La Presse (Tunisie)

Le CA enchaîne dans la douleur

Le Club Africain ne lâche rien. Sur sa lancée, à la vitesse grand V, il a de nouveau enfilé le bleu de chauffe pour s’imposer face à l’Etoile dans son fief.

- Khaled KHOUINI

A Sousse, ce ne fut pas une démonstrat­ion de force pour les Clubistes. Loin de là. Les débats étaient plutôt équilibrés. Et chacun y est allé de sa domination territoria­le lors de ces temps forts. Sauf qu’au final, les visiteurs récoltent trois précieux points face à leur concurrent direct pour la place de dauphin. Un CA qui gagne et qui monte au classement. La série de succès clubiste a de quoi impression­ner, sachant que les «Rouge et Blanc» reviennent de loin, de très loin même. Entre victoires maîtrisées, carton plein, et succès sur le fil, au bout de l’effort, le détenteur de la Coupe de Tunisie poursuit sa quête des places d’accessit. Audelà des péripéties d’un classico engagé, c’est l’audace, la déterminat­ion et l’implicatio­n clubiste qui ont fini par payer. Quand le CA est dans un bon jour, avec cette attitude-là, il est injouable comme en ont fait l’expérience plusieurs équipes du ventre mou du classement. Sauf que là, c’était l’Etoile qu’il fallait mater. Une Etoile du Sahel brillante avec un jeu vif comme l’éclair. Face à un adversaire rodé au haut niveau, les Clubistes ont bien joué le coup, fermant tantôt les issues, muselant les cadres adverses, tout en se montrant intraitabl­es au niveau des duels et dans la négociatio­n de la seconde balle. En fin de compte, c’est la fraîcheur et l’aptitude à se montrer athlétique qui ont fait la différence. Mieux encore, le technicien clubiste a vite fait de bloquer les rushs de l’Etoile au niveau des deux couloirs. Ce qui a permis au CA de ne pas être bousculé et de soigner sa relance. L’on se rappelle qu’avec l’ancien staff technique, le 3-5-2 clubiste a quasiment explosé en plein vol à maintes reprises. Tant par ses errements que par la faute du tournis continu imposé par ses adversaire­s, le CA n’arrivait presque jamais à poser son jeu. Maintenant, tout a pratiqueme­nt changé. Du mouvement, un pressing parfois étouffant, de la justesse technique dans les transmissi­ons, des inspiratio­ns et du réalisme droit au but. Même quand il n’est pas dans une forme éblouissan­te, il y a de tout dans la prestation clubiste. Même quand il peine à poser sa patte sur le match, il tient bon, ne fléchit pas et garde toute sa cohésion, sa cohérence et sa concentrat­ion. A Sousse, face à l’un des ténors de la Ligue 1, le CA n’a pas tenu son match-référence à l’extérieur. Mais il su allier solidarité, percussion et retour au charbon. Oui, ce CA-là a de la marge et en a encore sous le pied. Il y a de quoi être transporté par ce retour fracassant des Clubistes sur la scène, après avoir flirté avec le magma du classement il y a juste quelques mois !

La bonne carburatio­n !

On dit souvent que les victoires en appellent d’autres. Et la série clubiste a de quoi donner des ailes aux gars de Bab Jedid. Des Clubistes insatiable­s et nullement rassasiés. Gageons qu’ils tenteront encore d’étirer leur carton plein à l’avenir. Et en attendant d’enchaîner, ils ne baissent pas leur garde, confirmant leur grande forme affichée depuis le changement de staff technique et l’avènement du trident Marchand-Kolsi-Tiouiri. Tantôt, le CA fait preuve d’une grande maîtrise et d’un grand réalisme, sans donner l’impression de forcer. De temps à autre, il expédie le match en prenant le taureau par les cornes d’entrée. Enfin, il lui arrive de puiser dans ses tripes pour toucher au but, au bout de l’effort. C’est ce CA-là qui monte en régime et en grade. Un onze qui a encore mis son empreinte même si ce fut poussif face à un gros calibre. Autre signe qui ne trompe pas, la capacité de cette équipe à ne pas se retrouver en panne de solutions. Là où certains adversaire­s disposent d’un effectif pléthoriqu­e, hyper-concurrent­iel, le CA arrive à tenir la baraque, même si son banc n’est pas encore garni à l’envi. Ce fut le cas face à des adversaire­s huppés et des opposants de moindre envergure. Volet individuel, si la cage est tantôt inviolée, c’est grâce à la vista et l’anticipati­on d’un certain Seif Tka, sauveur émérite à plusieurs reprises. Quant au milieu clubiste, hyperactif sur les trois dernières sorties en championna­t, il enchaîne entre ratissage, quadrillag­e, projection et retour au charbon. L’heure du bilan n’a pas encore sonné pour les Clubistes. Mais force est de constater que les pensionnai­res du club de Bab Jedid ont trouvé la bonne carburatio­n. Maintenant, même si la mécanique est lancée, il faudra cependant se méfier de toute suffisance ou auto-satisfacti­on. Oui, ce CA nous étonne encore. On ne sait pas encore si la machine tourne à plein régime mais ça semble bien parti. Les atermoieme­nts du début de saison sont en tout cas passés. Doté d’un réalisme redoutable, le CA grimpe dans les hautes sphères après avoir touché le fond il y a quelque temps. Des chaînons devenus indispensa­bles au niveau des trois lignes de jeu. Aucun souci d’intégratio­n ou d’ego à gérer, des jeunes audacieux et des tauliers toujours aussi précieux. Le CA engrange de la confiance. Mais attention toutefois au péché d’orgueil dans cette assurance tranquille !

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Photo Mokhtar HMIMA Ahmed Khelil, la cheville ouvrière du CA

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