Après avoir fait le tour et l’éclairage sur 5 gouvernorats, survolant la situation économique et industrielle, voilà que nous atterrissons aujourd’hui sur le sol sfaxien. Un sol fertile non seulement au sens agricole du terme, mais aussi dans la mesure où
Démographiquement, le Grand-Sfax, avec près d’un million d’habitants, est la seconde région après celle du Grand-Tunis. Comme dans la plupart de nos régions, il existe une disparité économique interrégionale. Si la ville de Sfax et sa proche banlieue ont le privilège de connaître une concentration industrielle, du reste gâchée par les revers fâcheux de la pollution, le reste du gouvernorat «respire» à pleins poumons l’air pur de l’ancestral olivier. Qui à la tête d’autres diverses cultures ne sont guère suffisants, pour offrir aux fellahs de céans un niveau de vie à la mesure de leurs espérances. Faisons donc un zoom sur cette région à travers notre entretien à bâtons rompus avec M. Adel Khabthani, gouverneur de Sfax, depuis le mois de septembre dernier. Le maître de la région commence par mettre en exergue les atouts du gouvernorat de Sfax qui, dit-il, constitue un pôle distinct de développement, ayant un rayonnement à l’échelle nationale et internationale, puisqu’il contient un tissu économique varié et évolué. Et qu’il est ouvert aux transactions internationales, grâce à son port commercial, son port pétrolier, son aéroport international, l’autoroute le reliant à Tunis et le réseau ferroviaire le reliant à la plupart des autres gouvernorats. Sa région économique naturelle, outre les gouvernorats limitrophes, s’étend au-delà de Sidi Bouzid pour inclure Gafsa et Kasserine qui témoignent de l’intensité des échanges économiques et sociaux traditionnels entre ces ensembles territoriaux.
De quoi être fier !
Dressant le tableau industriel de la région, le gouverneur se dit fier de la présence de : - 708 entreprises industrielles (10 emplois et+), soit 13% du national - 138 entreprises totalement exportatrices (10 emplois et+), soit 6% du national - 22 zones industrielles s’étalant sur 1.100 ha dont 9 aménagées par l’AFI d’une superficie de 243 ha, en plus d’une réserve foncière sur 350ha - 5 pépinières d’entreprises pour l’hébergement des projets innovants (capacité 70 projets) - 500 entreprises enregistrant des opérations d’exportations - Un cadre incitatif à l’investissement industriel (9 délégations bénéficient des encouragements de développement régional). Ceci non sans souligner la réussite des hommes d’affaires originaires de la région à créer des groupes d’entreprises de haute renommée. Notre interlocuteur nous apprend que les intentions d’investissement sont estimées à 401 millions de dinars en 2017, soit environ 12% du niveau national. - 10 grandes unités industrielles réalisées en 2017 dans le gouvernorat de Sfax avec des investissements d’environ 48 millions de dinars. Ceci en plus de 8 autres unités industrielles en cours de réalisation avec des investissements de 57 millions de dinars.
Des potentialités touristiques
Côté tourisme, M. Adel Khabthani nous révèle l’existence de : - 39 hôtels classés avec une capacité d’accueil de 3.382 lits - Des sites naturels propices aux activités touristiques écologiques et balnéaires - Un patrimoine historique favorable au tourisme culturel : la ville ancienne (La Kasba, Borj Ennaser, les musées…) - Des sites archéologiques à Thyna, El Hssar aux îles Kerkennah et Borj Younga à Mahrès - Des potentialités pour le tourisme écologique à Sidi Founkhel (Kerkennah) et au Chaffar (Mahrès) Les îles de Kerkennah offrent un site promoteur pour le tourisme de croisière - Un hôtel 5 étoiles réalisé en 2017 avec une capacité de 210 lits et un autre, en cours, avec une capacité de 375 lits.
