«Le professionnalisme devra avoir une structure adéquate»
... affirme l’ex-entraîneur de l’Etoile, qui estime que l’heure est venue pour un changement radical dans notre football mal en point.
«Il est bon de savoir qu'il n'y a pas de professionnalisme en football sans infrastructures modernes ou écoles de formation de qualité. Il est urgent de transformer les clubs tunisiens en sociétés afin d'avoir leurs budgets indépendants. Il est bon de savoir que notre professionnalisme actuel a été fait grâce à Raouf Najjar qui a estimé qu'avec ce système, notre football va s'améliorer. Mais en vain. A mon avis, il faut des hommes et des dirigeants spécialisés pour vulgariser notre sport et créer des opportunités qui repensent leurs intérêts. Certes, les débuts de ce professionnalisme ont été assez positifs. Mais il y a eu deux personnes qui ont profité de ce système pour régler leurs comptes et ils ont en abusé. Il s'agit de Slim Chiboub et Othmane Jenayah qui étaient assez prêts pour déraper afin d'avoir des résultats positifs en faveur de leurs équipes. Le résultat fut imminent : notre football a perdu son identité et notre professionnalisme est devenu sans repères. Mais pour jouer pleinement son rôle social et économique, notre football professionnel devra changer de statuts et de stratégie, et ce, pour avoir un football plus structuré et sain. Vouloir professionnaliser le football c'est bien, mais pour cela il faut une organisation rigoureuse. Les calendriers doivent ainsi être respectés pour optimiser les conditions de travail dans tous les domaines. A l'Etoile, nous avons réussi à avoir des jeunes doués qui ont grandi tels que Chikhaoui, Chermiti, Nafkha, Ben Amor, Jmel, Naguez, Boughattas, etc. Ils sont sortis de nos centres de formation. Dommage, maintenant, c'est le néant dans les grands clubs qui ont trouvé la solution la plus facile : recruter dans les petits clubs. L'exemple du COT est assez significatif. Ce club était le vivier de notre football. Si les clubs veulent devenir professionnels, ils doivent se prendre en main et les subventions publiques doivent diminuer». «La notion de professionnalisme renferme plusieurs conditions. Le football en Tunisie est loin de se plier à ses règles les plus élémentaires. Il y a insuffisance à tous les niveaux. Rien qu'à voir l'état des terrains dans lesquels évoluent les joueurs, on comprend aisément ce qu'est le professionnalisme dans notre pays et pourquoi notre football a du mal à décoller. En d'autres termes, l'infrastructure sportive est largement défaillante. Dans le même temps, on assiste à un championnat à deux vitesses. Les clubs les plus huppés (3 ou 4) se disputent le(s) titre(s) et le reste joue pour éviter le purgatoire parce que les sponsors et les sociétés privées, voire étatiques, n'inves- tissent que dans les clubs les plus puissants. C'est un peu la jungle ! Le professionnalisme c'est aussi une mentalité. Il s'agit de se comporter comme un responsable dans le bon sens du terme : le sérieux, la ponctualité, la discipline, le paiement des impôts, des salaires, etc. Enfin, il est largement temps de doter les arbitres d'une formation solide et de faire de ce corps un métier. Les soupçons seront ainsi chassés. Nous ne terminerons pas sans proposer de revoir l'opérationrecrutement effectuée avec les joueurs africains qui demeure une zone d'ombre…»