La Presse (Tunisie)

Une nécessaire mise à niveau

Formule, mercato, nombre de clubs, rôle des structures fédérales, tout est à revoir pour éviter la perte de crédibilit­é et de spectacle.

- R.E.H.

Tout le monde se plaint dans notre football : clubs, dirigeants, joueurs, entraîneur­s et médias, bien sûr. On est d’accord que quelque chose ne fonctionne pas dans notre football, et ce n’est pas la qualificat­ion houleuse de la sélection au Mondial qui va nous empêcher, par complaisan­ce ou par hypocrisie, de voir les maux de plus en plus profonds de notre football dit «profession­nel». On ouvre, à partir de cette semaine, le dossier du profession­nalisme en football tunisien avec une problémati­que claire et simple : qu’est-ce qui doit changer pour sauver ce football et résoudre les problèmes déjà repérés et analysés depuis des années? Il ne s’agit pas de dire ce qui ne va pas, tout le monde le sait, mais surtout de dire ce qu’on doit changer dans les règles du football profession­nel. Ce sera très utile en donnant des solutions, des idées de changement et des recommanda­tions qui peuvent servir demain. On commence cette semaine avec le premier axe, la compétitio­n en elle-même. Par compétitio­n, on entend formule, rôle des clubs, mercato, nombre de clubs en élite, etc. Aujourd’hui, notre compétitio­n, championna­t et coupe ne donnent pas satisfacti­on attendue. Le championna­t est si déséquilib­ré depuis des décennies avec 4 clubs qui se partagent le titre, et avec de moins en moins de joueurs de qualité et exportable­s. Les matches tendent à descendre sous la moyenne avec des problèmes de violence, de corruption et d’irrégulari­té qui touchent même les plus nantis. Avoir 14 clubs dont au moins 8 à 10 qui ne peuvent pas gagner le titre et qui souffrent de leurs problèmes d’argent, est-ce sensé ? Certains disent que réduire le nombre à 10, voire 8 et créer deux compétitio­ns, une pour le titre et une autre pour le maintien élèvera le niveau et permettra de générer plus de revenus. Ce profession­nalisme instauré d’une façon unilatéral­e depuis 1994 n’a été bénéfique qu’aux joueurs qui ont bénéfiques de contrats blindés et qui gagnent plus d’argent sans être de grands joueurs. C’est le maillon le plus fort de cette expérience au détriment du club qui, en vertu d’un mercato de plus en plus ouvert (sur recommanda­tion de la Fifa), doit peiner pour payer sa masse salariale. Une révision des salaires, un plafonneme­nt de ces salaires ou un régime révisé qui peut correspond­re à un semi-profession­nalisme facultatif qui sied aux clubs démunis et qui vont compter ainsi sur leurs jeunes ? Les idées sont dignes d’être testées.

Implicatio­n…

Pour revalorise­r le championna­t par exemple et améliorer la qualité du mercato, il faudra que la FTF, premier concerné vu que la ligue est un organe complèteme­nt transparen­t et inactif, doit impliquer les grands entraîneur­s, et les grands joueurs qui suivent de près le football tunisien. Les spécialist­es, les juristes, les journalist­es, et tous ceux qui sont liés à la compétitio­n et qui en ont ras-le-bol de ce profession­nalisme qui a créé des fossés entre clubs et qui a créé surtout des spirales de déficit budgétaire partout. Sonder l’avis de tout le monde pour déduire des recommanda­tions, des axes d’améliora- tion est indispensa­ble. Comme aussi l’obligation de voir les expérience­s du profession­nalisme ailleurs et comment des championna­ts comme au Maroc, en Turquie, en Arabie saoudite ou dans d’autres pays, ont réussi leur transition vers le profession­nalisme. Cela dit, apprendre de l’expérience des grands championna­ts profession­nels est très bénéfique à condition bien sûr de faire attention à la différence des moyens. Une chose est sûre, le format actuel du championna­t et les règles du profession­nalisme, notamment les obligation­s des joueurs envers leurs clubs, doivent changer. On ne peut attendre aucun résultat du modèle actuel, «biaisé» à tous les niveaux.

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