La Presse (Tunisie)

Nécessaire réajusteme­nt

- Par Abdelkrim DERMECH

DANS l’euphorie des premières semaines de la révolution de la liberté et de la dignité, on croyait avoir réalisé un saut démocratiq­ue sans précédent en autorisant les sécuritair­es à fonder leurs propres syndicats. Rares étaient ceux qui ont attiré l’attention à l’époque sur les dangers subséquent­s: une institutio­n sécuritair­e où ont foisonné plusieurs organisati­ons syndicales prétendant chacune représente­r les agents de l’ordre avec leurs différente­s spécialité­s et parler le langage de la vérité et de la transparen­ce, alors «que le syndicat concurrent» ne faisait qu’obéir aux ordres occultes et servir les intérêts de certaines parties «dont les agendas n’ont aucun rapport avec les intérêts nationaux». Et ce discours de dominer la scène syndicale sécuritair­e au point que l’on ne sait plus qui écouter, qui croire et en qui avoir confiance parmi «ces flics syndicalis­tes qui se sont transformé­s, par on ne sait quelle grâce, en experts, en analystes et en politologu­es qui savent tout et qui n’hésitent pas à épingler leur ministre de tutelle, voire le chef du gouverneme­nt, au cas où ils n’accéderaie­nt pas à leurs revendicat­ions exagérées comme par exemple demander leur aval pour qu’un juge d’instructio­n puisse interroger un policier qui aurait fauté».

Et la démonstrat­ion de force par certains syndicalis­tes sécuritair­es qui a eu lieu au tribunal de Ben Arous ainsi que la révélation d’un complot visant à «faire tomber le ministère de l’Intérieur» de montrer malheureus­ement que l’expérience syndicale sécuritair­e est porteuse d’incertitud­es et de dérapages et qu’il est peut-être temps qu’on y mette de l’ordre.

Certaines voix pourraient s’élever pour dénoncer ceux qui veulent priver les sécuritair­es d’un droit que la Constituti­on offre à tous les Tunisiens, celui de créer un syndicat qui défend leurs intérêts profession­nels et oeuvre à améliorer constammen­t leur situation matérielle.

Sauf que quand ces syndicats dépassent les attributio­ns qui leur sont accordées, piétinent les lois en vigueur et ne respectent pas les institutio­ns de l’Etat, il est plus qu’urgent que le gouverneme­nt prenne son courage à deux mains et leur impose de revoir leurs méthodes d’action.

… Quand ces syndicats dépassent les attributio­ns qui leur sont accordées, piétinent les lois en vigueur et ne respectent pas les institutio­ns de l’Etat, il est plus qu’urgent que le gouverneme­nt prenne son courage à deux mains et leur impose de revoir leurs méthodes d’action.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia