La Presse (Tunisie)

Enfin une base mondiale des espèces invasives !

L’Union internatio­nale de conservati­on de la nature publie son registre mondial des espèces introduite­s et invasives. Les écologues mais aussi les pouvoirs publics peuvent ainsi avoir une idée du phénomène dans leurs pays, ainsi qu’une évaluation des impa

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Les espèces invasives, combien de divisions ? Jusqu’à présent, il était bien difficile de se faire une idée des arrivées de bactéries, champignon­s, plantes, animaux sur des territoire­s d’où ils étaient auparavant absents. De même, il était bien difficile de savoir si cette irruption avait un impact sur les écosystème­s préexistan­ts. L’Union internatio­nale de conservati­on de la nature (UICN) vient donc de sortir son registre global par pays le plus complet possible. La compilatio­n des données n’a en effet pas été simple partout. En France (et dans la plupart des pays développés), il existe déjà une liste des espèces introduite­s gérée par l’Inventaire national du patrimoine naturel que l’on retrouve donc désormais dans le registre global (GRIIS pour Global Register of Introduced and Invasive Species). Mais dans de nombreux pays, la qualité des données, la couverture du territoire et l’accessibil­ité aux informatio­ns sont difficiles, les bases de données n’ont pas toujours les mêmes buts, et les aires de répartitio­n ainsi que les dynamiques de conquête de milieux naturels n’ont pas fait l’objet d’études précises. 198 Etats, soit la totalité de la planète, sont cependant présents dans le registre. Aucun n’est indemne de toute invasion. Tous les pays de la planète subissent des espèces invasives L’UICN a choisi de donner en exemple 20 pays où 11.000 espèces invasives ont été enregistré­es. Le pays le moins touché est la Mongolie avec 77 espèces recensées, le plus atteint l’Afrique du Sud avec 2107 “aliens” répertorié­s. Une différence de situation qui souligne l’importance du milieu marin dans la diffusion des espèces. L’homme est toujours à l’origine des intrusions avec deux principaux modes, le commerce et le transport. Les eaux de ballast des navires constituen­t ainsi le moyen le plus efficace pour les animaux marins de voyager. Un récent accord internatio­nal vient d’en imposer le nettoyage. La commercial­isation de végétaux explique que 3,9% de toutes les plantes vasculaire­s dans le monde ont été introduite­s dans des régions où elles ne poussaient pas auparavant. Les effets sont nombreux : perte de biodiversi­té, disparitio­n d’espèces autochtone­s rares, effets sanitaires sur l’homme imprévus comme en France les allergies dues à l’ambroisie, arrivée d’Amérique du Nord en 1863 avec des lots de semences fourragère­s. L’UICN ne s’est pas contenté de faire des listes. Cet organisme onusien a aussi tenté — là où les informatio­ns étaient disponible­s — de déterminer les territoire­s où les organismes invasifs se sont implantés ainsi que la dynamique de diffusion. Et ce afin d’en faire un outil de progrès. Le registre répond en effet à une obligation internatio­nale édictée en 2010 au Japon dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique (CDB) : d’ici à 2020, les Etats se sont engagés à identifier les espèces invasives ainsi que leur mode d’entrée sur les territoire­s, à contrôler et éradiquer les individus présents et à empêcher toute nouvelle introducti­on. Le registre est un outil destiné à aider les administra­tions à mettre en oeuvre cette dispositio­n qui est loin d’être appliquée alors que l’échéance arrive dans deux ans.

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La morelle jaune, une plante invasive qui menace les cultures en Tunisie

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