Une rencontre décisive…
La réunion sera l’occasion “d’évaluer le travail du gouvernement”, mais il semble bien qu’elle sera houleuse et décisive pour l’avenir de Youssef Chahed à la tête du gouvernement… L’Ugtt n’est pas satisfaite du travail gouvernemental
La réunion sera l’occasion “d’évaluer le travail du gouvernement”, mais il semble bien qu’elle sera houleuse et décisive pour l’avenir de Youssef Chahed à la tête du gouvernement… L’Ugtt n’est pas satisfaite du travail gouvernemental
A peine 20 mois après sa signature en grande pompe avec la promesse, garantie par le chef de l’Etat, de grandes réformes, l’accord de Carthage est fragilisé. D’abord par la sortie de plusieurs partis à l’instar de Machrou Tounès et AlJomhouri qui estiment n’avoir eu que des strapontins à la table des prises de décisions. Ensuite par les déclarations à répétition de la centrale syndicale et de l’Utica, qui, chacun de son côté, malgré leurs divergences, s’accordent à dire que la situation économique et sociale reste inquiétante. Si le secrétaire général de l’Ugtt, Noureddine Tabboubi, a formellement démenti toute volonté de quitter l’accord, il n’en demeure pas moins vrai qu’aujourd’hui, l’Ugtt compte faire pression et peser dans la balance. Sa revendication est claire avant même le démarrage de la réunion : remanier le gouvernement. Dans son collimateur trois à quatre ministres dont l’Ugtt estime qu’ils ont échoué dans leur mission (notamment dans la négociation avec les syndicats). Dans son collimateur également des secrétaires d’Etat qui “empêchent le gouvernement d’être efficace”, selon une source proche de la centrale syndi- cale. Parmi eux, le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires sociales, chargé de l’Emigration et des Tunisiens à l’étranger, Adel Jarboui.
L’opposition inquiète
Hier, la centrale syndicale a d’ailleurs rendu public un communiqué de son comité directeur et dans lequel elle dresse un tableau très sombre de la situation. “Nous rappelons que nous avons proposé de mettre en place des réformes profondes liées au système fiscal, au système financier et bancaire, et nous renouvelons notre appel à prendre les mesures d’urgence pour sauver le dinar et mener un audit sur les dettes des banques publiques, de cerner les opérations financières qui se déroulent en dehors du cadre officiel et de lutter contre l’évasion fiscale... de lutter contre le blanchiment d’argent…”, peut- on ainsi lire dans le communiqué, laissant entendre que dans les domaines cités, l’Ugtt n’est pas satisfaite du travail gouvernemental. Officiellement, la réunion sera l’occasion “d’évaluer le travail du gouvernement”, mais il semble bien qu’elle sera houleuse et décisive pour l’avenir de Youssef Chahed à la tête du gouvernement. Dans sa dernière interview accordée à la télévision publique, le chef du gouvernement a d’ailleurs anticipé les critiques en affirmant avoir fait part à ses ministres de son mécontentement de certaines performances. Pour l’instant, rien ne filtre sur le contenu des échanges qui auront lieu au palais de Carthage. Contacté par La Presse, Mongi Harbaoui, député de Nida Tounès, n’a pas souhaité s’exprimer. De son côté, l’opposition s’inquiète de la place que prend la centrale syndicale dans le paysage politique tunisien. “C’est dangereux de voir qu’un syndicat demande un remaniement”, explique Ghazi Chaouachi, secrétaire général d’Al-Tayar et député. Il s’inquiète par ailleurs du fait que le destin de Youssef Chahed se décide à Carthage alors que le chef du gouvernement tire sa légitimité du Parlement. “Nous sommes dans un régime devenu présidentiel par la force des choses”, prévient Chaouachi. Partageant la position du parti Ennahdha, le député pense qu’à l’heure actuelle, un remaniement ne serait pas bénéfique à la Tunisie. “L’économie tunisienne souffre en partie de l’instabilité politique”, note- t- il.