La Presse (Tunisie)

«Je regrette de ne pas avoir joué en Europe…»

«Ninja» nous parle des moments forts de sa carrière à EZS et en sélection, tout comme de ses premiers pas en tant qu’entraîneur à Ezzahra.

- R.E.H.

Lamjed Njah est un phénomène de basket qu’on ne peut oublier. Joueur technique, agile, pointeur et qui faisait le spectacle à lui seul dans son club de toujours EZS, Lamjed Njah nous parle de sa carrière riche en titres et en gloire. L’enfant d’EZS a eu une longévité remarquabl­e (de 1986 à 2011), soit une longue carrière grâce surtout à son hygiène de vie. Les débuts : «J’étais d’abord joueur de tennis, mais j’ai admiré le basket en regardant l’équipe de Ghazi Jeribi, Imed Jabri, Adel Sghaier. J’ai intégré EZS dès l’âge de 9 ans en étant quelqu’un de doué, très passionné. Je dois beaucoup à Abdelaziz Hamlaji, mon entraîneur qui m’a beaucoup encadré pour fuser vers les seniors. J’ai rallié la première équipe à la saison 86-87, en jouant avec de grands joueurs comme Kais Sghaier, et l’aventure a commencé et s’est prolongé jusqu’en 2011. Pendant cette riche carrière de joueur à Ezzahra, j’ai été entraîné par beaucoup d’entraîneur­s comme Adel Sghaier, Ghazi et Chokri Jribi, Mongi Cheour et Mohamed Zouali. J’ai vécu beaucoup de moments de gloire, des moments difficiles aussi quand les résultats ont régressé vers les années 2000. Mais je peux vous dire que ce sont des moments inoubliabl­es et une passion folle de basket. C’est ma vie, je respire le basket, et à EZS, j’ai vécu un parcours impression­nant dans l’un des plus grands clubs de l’histoire», nous a-t-il dit. «On jouait dur sur moi…»

Les moments forts ? Lamjed Njah prend un moment de

réflexion et puis dit : «Il y en a eu beaucoup. Par exemple la coupe en 87, lors de ma première saison ou celle de 91, le titre de champion en 1993. En tout et pour tout, j’ai gagné 5 titres de champion et autant de coupes avec la concurrenc­e de l’EOGK, l’EST, du SN bien sûr. Je me souviens aussi qu’au début, mes adversaire­s ne m’ont pas réservé un bon accueil. On jouait très dur sur moi, le public adverse venait parfois pour me harceler, mais à cette époque où j’ai commencé fort, et dans la rivalité qui régnait en basket entre les clubs à traditions, c’était inoubliabl­e. Après l’an 2000, le cycle d’EZS s’est terminé au haut niveau, et ce sont des clubs comme l’USM, le CA, la JSK qui ont pris la relève. Je ne peux pas oublier l’ambiance spéciale à Ezzahra qui respirait le basket, et son public qui suivait avec passion les matches de son équipe fanion. Je suis resté jusqu’à l’âge de 40 ans à jouer et ça, je le dois à ma passion illimitée pour le basket, et aussi à l’hygiène de vie stricte que j’ai eue. C’est vrai que par rapport aux années 80 et 90, j’ai mal au coeur quand je vois mon club perdre tout ce temps et ne plus gagner de titres, mais c’est la faute en partie aux moyens qui nous ont manqué et aussi aux mauvais choix faits» , a-t-il enchaîné. «Francis Jordane m’a marqué»

En sélection, Lamjed a eu aussi un bon passage malgré les temps durs du basket et le peu de moyens mis dans les années 90 et 2000. Il déclare : «En sélection, j’ai commencé en 1989. Je me suis entraîné avec des entraîneur­s de grand calibre, tels que Ridha Laâbidi, mon premier sélectionn­eur et monsieur basket, Senoussi, Manchio, M.Bouchenak, Igor, Zoran, Novovic qui m’ont beaucoup aidé dans ma carrière. J’ai eu aussi Adel Tlatli comme sélectionn­eur en 2001 pendant quelques mois lors du fameux championna­t d’Afrique 2001. Je parlerai également d’un entraîneur qui m’a marqué, Francis Jordane, qui n’a passé que quelques mois mais qui ont été d’un grand apport pour la sélection et pour nous joueurs de l’époque. C’est un grand entraîneur français qui nous a dit qu’on ne manquait de rien à cette époque sur le plan offensif, et que le problème était défensif. Il nous a beaucoup appris comme stratégies et gestes défensifs. Il nous a promis qu’au bout de trois ans de travail, on serait champion d’Afrique avec les mêmes joueurs» . Pour notre invité, «le basket a beaucoup changé maintenant avec un accent collectif alors que par le passé, les individual­ités et les intérieurs faisaient la différence pour les sélections africaines. Maintenant, nous avons progressé au niveau du jeu intérieur, et c’est grâce aux moyens mis et à la génération de joueurs qui a travaillé longuement, qu’on a pu atteindre le haut de la pyramide» , a-t-il rétorqué. Entre hier et aujourd’hui, Lamjed Njah fait la comparaiso­n :

«C’est ma troisième année en tant qu’entraîneur. C’est une nouvelle expérience qui me permet de vivre encore la passion du basket. Il faut dire que j’ai beaucoup appris de mes ex-entraîneur­s. A EZS, mon club, je suis mis en confiance et on est en train de gérer un projet de relance avec les moyens du bord et en comptant sur notre cru. C’est plus facile quand on est joueur, on prend la décision rapidement, et c’est l’entraîneur qui doit vite donner des consignes, choisir les bons joueurs. Il y a beaucoup de paramètres qui entrent dans le succès ou pas d’un entraîneur : les moyens, les joueurs, l’encadremen­t, l’entourage, son vécu. Ce n’est pas simple de réussir comme entraîneur. J’espère apprendre et aider EZS à redorer son blason» . Lamjed Njah est l’un des plus grands joueurs du basket tunisien, c’est une évidence. A son époque, il y avait la rivalité avec un autre joueur de classe, Mounir Garaali. C’était aussi le duel EZS-SN en quelque sorte. Lamjed se rappelle de cette rivalité sur le parquet : «On était en concurrenc­e sur le parquet avec des matches tendus, mais on était amis dans la vie et en sélection. Je n’avais pas de problèmes avec les autres joueurs, le basket était une grande famille» . Un regret?

Notre invité n’hésite pas : «Ce sera surtout de ne pas avoir tenté une expérience de profession­nel en Europe. J’avais une offre de Leverkusen dont l’émissaire a beaucoup apprécié mes qualités, mais j’ai dû renoncer pour des raisons personnell­es. J’aurais beaucoup progressé si j’avais accepté l’offre, mais bon, c’est du passé maintenant. Mon rêve est d’aider EZS à retrouver sa juste place parmi les grands du basket tunisien» , conclut-il. «Ninja» est encore dans le basket pour des années. Une éternelle histoire d’amour pour ce joueur emblématiq­ue.

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