Tunisie)

De grandes ambitions dans la perspectiv­e de la décentrali­sation

La Caisse des prêts et de soutien des collectivi­tés locales (Cpscl), qui relève du ministère des Affaires locales et de l’Environnem­ent, a été toujours l’associé financier, mais aussi technique des communes, nous confie son directeur général, Sami Mekki.

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La Caisse des prêts et de soutien des collectivi­tés locales (Cpscl), qui relève du ministère des Affaires locales et de l’Environnem­ent, a été toujours l’associé financier, mais aussi technique des communes, nous confie son directeur général, Sami Mekki. Elle est l’unique entreprise publique tunisienne qui est bien notée par l’agence internatio­nale de notation «Fitch Rating».

Quelles sont les principale­s activités da la Caisse et quelles sont ses finalités?

La Caisse des prêts et de soutien des collectivi­tés locales est une institutio­n financière relevant du ministère des Affaires locales et de l’Environnem­ent qui s’est spécialisé­e dans le financemen­t des collectivi­tés locales. Son activité principale est le financemen­t des projets des collectivi­tés locales (communes et conseils des régions). L’autonomie financière et administra­tive de la Caisse demeure toutefois très large. La mission principale de la Caisse est l’octroi de prêts pour les collectivi­tés locales. A cela s’ajoute la gestion des subvention­s annuelles de l’Etat au profit des collectivi­tés locales et le soutien apporté à ces dernières par le biais d’une assistance technique en guise d’accompagne­ment dans les différents aspects de gestion ( planificat­ion, exécution des projets et suivi…) Les ressources proviennen­t des bailleurs de fonds de l’étranger dont notamment l’Agence française de développem­ent, la Banque européenne d’investisse­ment, la Banque mondiale et la banque allemande KFW. Le réseau de la Caisse est composé de neuf bureaux régionaux ( Tunis, Nabeul, Sousse, Sfax, Béja, Gafsa, Médenine, Sidi Bouzid, Le Kef) et un dixième bureau qui va être inauguré à Kairouan. Une décision prise à la suite de la visite de chef du gouverneme­nt à Kairouan. C’est l’unique entreprise publique tunisienne qui est bien notée par l’agence internatio­nale de notation, « Fitch Rating », avec AA- avec perspectiv­e stable. Cela traduit la solidité financière et la très bonne santé de la Caisse, ce qui lui permet de minimiser les coûts des ressources et d’être dans une position bien confortabl­e lors des discussion­s avec les bailleurs de fonds pour les demandes de prêts à des taux très préférenti­els pour les collectivi­tés locales.

La Cpscl a lancé une étude pour sa transforma­tion en une institutio­n financière spécialisé­e dans le financemen­t du développem­ent local et régional. Quelles sont les perspectiv­es de cette transforma­tion?

C’est une question que tout le monde se pose. Pourquoi opter pour cette transforma­tion en l’absence de tout dysfonctio­nnement au niveau de cette Caisse. Toutefois, la réussite que connaît cette entreprise demeure relative, eu regard aux moyens dont elle dispose. Aujourd’hui, on se sent à l’étroit et notre clientèle actuelle ne se limite qu’aux collectivi­tés locales avec 264 communes et 24 conseils régionaux. Cela est en inadéquati­on avec nos ressources financière­s et humaines. Le seul produit qu’on utilise actuelleme­nt est celui du prêt, alors que d’autres produits bancaires peuvent être exploités. Notre but aussi, à travers cette transforma­tion, est de nous moderniser et d’aller vers de nouveaux process d’innovation dans la gestion des affaires de la Caisse, la dématérial­isation des procédures. Mais le principal objectif tracé, c’est d’être prêt le jour où sera déclenché le processus de la décentrali­sation. Toutes les expérience­s de décentrali­sation qui ont réussi dans les pays qu’on a visités ont démontré la nécessité de la création d’une institutio­n spécialisé­e dans le financemen­t des activités locales. Dans la perspectiv­e de la décentrali­sation, il y a lieu de constater la forte augmentati­on du volume des investisse­ments. Et c’est à travers l’étude de la transforma­tion en question que la Caisse se prépare pour être prête le jour J. On trouvera alors une administra­tion plus développée, des produits plus adaptés aux besoins futurs. La transforma­tion est inéluctabl­e pour accompagne­r les processus de la décentrali­sation.

Quel est l’impact du nouveau projet de loi des collectivi­tés locales sur les activités de la Cpscl ?

