La Presse (Tunisie)

Les malheurs des Taouarguis

Les déplacés de Taouarga toujours empêchés de rentrer chez eux

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AFP — Des dizaines de milliers de déplacés de la ville libyenne de Taouarga, contraints à l’exil après leur soutien en 2011 à l’ex-dictateur Mouammar Kadhafi, sont toujours empêchés de rentrer chez eux par des groupes armés, a déploré hier le gouverneme­nt d’union nationale (GNA). Conforméme­nt à un accord conclu entre représenta­nts de Taouarga et de la ville rivale de Misrata (200 km à l’est de Tripoli), environ 40.000 déplacés avaient été appelés à rentrer chez eux. Jeudi dernier, des centaines de familles avaient pris la route en direction de Taouarga, mais elles ont été bloquées à des barrages aux entrées de la ville par des groupes armés de Misrata. Ces groupes accusent les Taouarga d’avoir été à la tête des forces de Kadhafi qui ont assiégé Misrata durant plus de deux mois en 2011 et qui ont été accusés de plusieurs meurtres et actes de tortures et de viols. Dans un communiqué publié hier, le chef du gouverneme­nt d’union, Fayez al-Sarraj, a condamné «avec force les tentatives de groupes armés de terroriser les familles de Taouarga dans la zone de Qararat al-Qatf», près de Bani Walid (185 km au sud-est de Tripoli), où un campement de fortune a été érigé. Selon plusieurs témoignage­s, des hommes armés ont tiré en direction d’un groupe de familles près de Bani Walid pour les intimider et les dissuader de reprendre la route vers Taouarga. «Ces groupes (...) tentent de saboter les efforts de réconcilia­tion entre Misrata et Taouarga», a dénoncé M. Sarraj. Il a en revanche salué «le Conseil municipal de Mis- rata et le Conseil local de Taouarga (...) qui poursuiven­t leurs efforts pour permettre le retour des habitants». Parties de l’est comme de l’ouest de la Libye où elles étaient réfugiées, plusieurs centaines de familles sont toujours bloquées aux entrées de la ville du fait des barrages érigés. Sarah Leah Whitson, directrice du départemen­t Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’ONG Human Rights Watch (HRW), a exhorté le GNA à faire en sorte, «d’urgence, que les milliers de familles de Taouarga déjà sur les routes» puissent «avancer en toute sécurité». Ces familles sont toujours bloquées sur les routes «sans aucun abri et avec peu de provisions», a déploré Mme Whitson. Le Haut-Commissari­at pour les réfugiés (HCR) a indiqué avant-hier avoir distribué notamment des kits d’hygiène et des sacs de couchage aux déplacés de Taouarga bloqués près de Bani Walid.

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Photo d’habitants de la ville libyenne de Taouarga empêchés de rentrer chez eux, le 1er février près d’un barrage dans la région de Misrata

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