«Expertes Tunisie», la plateforme est lancée
En France, le constat est le même qu’en Tunisie, les médias audiovisuels ainsi que la presse écrite font très souvent appel aux hommes plutôt qu’aux femmes.
Le prétexte sans cesse claironné par les médias selon lequel les femmes ne sont pas visibles ni joignables est désormais irrecevable. L’ambassade de France en Tunisie, l’Institut français, le groupe Egaé, le HuffPost Tunisie, Jamaity et l’Association des femmes démocrates ont lancé jeudi dernier le site internet «Les expertes Tunisie». Une plateforme qui recense 200 femmes chercheuses, cheffes d’entreprise, responsables d’associations, artistes de tous bords, journalistes, prêtes et disposées, si on les sollicite, à intervenir dans leurs domaines respectifs. Un nombre appelé à croître compte tenu de l’impact grandissant de l’opération. Le collectif avait été lancé en Tunisie, il y a quelques mois, en coopération notamment avec l’association «Egaé», initiatrice des « Expertes France». Concrètement, les femmes expertes sont invitées à s’inscrire, remplir des fiches, accessoirement poster leur photo sur le site. Toutes les personnes qui s’inscrivent ainsi que les données présentées seront vérifiées. Les médias, de leur côté, via un code, auront la possibilité d’accéder directement aux contacts des femmes inscrites sur la plateforme et les contacter en fonction des sujets traités et de l’actualité.
Les paroles féminines à l’honneur
Sohpie Renaud, directrice de l’IFT, explique l’origine de l’initiative qui a été d’abord portée en France par la très médiatique journaliste Caroline de Haas, présente d’ailleurs le jour du lancement et Pauline Chabert. Deux militantes de l’égalité femme-homme. En France, le constat est le même qu’en Tunisie, les médias audiovisuels ainsi que la presse écrite font très souvent appel aux hommes plutôt qu’aux femmes, «ce sont les paroles masculines qui sont présentées et insuffisamment de paroles féminines pour parler sur des sujets pointus. Or, dans tous les secteurs, il y a autant de femmes qui sont capables de prendre la parole qu’il y a d’hommes», estime la directrice de l’IFT. Cette initiative a fait changer les choses en France, fait valoir Mme Renaud, puisqu’il suffit de «plonger sur la plateforme pour faire appel à des femmes qui pourront intervenir sur des sujets divers» . Autre valeur ajoutée de la plateforme, l’opération d’«éditorialisation» qui consiste à faire remonter ponctuellement des noms de femmes capables d’intervenir en fonction de l’actualité de la semaine. Par ailleurs, la numérisation du site français a fait son effet, de 450 expertes inscrites sur le guide papier, elles sont passées à près de 3.000 femmes recensées.
Une experte en trois clics
A l’auditorium de l’IFT, face au public essentiellement composé de femmes, Caroline de Haas raconte la motivation première de son projet : «Les femmes parmi les diplômés de l’enseignement supérieur ont investi envers et contre tous la quasi-totalité des secteurs dans les pays du monde entier, malgré cela les médias ont du mal à trouver des expertes, nous allons les aider» , ironise-t-elle. Ce projet aura donc pour vocation de permettre aux journalistes en trois clics de trouver une experte. «Mais ce n’est pas seulement cela qui fera changer les choses, nuance-t-elle, il faut que les journalistes aient envie de l’utiliser, qu’ils soient obligés de le faire». Caroline de Haas fait appel à la société civile, aux différentes instances concernées et pourquoi pas au gouvernement de faire pression sur les médias pour qu’ils s’engagent vers plus d’implication des femmes. Entre les médias et les femmes expertes, partout dans le monde, semble-til, a fortiori en Tunisie, il y a comme un vide, un espace blanc à remplir, «Expertes Tunisie» se propose donc de prendre la place du maillon manquant pour faire le lien entre les deux. C’est un appel aux Tunisiennes qui ambitionnent d’investir la place publique de s’y inscrire vite.