Une stratégie sur 5 axes
Selon le gouverneur, la problématique générale du développement se résume dans la régression du rôle de la région de Sfax en tant que pôle de développement à l’échelle nationale, ceci est dû à l’absence d’une stratégie de développement globale et intégrée, ce qui a engendré une dégradation environnementale, un déséquilibre urbain, une accentuation de l’inégalité entre le Grand-Sfax et les délégations intérieures et un développement anarchique des activités économiques. La stratégie de développement adoptée dans la région durant le plan 2016-2020 vise à rendre Sfax une région propre et non polluée, dotée d’une infrastructure développée, compétitive et rayonnante à l’échelle nationale et internationale avec une économie basée sur la technologie, offrant de bonnes conditions de vie pour toutes les catégories d’habitants dans l’ensemble des délégations. Cette stratégie se base essentiellement sur cinq axes de développement : Axe 1 : Assurer un environnement sain, un domaine urbain organisé et une gestion rationnelle des ressources naturelles. Axe 2 : Relier la région à son environnement national et réaliser un équilibre entre ses différentes zones du gouvernorat. Axe 3 : Sfax un pôle économique méditerranéen rayonnant à l’échelle nationale et internationale. Axe 4 : Promouvoir les ressources humaines et réaliser l’intégration sociale. Axe 5 : Etablir les regèles de la bonne gouvernance. Pour concrétiser cette stratégie, les investissements alloués pour le gouvernorat de Sfax dans le cadre du plan quinquennal 20162020 s’élèvent à 2.247 millions de dinars. Ceci sans prendre en compte les projets qui seront réalisés dans le cadre du PPP et les grands projets à caractère national, comme la station de dessalement des eaux de la mer de Sfax et la réalisation d’une route express Sfax-Sidi Bouzid-Kasserine.
Un appel aux investisseurs
Permettre de redonner confiance et espoir aux citoyens, impulser le développement, lancer un message aux investisseurs pour qu’ils s’intéressent à la région de Sfax et réaliser les grands projets de ce gouvernorat, parmi les projets annoncés par le chef du gouvernement on cite : - Le démantèlement immédiat des unités polluantes de la Siape; - La création d’une médiathèque à Sfax avec un coût de 18.5 millions de dinars. - L’exécution d’une route pénétrante NordSud sur 28 km (150 millions de dinars) - La construction de 8 échangeurs sur la rocade km4 (140 millions de dinars) - La réalisation de la première tranche du réseau de métro léger (13.5 km, 600 millions de dinars) - La programmation d’une route express Sfax-Sidi Bouzid-Kasserine (200 km, 800 millions de dinars) - L’aménagement de la route régionale n°119 de Mahrès à Agareb, d’une valeur totale de 12 millions de dinars - Le démarrage du programme de modernisation des routes des régions municipales à Sfax, Skhira et Jbeniana avec un coût de 9 millions de dinars. - La réalisation d’une étude prospective “Sfax 2050” avec un coût de 450 milles de dinars - La préparation d’un schéma de cohérence de l’île de Kerkennah avec un coût de 100 mille dinars - La réalisation d’une plateforme logistique (50 ha, 20 millions de dinars, PPP) - La création d’une zone industrielle à Dokhane-Henchan (75 ha, 15 millions de dinars) - La création d’une station de dessalement des eaux de la mer de Sfax avec une capacité de 200 mille m3/jour (957 millions de dinars) - La création d’une station de dessalement des eaux de la mer de Kerkennah avec une capacité de 6 mille m3/jour (24 millions de dinars) - Acquisition d’un navire pour assurer le transport maritime Sfax-Kerkennah : 15 millions de dinars - Renforcement de la route nationale n°13 (Menzel Chaker-Sidi-Bouzid) et de la route régionale n°81 (Sfax-Kairouan) avec un montant total de 33,6 millions de dinars.
Sur les rails…
A la question de savoir les projets économiques en cours de réalisation, le gouverneur nous cite : - Les travaux d’aménagement et de revêtement de 207 km de pistes agricoles avec un coût de 39 millions de dinars (PRD 20152016-2017) - La création d’une médiathèque à Sfax avec un coût de 18,5 millions de dinars - La réhabilitation du réseau d’alimentation en eau potable des localités de Boujarbou, Nawel et El Hlalafa avec 10 millions de dinars. - La création d’un port de pêche à Sidi Youssef-Kerkennah (32 millions de dinars) - La création d’un port de pêche à Sidi Mansour- Sakiet Eddaier (20 millions de dinars) - Les travaux de réaménagement de la zone industrielle d’Agareb sur 85 ha avec un coût de 6,7 millions de dinars - La réhabilitation des cités populaires Sakiet Eddaier-Saltania (25 millions de dinars) - L’extension de la station d’assainissement de Mahrès (10 millions de dinars) - La réhabilitation des stations d’assainissement de Sfax-Sud, Mahrès et Agareb (11,4 millions de dinars)
Pour bientôt !
