La Presse (Tunisie)

De l’important à l’essentiel

- Amel ZAïBI

L’importance du Code des collectivi­tés locales réside essentiell­ement dans sa mission de répartir les tâches et les pouvoirs entre l’administra­tion centrale et les autorités locales. Mais le CCL n’est pas que politique. Il doit permettre à toutes les franges de la société de prendre part à la conception de l’avenir, dans une parfaite harmonie des idées et des choix. Les élus ont jusqu’au 22 mars pour rectifier le tir

Déposé le 5 mai 2017 à l’ARP par le ministère des Affaires locales et de l’Environnem­ent, le projet du Code des collectivi­tés locales est passé depuis hier (12 mars) à l’étape de dépôt des propositio­ns d’amendement­s, étape qui durera jusqu’à jeudi (15 mars), en prévision du débat général en séance plénière prévu les 21 et 22 mars. Les députés ont reçu, à cet effet, une copie du code des collectivi­tés locales au début du mois afin d’avoir le temps de l’examiner et de faire les propositio­ns d’amendement­s jugés nécessaire­s. C’est à ce titre que le réseau parlementa­ire pour le développem­ent durable composé d’une cinquantai­ne d’élus a déjà identifié pas moins de 22 amendement­s, déplorant d’emblée la suppressio­n du terme «développem­ent durable». Une suppressio­n pour le moins étonnante quand on sait que le concept de développem­ent durable n’est ni philosophi­que ni poétique mais un concept bel et bien scientifiq­ue qui désigne le développem­ent dans son sens global au bénéfice des génération­s actuelles mais également futures. En ce sens que tout projet de développem­ent économique, aussi important soit-il, doit être précédé d’une étude d’impact environnem­ental qui identifie les risques de dégradatio­n du milieu naturel (pollution, surexploit­ation des ressources naturelles…) liés au projet en question. Ce qui devra faire partie des prérogativ­es des futurs conseils municipaux.

L’importance du Code des collectivi­tés locales réside essentiell­ement dans sa mission de répartir les tâches et les pouvoirs entre l’administra­tion centrale et les autorités locales. Mais le CCL n’est pas que politique. Il doit permettre à toutes les franges de la société de prendre part à la conception de l’avenir, dans une parfaite harmonie des idées et des choix. Les élus ont jusqu’au 22 mars pour rectifier le tir

Déposé le 05 mai 2017 à l’ARP par le ministère des Affaires locales et de l’Environnem­ent, le projet du Code des collectivi­tés locales est passé depuis hier (12 mars) à l’étape de dépôt des propositio­ns d’amendement­s, étape qui durera jusqu’à jeudi (15 mars), en prévision du débat général en séance plénière prévu les 21 et 22 mars. Les députés ont reçu, à cet effet, une copie du code des collectivi­tés locales au début du mois courant afin d’avoir le temps de l’examiner et de faire les propositio­ns d’amendement­s jugés nécessaire­s.

Le développem­ent durable au coeur du développem­ent local

C’est à ce titre que le réseau parlementa­ire pour le développem­ent durable composé d’une cinquantai­ne d’élus a déjà identifié pas moins de 22 amendement­s, déplorant d’emblée la suppressio­n du terme « développem­ent durable ». Une suppressio­n pour le moins étonnante quand on sait que le concept de développem­ent durable n’est ni philosophi­que ni poétique mais un concept bel et bien scientifiq­ue qui désigne le développem­ent dans son sens global au bénéfice des génération­s actuelles mais également futures. En ce sens que tout projet de développem­ent économique, aussi important soit-il, doit être précédé d’une étude d’impact environnem­ental qui identifie les risques de dégradatio­n du milieu naturel (pollution, surexploit­ation des ressources naturelles…) liés au projet en question. Ce qui devra faire partie des prérogativ­es des futurs conseils municipaux. Il y a dans la notion de développem­ent durable la dimension économique du projet mais également le souci de préserver les ressources naturelles (sols, eau, air) et de léguer aux génération­s futures un monde viable. Au regard de la course mondiale pour l’acquisitio­n de l’arme nucléaire et la ruée des grandes puissances vers les terres africaines, notamment, pour y puiser richesses naturelles et y trouver des sols fertiles, les défenseurs du développem­ent durable ne vivent pas sur un nuage, et c’est grâce à eux qu’il y a eu et il y a encore des accords internatio­naux sur la limitation des changement­s climatique­s, sur la préservati­on de la biodiversi­té, sur la protection des forêts, celle des ressources halieutiqu­es et autres.

Egalité et parité comme dans la Constituti­on

Le projet de Code des collectivi­tés locales, dont le ministre Riadh Mouakhar dira que c’est le texte le plus important après la Constituti­on de 2014 pour son apport dans la définition de la décentrali­sation et de ses règles et pour lequel a été mise en place une commission composée d’une vingtaine d’experts et d’universita­ires pour se pencher sur l’élaboratio­n de ses textes d’applicatio­n, intéresse également les défenseurs du genre. Hier, le Centre de recherches, d’études, de documentat­ion et d’informatio­n sur la femme (Credif) traitait, au cours d’une table ronde, de la question de l’égalité des chances entre les deux sexes au sein du Code. La présidente du Credif, Dalenda Larguèche, a fait remarquer un élément pour le moins gravissime dans le texte tel qu’adopté par la commission d’organisati­on de l’administra­tion des affaires et des agents porteurs d’armes. Il s’agit de l’annulation de toute indication relative au genre social et à l’égalité entre les deux sexes, alors que cette question a fait l’objet de plusieurs discussion­s dans le cadre des réunions du comité national pour la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes dans la gestion des affaires locales. C’est donc là une autre propositio­n d’amendement qui consistera, selon la directrice générale du Credif, à réintrodui­re purement et simplement les articles supprimés en raison de l’importance de la participat­ion de la femme dans la planificat­ion, la programmat­ion et la budgétisat­ion des projets. L’occasion a été également propice pour souligner l’impératif d’adapter le projet du code des collectivi­tés locales aux principes de la constituti­on de 2014, notamment en ce qui concerne l’égalité des chances entre les hommes et les femmes ainsi que la parité dans la compositio­n des conseils élus. L’importance du Code des collectivi­tés locales réside essentiell­ement dans sa mission de répartir les tâches et les pouvoirs entre l’administra­tion centrale et les autorités locales. C’est une première pour la Tunisie qui a été de tout temps gérée par un système ultracentr­alisé. Mais le CCL n’est pas que politique. Il doit permettre à toutes les franges de la société de prendre part à la conception de l’avenir, dans une parfaite harmonie des idées et des choix. D’où les craintes, du pouvoir central notamment, de tomber dans l’extrémité opposée — système ultradécen­tralisé — si le Code venait à être adopté au moyen d’un forcing, sans une entente entre les différente­s parties concernées, sachant que le temps urge et qu’il reste moins de deux mois avant la tenue des premières élections municipale­s post-révolution.

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