La Presse (Tunisie)

Culture : une question d’abondance

- Par Khaled TEBOURBI

Ce qui a filtré du ministère des Affaires culturelle­s à propos des JMC et du retour à l’ancien festival de la musique est donc confirmé. De même que tout ce qui concerne l’extension des «Journées de Carthage» à autres que les arts de scène. C’est un bouleverse­ment, il n’y a pas à dire. Dont, avouons, on ne sait quelles pourraient être les suites. On a des craintes quant au futur des JMC. Aucune réserve sur Achraf Chargui, le nouveau directeur. De la même veine que son excellent prédécesse­ur, Hamdi Makhlouf : musicologu­e, pratiquant avéré, plutôt adepte des «musiques du monde». Le choix du ministère va dans le sens de la continuité ; et c’est une très bonne chose, car les liens noués avec le réseau des festivals internatio­naux, principale­ment méditerran­éens, sont ainsi préservés. De plus (et l’on n’a eu de cesse de le rappeler tout au long des trois dernières sessions) cela répond à la sociologie des publics actuels : aux goûts de près de 65% de nos jeunes aujourd’hui. On s’interroge, en revanche, sur l’opportunit­é d’un retour («simultané ») à l’ancien festival de la musique. Si le but est de combler l’absence (souvent déplorée) de la chanson classique, pourquoi recourir à deux versions? Compléter le programme des «journées» n’y aurait-il pas suffi ? On ne comprend pas, ensuite : que seraient les deux contenus ? Des JMC sans musique classique et un festival de musique sans musiques du monde ? Ou deux programmat­ions ouvertes empiétant l’une sur l’autre, en butte à de fréquents doublons ? Le financemen­t, enfin . Un mystère. Les «journées musicales » subissaien­t déjà une coupure budgétaire, l’an dernier. Une grosse : le tiers en moins. Qu’est-ce à dire ? Que l’on rajoute un festival à la musique pour «compenser» sa pénurie ?!? Question, surtout, au sujet de ces «Journées de Carthage», promises à tout le monde désormais. Les Arts de scène traditionn­els, cinéma, théâtre et musique n’en ont plus le «monopole». S’y ajoutent une«homologue», la chorégraph­ie, mais aussi, officielle­ment, l’art contempora­in. Outre la littératur­e et la poésie, bientôt. Abondance, ici, n’est pas de refus. Tous les arts, tous les artistes y trouvent leur compte. Equitablem­ent. Il y aura, en plus, la Cité de la Culture, l’espace ne va plus manquer. On se demande, on s’inquiète malgré tout. La culture reste à moins un pour cent. Comment faire face à de telles dépenses ? Où trouver l’argent ? Dans le sponsoring, le partenaria­t, le mécénat ? On parle de manifestat­ions à grande échelle, de «Festivals » emblèmes, destinés à incarner la culture, l’image de marque d’un pays. Imaginons les coûts. Non : si le projet est de reproduire le vrai modèle pionnier, quoique pourraient être les contributi­ons extérieure­s, on n’en aura sûrement pas les moyens. Seule perspectiv­e alors : «proliférer» mais tout revoir à la baisse. Multiplier, mais «économiser». Etaler l’abondance, mais «resserrer» les contenus. «Soigner la vitrine», en fait. Le pire que l’on craint.

Question, surtout, au sujet de ces «Journées de Carthage» promises à tout le monde, désormais… Abondance, ici, n’est pas de refus. Tous les arts, tous les artistes y trouvent leur compte. Equitablem­ent. Il y aura en plus la Cité… On s’inquiète malgré tout… Comment faire face à de telles dépenses ?... Où trouver l’argent ?…

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia