Une Espérance proche de l’excellence
Le derby EST-ST s’est avéré un «monologue» où l’Espérance a fait cavalier seul en raison de l’absence d’un interlocuteur capable de lui donner la réplique. Ce fut de bon augure pour le prochain match EST-Gor Mahia.
La poursuite implacable que le Club Africain est déterminé à imposer au leader «sang et or» depuis le derby retour qu’il a remporté dans le dessein à ravir le titre du championnat à ce dernier sera, en toute logique, voué à l’échec. Même si mathématiquement rien n’est encore joué. Cette évidence est devenue très édifiante et se confirme d’un match à l’autre depuis que l’équipe première de Bab Souika a été confiée à Khaled Ben Yahia. Sa transformation très positive ne laisse plus de doute à personne. C’est qu’aux résultats positifs que l’Espérance n’a jamais cessé de récolter, désormais c’est la manière qui vient de recevoir la confirmation de la touche d’embellie que Khaled Ben Yahia lui a magistralement apportée. Et quand le leader joint à son avance de huit points une suprématie tous azimuts à chaque sortie, ses poursuivants immédiats verront leurs rêves de le rattraper se réduire comme peau de chagrin.
D’énormes nouveaux atouts
Le comble, c’est qu’à chaque match, on constate une nouvelle amélioration acquise par les coéquipiers de Khalil Chammam qui rassure davantage les supporters du doyen des clubs tunisiens. Avant-hier face au Stade Tunisien — qui avait rendu la vie difficile à l’EST lors du match aller (2-2) —, la métamorphose du leader était claire comme le jour. Durant quatre-vingt-dix minutes, l’équipe du Bardo a été soumise au supplice d’un étranglement sans relâche couronné de trois buts plantés dans les filets de son keeper, Aziz Sellami, qui ne savait plus sur quel pied danser tellement il était mis à rude épreuve par les infatigables joueurs de l’Espérance. C’était une sorte de répétition pour le prochain match retour à livrer ce week-end aux Kényans de Gor Mahia dans le cadre des seizièmes de finale de la Champions League. D’ailleurs, la faiblesse de la défense a constitué une visible similitude entre le Stade Tunisien et Gor Mahia, quoique cette dernière possède de meilleurs arguments offensifs que Ben Yahia saura contrecarrer sans problème. Cette dernière victoire éloquente de l’EST a montré que, désormais, la troupe de Ben Yahia a atteint son rythme de croisière et qu’elle est même au firmament de son art. Quelque temps auparavant, elle gagnait point barre. Laissant souvent ses fans sur leur faim, tellement la manière n’y était pas sous la houlette de Faouzi Benzarti et Mondher Kbaïer. Aujourd’hui, c’est à une Espérance disposant d’un arsenal redoutable que l’on a affaire. Il y a d’abord une nette amélioration constatée au niveau de la rapidité de progression avec la balle, ponctuée d’une fluidité entre les trois compartiments de jeu permettant de foutre la pagaille dans le camp de l’adversaire. Ce dernier se trouve forcément acculé dans ses derniers retranchements et contraint à commettre des fautes qui finissent par lui coûter très cher.
Kom et Badri, quelle classe !
Ainsi la touche de Ben Yahia, qui est en passe de nous remémorer le bon vieux temps de la grande EST d’Amarildo et de Piechniczek, fait l’unanimité. Mais en plus de cela, il y a l’explosion de plusieurs joueurs ces derniers temps à l’image de Moez Ben Chrifia, Franck Kom et Anis Badri. Une mention spéciale est à accorder à ces deux derniers qui matérialisent avec beaucoup de talent et d’efficacité la réussite de l’équipe. Le Camerounais Kom est devenu incontestablement l’une des clés de réussite du groupe «sang et or». C’est un vrai «trois-en-un». Il est partout à la fois : en défense, au milieu, en attaque. Il fait tout. Ce qu’on lui demande et ce qu’on ne lui demande pas. En effet, dans sa mission de pivot, il n’est logiquement pas tenu de marquer des buts. Lui, il le fait souvent et généreusement s’il vous plaît. N’a-t-il pas été l’auteur des deux premiers buts marqués avant-hier (31’ et 41’) ? A son tour, le lutin Anis Badri épate tout le monde car son art de se jouer aisément des défenseurs avant de marquer ses buts ou de servir des «caviars» à ses coéquipiers comme il l’a fait sur le troisième but avec Haythem Jouini qui n’avait plus qu’à pousser la balle dans les filets de Sellami (68’). Bien évidemment, il ne faut pas occulter l’apport de Khalil Chammam dans son nouveau poste de libéro qui semble lui aller comme un gant. Il y est devenu le stabilisateur de la ligne arrière qui, à une date récente, était considérée comme le point faible qui donnait du souci à tout le monde. Avant-hier, le Stade Tunisien de Nabil Kouki n’avait vraiment rien à opposer devant la vorace Espérance qui s’est même permise de rater d’autres buts tout faits (2’, 3’, 70’ et 74’). C’est d’ailleurs ce dernier chapitre que Ben Yahia doit peaufiner à l’avenir afin que l’équipe soit proche de l’excellence.