Attention à la marche !
Réunion « décisive », demain, des signataires du Document de Carthage à l’effet – il faut l’espérer – de trouver une issue à la crise « éminemment « politique » qui s’est installée en l’espace de quelques jours. Les qualificatifs sont empruntés aux propos du secrétaire général de l’Ugtt qui vient de siffler la fin de la partie aux côtés de Youssef Chahed en criant haut et fort la désolidarisation de la centrale ouvrière avec l’équipe gouvernementale, et particulièrement certains des ministres dont le bilan est «négatif», et la décision implicite de l’Union de desserrer la ceinture de sécurité qu’elle maintenait, seule et contre tous, autour du chef du gouvernement. Avant l’Ugtt, d’autres dirigeants politiques et activistes ont appelé également à un changement total, ou partiel, de l’équipe gouvernementale qui, en l’état actuel, serait, selon eux, incapable de gérer à bon escient l’étape à venir qui compte au moins trois échéances cruciales et très proches : les municipales prévues le 6 mai prochain et les élections présidentielle et législatives de 2019.
Le carton rouge de l’Ugtt, composante importante du Document de Carthage, suppose que le choix de la nouvelle équipe est déjà fixé ou du moins « profilé » et que cette opération ne devrait pas prendre des mois comme les fois précédentes. Sinon il faudra réellement craindre pour les municipales et peut-être même pour les échéances de 2019 puisque nous somme déjà en année préélectorale. Mais pas seulement. La guerre contre la corruption a remué des vagues qui – on peut aisément le croire — pourraient emporter le gouvernement Chahed. Il faut dès lors espérer que l’étape d’après ne sera pas transformée en corrida et les partis politiques convoitant les portefeuilles ministériels des toréros. Alors, attention à la marche !
La situation générale du pays est inquiétante à plus d’un titre, malgré des indicateurs de reprise économique sectorielle ou segmentaire. Ces timides indicateurs démontrent que le pire peut être évité si les bonnes décisions sont prises à temps. Mais aujourd’hui, à la veille de cette réunion cruciale, il y a de fortes craintes que la crise éminemment politique actuelle paralyse encore plus le pays. Les dirigeants des partis politiques et des organisations nationales savent tous parfaitement que pour la Tunisie, l’avenir est d’ores et déjà chargé d’incertitudes, endogènes et exogènes. Aurontils suffisamment de lucidité et de cran pour transcender leurs choix et leurs peurs dans l’intérêt de tous ?
le carton rouge de l’ugtt, composante importante du Document de Carthage, suppose que le choix de la nouvelle équipe est déjà fixé ou du moins « profilé » et que cette opération ne devrait pas prendre des mois comme les fois précédentes…