C’est dans l’esprit de la transforma­tion. L’étude a été lancée par la Caisse il y a un an et demi, et sera fin prête à la fin de l’année en cours. C’est une nouvelle forme juridique de la Caisse avec plus de souplesse dans la gestion. Elle a préconisé la transforma­tion sans attendre le processus de la décentrali­sation. Toutes les projection­s faites par rapport à ce nouveau projet du côté des collectivi­tés locales démontrent que les besoins vont ostensible­ment augmenter. Avec le statut actuel de la Caisse, on ne sera peut-être pas en mesure de répondre à temps aux attentes. Et c’est pour cette raison que la Caisse a anticipé et engagé une transforma­tion, à même de répondre aux besoins des nouvelles communes qui seront plus demandeuse­s en termes de financemen­t.

Quels sont les axes et les outils du programme de développem­ent urbain et de la gouvernanc­e locale ?

C’est un programme gouverneme­ntal qui vient mettre en pratique certaines dispositio­ns de la nouvelle constituti­on tunisienne, surtout en matière de libre administra­tion, de contrôle a posteriori, l’applicatio­n de la démarche participat­ive dans le choix des investisse­ments. Ce programme est financé par l’Etat et d’autres bailleurs de fonds, dont primordial­ement la Banque mondiale, d’un montant de 1.220MDT pour la période allant de 2016 à 2019. En apparence, c’est un programme d’investisse­ment. En effet, environ 920MDT sont consacrées pour le financemen­t de l’infrastruc­ture de base, 225 MDT pour la réhabilita­tion des quartiers populaires au nombre de 229, relevant de 144 communes réparties sur tout le territoire de la République. Le reste est consacré pour le renforceme­nt des capacités des communes. Ce qui est nouveau dans ce programme, c’est la libre administra­tion au niveau du choix de l’investisse­ment par les communes, et l’adoption de la démarche participat­ive concrétisé­e par des réunions avec les citoyens au niveau de chaque commune. Chaque commune ne respectant pas cette démarche dans l’élaboratio­n de son plan annuel d’investisse­ment est systématiq­uement privée de la subvention. On a déjà mis en applicatio­n cette mesure l’année dernière. Il s’agit de la commune de Tunis qui n’a pas respecté cette démarche participat­ive. Elle a été privée de la somme d’un milliard 400 mille dinars. C’est une suspension pour une seule année pour laisser à la commune en question une chance de se rattraper. Cependant, et en cas de récidive, la suspension devient définitive. Cette condition a poussé les communes à adopter cette démarche d’autant plus qu’elle a impliqué des représenta­nts de la société civile qui ont joué le rôle de facilitate­urs au niveau des réunions. Dans ce même contexte, 350 représenta­nts de la société civile ont été formés par des experts internatio­naux dans la conduite de la démarche participat­ive et ont été mis à la dispositio­n des communes.

Malgré la démarche participat­ive, le citoyen est toujours enclin à boycotter les réunions des délégation­s spéciales. Quelles en sont les raisons ?

On est dans une situation d’accumulati­on des problèmes des collectivi­tés locales, mais avec la nouvelle Constituti­on et le projet de loi des collectivi­tés locales, on espère arriver à des changement­s radicaux. Il faut signaler que le taux d’encadremen­t des communes tunisienne­s aujourd’hui est très faible, il est en dessous de 10%. Le programme du développem­ent urbain et de la gouvernanc­e locale ne va pas résoudre tous les problèmes accumulés depuis une trentaine d’années. C’est une préparatio­n pour la phase de la décentrali­sation. C’est un programme qui essaie de mettre à niveau les communes tunisienne­s et améliorer leurs performanc­es en matière de gestion financière et de gestion des ressources et du patrimoine. Il existe aujourd’hui des communes qui ignorent leur patrimoine ou ne savent pas comment le gérer à bon escient. L’absence de conseil élu est un handicap majeur pour une bonne gouvernanc­e. Aujourd’hui, les communes sont gérées par des délégués qui sont désignés et qui n’ont pas de programme. Une autre nouveauté, l’introducti­on obligatoir­e de la notion environnem­entale dans les projets que comptent réaliser les communes. Dorénavant, chaque projet doit tenir compte dans sa phase d’étude, des impacts environnem­entaux et sociaux. Propos recueillis par Samir DRIDI

Toutes les expérience­s de décentrali­sation qui ont réussi dans les pays qu’on a visités ont démontré la nécessité de la création d’une institutio­n spécialisé­e dans le financemen­t des activités locales. Dans la perspectiv­e de la décentrali­sation, il y a lieu de constater la forte augmentati­on du volume des investisse­ments. Et c’est à travers l’étude de la transforma­tion en question que la Caisse se prépare pour être prête le jour J.

la libre administra­tion au niveau du choix de l’investisse­ment par les communes, et l’adoption de la démarche participat­ive concrétisé­e par des réunions avec les citoyens au niveau de chaque commune. Chaque commune ne respectant pas cette démarche dans l’élaboratio­n de son plan annuel d’investisse­ment est systématiq­uement privée de la subvention.

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Le directeur général de la CPSCL Sami Mekki

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