Cyril Ramaphosa prend les rênes du pouvoir
Son investiture a été proclamée par la Cour constitutionnelle et met un terme à la crise politique suscitée par les accusations de corruption qui pesaient sur l’ex-président Jacob Zuma
quasi-unanime dans une Afrique du Sud épuisée par une fin de règne marquée par l’instabilité politique, la corruption généralisée et des difficultés économiques persistantes. «C’est la fin d’une période où la plus haute fonction du pays a été détournée en vue d’un pillage généralisé des coffres du pays», s’est réjouie la fondation Nelson Mandela. Dès jeudi matin, les marchés ont salué le départ de Jacob Zuma par une hausse de l’indice de la Bourse de Johannesburg ( jusqu’à + 2,7%) et de la devise nationale, le rand, à son plus haut niveau face au dollar depuis trois ans (11.65 R pour 1 USD). L’élection de Cyril Ramaphosa «marque la fin d’une période d’incertitudes politique et économique qui a considérablement pesé sur la croissance de l’Afrique du Sud», a résumé l’économiste Raymond Parsons, de la Northwest University. L’opposition, qui a vainement tenté depuis des années de pousser M. Zuma vers la sortie, a elle aussi applaudi des deux mains l’annonce du départ de Jacob Zuma. «Toute la nation a été victime depuis plus de dix ans d’un délinquant et d’un imposteur (...), il va rejoindre les poubelles de l’histoire » , a raillé Julius Malema, le chef des Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale). Mais M. Malema a aussitôt averti qu’il surveillerait de «très près» les nouveaux maîtres du pays. «Zuma est parti, maintenant je vais m’occuper d’eux » , a- t- il lancé.
«Vrai renouveau»
«Nous n’avons pas un problème avec Jacob Zuma, nous un problème avec l’ANC», a renchéri le chef de l’Alliance démocratique (DA), Mmusi Maimane devant les députés, appelant une nouvelle fois à la dissolution du Parlement et à des élections anticipées «pour un vrai renouveau» du pays. La DA et les EFF ont infligé un sérieux revers à l’ANC aux élections locales de 2016 et espèrent le priver l’an prochain de la majorité absolue qu’il détient depuis 1994. Ces dernières semaines, M. Ramaphosa a promis de tourner rapidement la page Zuma, assurant à qui voulait l’entendre que l’Afrique du Sud était entrée dans «une nouvelle ère». Sa route s’annonce longue et difficile. «Il a la tâche énorme de faire oublier le bilan de son prédécesseur et de remettre l’Afrique du Sud sur la voie de l’unité et du renouveau», a résumé la fondation créée par l’ex-président Frederik de Klerk, «le tsar est tombé, la voie est libre M. Ramaphosa !» Comme un symbole du changement promis, la police a perquisitionné mercredi le luxueux domicile de la sulfureuse et jusque- là intouchable famille Gupta, au coeur de la plupart des scandales qui impliquent l’ex-président Zuma. Les huit personnes arrêtées lors de l’opération ont comparu hier devant un tribunal de Bloomfontein (centre).