Nécessaire réajustement
DANS l’euphorie des premières semaines de la révolution de la liberté et de la dignité, on croyait avoir réalisé un saut démocratique sans précédent en autorisant les sécuritaires à fonder leurs propres syndicats. Rares étaient ceux qui ont attiré l’attention à l’époque sur les dangers subséquents: une institution sécuritaire où ont foisonné plusieurs organisations syndicales prétendant chacune représenter les agents de l’ordre avec leurs différentes spécialités et parler le langage de la vérité et de la transparence, alors «que le syndicat concurrent» ne faisait qu’obéir aux ordres occultes et servir les intérêts de certaines parties «dont les agendas n’ont aucun rapport avec les intérêts nationaux». Et ce discours de dominer la scène syndicale sécuritaire au point que l’on ne sait plus qui écouter, qui croire et en qui avoir confiance parmi «ces flics syndicalistes qui se sont transformés, par on ne sait quelle grâce, en experts, en analystes et en politologues qui savent tout et qui n’hésitent pas à épingler leur ministre de tutelle, voire le chef du gouvernement, au cas où ils n’accéderaient pas à leurs revendications exagérées comme par exemple demander leur aval pour qu’un juge d’instruction puisse interroger un policier qui aurait fauté».
Et la démonstration de force par certains syndicalistes sécuritaires qui a eu lieu au tribunal de Ben Arous ainsi que la révélation d’un complot visant à «faire tomber le ministère de l’Intérieur» de montrer malheureusement que l’expérience syndicale sécuritaire est porteuse d’incertitudes et de dérapages et qu’il est peut-être temps qu’on y mette de l’ordre.
Certaines voix pourraient s’élever pour dénoncer ceux qui veulent priver les sécuritaires d’un droit que la Constitution offre à tous les Tunisiens, celui de créer un syndicat qui défend leurs intérêts professionnels et oeuvre à améliorer constamment leur situation matérielle.
Sauf que quand ces syndicats dépassent les attributions qui leur sont accordées, piétinent les lois en vigueur et ne respectent pas les institutions de l’Etat, il est plus qu’urgent que le gouvernement prenne son courage à deux mains et leur impose de revoir leurs méthodes d’action.
… Quand ces syndicats dépassent les attributions qui leur sont accordées, piétinent les lois en vigueur et ne respectent pas les institutions de l’Etat, il est plus qu’urgent que le gouvernement prenne son courage à deux mains et leur impose de revoir leurs méthodes d’action.