Quant aux projets sur le point de démarrer, notre interlocuteur nous énumère : - Les travaux de réalisation de la première tranche de la route pénétrante Nord-Sud sur 13,5 km - La construction de 4 échangeurs sur la rocade km4 - Les études d’exécution de la première tranche du réseau du métro léger sur 13,5 - L’aménagement et le revêtement de la route régionale n°119 de Mahrès à Agareb - Le réaménagement de la route nationale n°14 reliant Sfax à Agareb sur 14,5 km (25 millions de dinars) - Le projet de développement agricole intégré des délégations de Hencha, Menzel Chaker et Bir Ali. - L’aménagement de 20 cités populaires à Sfax avec 4 millions de dinars - L’aménagement des réseaux d’assainissement à Sakiet Ezzit, Chihia, Mahrès, Sakiet Eddaier, Hancha, Agareb et Jbeniana, moyennant une enveloppe de 36 millions de dinars, - La réalisation d’un réseau d’assainissement à Bir Ali et Skhira avec un coût de 10 millions de dinars - La réalisation de 6 projets de développement intégré au niveau des délégations d’El Hencha, Menzel Chaker, Skhira, Amra, Agareb et Ghraiba (10 millions de dinars/ délégation). - La réalisation d’un projet de développement agricole intégré au niveau des délégations de Hencha, Menzel Chaker et Bir Ali avec un coût de 67 millions de dinars. Ceci dit, M. Adel Khabthani nous affirme que le gouvernorat accorde une attention et un intérêt tout particuliers à l’ensemble des décisions prises par M. Youssef Chahed au profit de la région, nous indiquant que des réunions sont régulièrement tenues au double niveau régional et central, veillant au strict respect des délais d’exécution de ces mesures et à aplanir les difficultés susceptibles d’en entraver la réalisation dans les délais impartis. Le gouverneur nous apprend que le nombre de projets programmés en 2011-2017 se chiffre à 1.127 projets avec un montant d’investissement de 1.932 millions de dinars. Notre interlocuteur nous les repartit comme suit : - Projets réalisés : 766 projets avec un montant d’investissement de 934 millions de dinars, - Projets en cours de réalisation : 173 projets avec un montant d’investissement de 433 millions de dinars - Projets en phase d’appel d’offres : 82 avec un montant d’investissement de 367 millions de dinars - Projets en cours d’étude : 102, nécessitant un investissement de près de 184 millions de dinars - Projets n’ayant pas encore démarré : 4, avec un coût global totalisant 14 millions de dinars
La chose publique, l’affaire de tous
Quant aux projets ayant eu à rencontrer des difficultés de réalisation, le gouverneur nous révèle qu’ils sont au nombre de 8, pour un coût global de 34MD. Ces difficultés sont de divers ordres : foncier, financier, humain (manque de ressources humaines), etc. Au final, M. Adel Khabthani nous déclare s’être assigné comme objectif principal de veiller à surmonter les difficultés socioéconomiques et environnementales de la région, à atténuer le déséquilibre interrégional et à la réalisation des 60 mesures annoncées par le chef du gouvernement, au profit de la région. Notre interlocuteur nous a promis de nous dire tout, ultérieurement, sur l’état d’avancement de l’application de l’ensemble de ces mesures. «Enfin, tient à souligner le gouverneur, la chose publique est l’affaire de tous : députés, représentants des organisations nationales, et de la société civile, universitaires et de l’ensemble des citoyens. Et c’est grâce à la conjugaison des efforts de tous ces acteurs qu’on pourrait assurer le décollage économique d’une région si riche en atouts» .
Interview réalisée par Larbi DEROUICHE