Les avis divergent
Mongi Rahoui (Front populaire) regrette que Chedly Ayari n’ait pas été très franc sur ce qui se passe vraiment dans les coulisses. De son côté, Marouène Felfel (Machrou Tounès) estime qu’au-delà des noms, le moment est grave pour la Tunisie et il est important que chacun assume enfin ses responsabilités
Coup de théâtre mercredi, après la démission du gouverneur de la Banque centrale, en début de soirée, quelques minutes après son audition au sein de la commission des finances et les révélations de la Ctaf qui mettent en cause la mauvaise gestion du gouvernement du dossier du blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Mercredi, Chedly Ayari a reçu plusieurs coups de fil pendant son audition, et, selon plusieurs témoignages d’élus, le gouverneur a subi d’énormes pressions pour qu’il démissionne avant d’être «jeté en pâture» à l’Assemblée. Selon le député Ali Bannour, certains députés sont allés «conseiller» Ayari de ne pas se présenter à la séance plénière. Hier, le porte-parole du gouvernement, Iyed Dahmani, a tenté de masquer la fumée du scandale, en affirmant que les correspondances de la Ctaf étaient très rassurantes et que sur l’éventualité d’un «blacklistage», elle avait été peu alarmiste. Hier, au milieu d’une confusion gouvernementale, le nouveau gouverneur proposé par le président de la République, Marouène Abbassi, était seul à se présenter au Parlement. Plusieurs députés ont mal digéré le fait qu’on tire le tapis sous leurs pieds. Le député Mongi Rahoui s’est dit scandalisé par cette pression subie par l’ex-gouverneur. Selon lui, la Ctaf a une part de responsabilité dans le fait qu’elle n’ait pas entrepris l’examen de l’ensemble des opérations suspectes. «Par manque de moyens c’est vrai, mais il fallait que la Ctaf fasse plus de bruit», a- t- il déclaré. De plus, Mongi Rahoui ( Front populaire) regrette que Chedly Ayari n’ait pas été très franc sur ce qui se passe vraiment dans les coulisses. De son côté, Marouène Felfel (Machrou Tounès) estime qu’au-delà des noms, le moment est grave pour la Tunisie et il est important que chacun assume enfin ses responsabilités. «Je refuse de faire partie de cette génération qui paiera la facture», a-t-il déclaré. Il explique que le classement dans cette liste noire, même si par la suite on est retiré, aura un impact certain sur l’investissement. «Pendant un bon bout de temps, nous allons rester dans les listes de filtrage des institutions financières internationales». Selon lui, toutes les opérations financières de la Tunisie seront scrutées et cela pénalisera sans aucun doute l’investissement. Pour sa part, le député Karim Helali a estimé qu’il est temps, toujours au-delà des personnes à la tête des institutions, il est temps qu’une mission d’audit exécutée par le Cour des comptes soit menée au plus vite, pour comprendre ce qui s’y passe. «Du temps de Ben Ali, la Banque centrale n’a jamais été auditée», fait-il savoir.
K. B. S.