Quel avenir pour nos villes ?
Avec une population de 11 millions d’habitants dont 67,8% vivent en agglomérations, la Tunisie est confrontée au défi de l’urbanisation.
Plus d’un Tunisien sur quatre habite le Grand-Tunis, qualifié désormais de «métropole». La capitale regroupe, en effet, 2.5 millions d’habitants et recouvre quatre gouvernorats. Seulement, le manque de financements dans les infrastructures publiques et la mauvaise gestion des sociétés de transport laissent un réseau de transport urbain presque obsolète. A titre d’exemple, le réseau de bus de Tunis comptait, en 2015, 220 unités opérationnelles pour 220 lignes. Le problème n’est pas récent. En 2002, le ministère du Transport avait préconisé plusieurs propositions ayant pour objectif de moderniser les transports publics. La plupart de ces projets, à l’instar de la création d’un réseau ferré rapide, ont été retardés ou n’ont pas abouti, faute d’organisation et de coopération. En 2010, dans le cadre d’un programme initié par le Centre pour l’intégration en Méditerranée, et financé par l’Agence française de développement (AFD), la question de la mobilité urbaine est mise au coeur des débats. Sont alors organisées à Tunis, fin 2012, les Journées nationales du transport urbain (Jntu). Cette initiative a eu pour objectif de proposer un plan d’action concret sur le long terme pour une restructuration institutionnelle des transports urbains.
Qu’en est-il à l’heure actuelle ?
Si le projet de métro léger à Sfax a pu être lancé en 2016, la modernisation du système des transports peine à se faire dans l’ensemble. Pourtant, depuis février 2016, un programme de coopération signé entre l’AFD, le ministère du Transport tunisien et Codatu a pour dessein d’améliorer la qualité des transports du Grand-Tunis. L’objectif de modernisation regroupe trois axes majeurs. Dans un premier temps, il s’agirait d’augmenter les tarifs des transports ou, dans la moindre mesure, de les indexer en fonction de l’inflation. La Transtu (Société des transports de Tunis) observe, en effet, une chute de 28% de ses recettes depuis 10 ans, contraignant l’Etat à colmater son déficit. Le mode de gouvernance est également une problématique majeure. Le programme demande, en effet, à l’Etat de clarifier son rôle dans la gestion des entreprises publiques. Ainsi, la décentralisation apparaît comme indispensable. La création des Arott (Autorité organisatrice des transports terrestres), déjà impulsée en 2004 par le projet Euromed, permettrait de mettre en place, au courant de l’année, de véritables autorités organisatrices de la mobilité urbaine. Enfin, depuis les engagements pris par la Tunisie en 2015, lors de la COP21, les nouveaux dispositifs de transport devront respecter un mode de consommation écologique afin de réduire 41% de l’intensité carbone par unité de PIB. Si la Tunisie réussit à tenir cet engagement, elle profitera d’un accès plus rapide aux financements mis à disposition dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique. Un travail de longue haleine.