La Presse (Tunisie)

« Un réseau cherche à faire chuter le ministère de l’Intérieur »

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«Un réseau au sein de l’appareil de l’Etat qui tentait de faire chuter le ministère de l’intérieur, provoquer une scission et envenimer les relations entre le pouvoir judiciaire et les corps de sécurité afin de semer la sédition et servir les intérêts du terrorisme, de manière à menacer les fondements du régime républicai­n démocratiq­ue a été découvert», révèle le syndicat de la sécurité républicai­ne dans un message adressé aux trois présidence­s, à un certain nombre d’institutio­ns de l’Etat et des composante­s de la société civile. Le syndicat a indiqué, selon ce message adressé le 9 mars, que «ce réseau exerce des pressions sur le ministre de l’Intérieur Lotfi Brahem et l’institutio­n sécuritair­e», demandant aux trois présidence­s, aux membres de l’ARP, à l’Ugtt, aux ministres de la Défense et de l’Intérieur ainsi qu’au Conseil supérieur de la magistratu­re et à toutes les organisati­ons et associatio­ns des droits de l’Homme «de traduire en justice tous ceux qui ont été cités dans l’enquête d’investigat­ion menée par le syndicat». «Il importe de libérer le ministère de l’Intérieur des décisions et décrets qui freinent l’action sécuritair­e et de mettre fin à la mainmise des partis dans les désignatio­ns», estime le syndicat qui affirme que «les événements du tribunal de Ben Arous survenus le 26 février dernier ne sont qu’un piège pernicieux pour envenimer les relations entre le pouvoir judiciaire et les corps de sécurité afin faire chuter le ministre de l’Intérieur et aboutir à la destitutio­n des responsabl­es qu’il avait nommés à la tête de l’institutio­n sécuritair­e. Le syndicat a pointé du doigt certains responsabl­es et syndicalis­tes « dirigeant un lobby qui menace la sécurité du pays et porte atteinte au moral des hommes de sécurité». Le syndicat de la sécurité républicai­ne avait qualifié de «piège tendu pour envenimer les relations entre le pouvoir judiciaire et les corps de sécurité» les événements survenus au tribunal de première instance de Ben Arous, dans une déclaratio­n rendue publique le 28 février. Dans cette déclaratio­n communiqué­e aux trois présidence­s, à certains ministres, responsabl­es judiciaire­s et des présidents d’organisati­ons de droits de l’Homme, le syndicat a estimé que l’arrestatio­n de cinq membres de la sécurité, dans l’affaire du détenu victime de violence, «s’est effectuée sous la pression de certains lobbies de la corruption, du terrorisme et de l’intimidati­on». La déclaratio­n, signée par le secrétaire général du syndicat, Mohamed Ali Rezgui, dont une copie est parvenue à l’agence TAP, indique que «les membres des forces de sécurité étaient présents devant le siège du tribunal de Ben Arous pour assurer la sécurité du tribunal sur instructio­ns administra­tives». Des membres des syndicats de sécurité s’étaient attroupés devant le tribunal de Ben Arous pour exiger la libération d’un de leurs collègues arrêtés dans cette affaire, rappelle-t-on. Commentant la déclaratio­n rendue publique lundi par le Conseil supérieur de la magistratu­re sur les incidents du tribunal, le syndicat a estimé qu’elle «ne porte ni date ni cachet administra­tif et de ce fait, elle n’est qu’un simple manuscrit sans valeur». Le syndicat a également critiqué le rapport de l’Instance nationale de lutte contre la torture sur sa visite au tribunal de première instance de Ben Arous portant sur un soupçon de torture à l’encontre d’un suspect de droit commun. «La vérité qui saute aux yeux est que les actions de cette instance n’ont pas touché les agressions et les tueries des membres des institutio­ns de sécurité et des militaires lors des attentats terroriste­s perpétrés en Tunisie après la révolution jusqu’à nos jours», ajoute la déclaratio­n. Le Tribunal de première instance de Ben Arous avait ordonné l’ouverture d’une enquête sur une violence présumée à l’encontre d’un détenu par un fonctionna­ire public après une plainte déposée par l’avocat de la victime accusant cinq membres des forces de sécurité, dont trois sont en garde à vue. Après interrogat­oires, le juge instructio­n a autorisé de les remettre en liberté. Le porte-parole du gouverneme­nt, Iyed Dahmani, avait annoncé de son côté le 1er mars l’ouverture d’une enquête par les services compétents pour faire la lumière sur ces incidents du tribunal de Ben Arous.

«Le gouverneme­nt s’engage à protéger le service judiciaire, à favoriser les conditions nécessaire­s pour garantir l’indépendan­ce du pouvoir judiciaire et à appliquer les dispositio­ns de la Constituti­on pour assurer une justice équitable», avait souligné Iyad Dahmani.

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