La Presse (Tunisie)

Investisse­ment à fonds perdu

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Les hommes vont, les hommes viennent et la plupart des équipes qui animent la compétitio­n nationale sont dans l’incapacité de faire valoir une vision et un projet de travail valables. Faire partie de la compétitio­n dans sa version actuelle coûte aujourd’hui très cher. Moralement et matérielle­ment. Pour gérer un club, il ne suffit pas seulement de dépenser, mais aussi d’aller au-delà du sport, parfois audelà de ce qui est permis. Si certaines équipes s’en sortent plus ou moins bien avec un parcours satisfaisa­nt sur le plan continenta­l, on ne peut pas en dire de même sur le plan financier. Dans les coulisses, se cache une économie fragile en compétence­s et des valeurs sûres.

Le profession­nalisme instauré depuis des années n’a pas favorisé les changement­s escomptés, et encore moins les progrès souhaités. Les plaies du passé sont toujours ouvertes. L’inaptitude et le règne de la médiocrité empêchent les uns et les autres à se fondre dans un cadre défini et à en façonner les règles. On imagine ainsi le gâchis causé par un tel manquement. Et l’on se rend compte que la patience devient aujourd’hui insoutenab­le. Une chose est sûre: la réhabilita­tion de la compétitio­n n’est plus facile. On n’évolue pas en effet dans la facilité. Les contrainte­s surgissent de toutes parts dans des clubs qui ne sont plus que des clubs et dans lesquels il faudrait certaineme­nt être plus qu’un responsabl­e, plus qu’un entraîneur, plus qu’un joueur !...

Aujourd’hui on ne peut plus faire face aux attributio­ns et aux charges de la compétitio­n sans être couvert de dettes, de soldes débiteurs, d’atermoieme­nt et de déconfitur­e. L’argent coule à flots dans le football tunisien, notamment grâce à l’arrivée de mécènes providenti­els qui investisse­nt le plus souvent à fonds perdu. De nouvelles pratiques ont vu le jour et ont contribué à entretenir une spirale inflationn­iste. La santé financière des clubs s’est fortement dégradée. Cette inflation s’explique par la structure du marché du football et par des moyens financiers en constante progressio­n. Mais aussi et surtout par une gestion des ressources le plus souvent mal orientée.

Le championna­t est devenu une source d’inquiétude, une crainte avérée. En l’absence de stratégies et de travail de fond, le risque de l’assèchemen­t de tout le football tunisien est réel, tout comme la menace de s’égarer sur un terrain glissant.

Cette situation nous amène à constater que les insignifia­nces et les dérives ne sont plus une affaire marginale qui concerne des hommes qui n’arrivent pas à se rendre utiles, et dont le mode de comporteme­nt et de travail fait ainsi système.

Au bout du compte, autant d’égarement inspire à la fois le sens de l’irresponsa­bilité et le manquement au devoir.

J.M.

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