Chantage au sacré
Me Ghodhbani (vendredi 26 janvier, à «Attassia») : «Le Coran est au-dessus de la Constitution !». Que répondre ? Sur le fond, rien, évidemment rien. Du point de vue de la croyance, de la foi musulmane, tous les Tunisiens (ou presque) seraient du même avis. Un seul hic, un gros bémol : c’est qu’un certain 23 octobre 2011, ces mêmes Tunisiens avaient élu une constituante et l’ont précisément chargée de doter le pays d’une Constitution civile et démocratique. Ce qui fut fait. Ce qui est définitivement fait. Il y a donc décalage. Les Tunisiens, dans leur majorité, distinguent bien entre être musulman, avoir la foi, croire en Dieu et en le Coran, et être citoyen d’un Etat régi par une Constitution. Me Ghodhbani, en toute apparence, non. Et il n’est pas le seul, on le sait. Les fondamentalistes, les salafistes, les intégristes et autres jihadistes et «takfiristes» s’opposent, à ce jour, à ce choix souverain du peuple. A ce jour encore, profitant de largesses de toutes sortes, celles de la démocratie, comme celles des autorités, ils vocifèrent à l’air libre, crient leurs slogans, brandissent leurs (autres)drapeaux. A ce jour encore, ils consacrent leurs nombreuses pages facebook, non seulement à s’attaquer «aux ennemis laïcs», à les traiter «d’apostats»,de «renégats», à les menacer même dans leurs vies (le cas du penseur Youssef Seddik est le plus récent, le plus choquant, le plus révoltant), mais encore à professer et à divulguer les pires «idéologies». Me Ghodhbani n’a pas fait que suivre le mouvement, l’autre vendredi. Il y a ajouté «la sortie télé». Face à la caméra, le rictus «vengeur», l’oeil «arrogant», il a tout bonnement franchi «la ligne rouge» : on vivait en république, en deux courtes «sentences», il nous «propulsait, déjà, en Califat». Mais plus que suivre le mouvement, le cher maître tablait sur le mutisme ambiant. Les modernistes n’ont plus les marges de l’après-2014. L’islamisme «rampe» à nouveau. Qui, encore, aurait l’audace de«souffler mot» à propos de religion ?«Comble du comble», à propos de Coran ? Ni constitution, ni république, ni démocratie qui vaillent ici. Comme pour les tableaux d’El Abdellia sous la «Troïka», motus tout le monde : on a transgressé des «lois célestes». Un vrai chantage au sacré.
Me Ghodhbani à «ettassia» : «le Coran est au-dessus de la Constitution ! Que répondre ? Sur le fond, rien, évidemment, rien… Seul hic, gros bémol : en 2011, les tunisiens ont demandé à avoir une constituante et une constitution civile et démocratique. Décalage… une «sortie télé» qui tablait sur le mutisme ambiant… un vrai chantage au sacré…