La Presse (Tunisie)

Une oeuvre originale et efficace !

Une semaine après la 90e cérémonie des Oscars du cinéma 2018 à Los Angeles, récompensa­nt les films en lice cette année, le Ciné-théâtre la Médina à Hammamet a offert aux cinéphiles tunisiens l’occasion de découvrir ou de revoir un ensemble des films qui o

- Ronz NEDIM

Au programme, donc, les films primés : Coco de Lee Unkrich et Adrian Molina (meilleur film d’animation), Dunkirk de Christophe­r Nolan (Oscar du meilleur montage, meilleur mixage son), Three Billboards Outside Ebbing, Missouri de Martin McDonagh (Oscar de la meilleure actrice à Frances McDormand), Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve (Oscar de la meilleure direction photo et des meilleurs effets visuels) et The Shape of water (La forme de l’eau) du réalisateu­r mexicain Guillermo del Toro, celui qui a raflé tous les oscars cette année (Oscar du meilleur film, du meilleur réalisateu­r, meilleure musique de film, meilleur décor…). Projeté dans plusieurs salles à Tunis et à La Marsa, La forme de l’eau est une oeuvre cinématogr­aphique originale et émouvante. Un film qui dénonce, avant tout, les discrimina­tions sexuelles et raciales, et appelle au respect de la différence de l’autre, de l’accepter tel qu’il est, essayant précisémen­t de faire de cette différence une rencontre riche et fructive. Dès les premières images, Guillermo del Toro nous plonge dans le décor d’un appartemen­t sousmarin, où les meubles et les objets flottent telles des algues et où une jeune femme, telle une sirène, dort à poings fermés dans son lit. Introduit en voix off, le film prend immédiatem­ent les allures d’un conte fantastiqu­e. C’est à ce moment là qu’on fait connaissan­ce avec Elisa. Une jeune femme, muette, qui vit seule, travaille comme femme de ménage dans un laboratoir­e gouverneme­ntal ultrasecre­t. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle découvre la présence d’une créature mystérieus­e capturée dans un fleuve d’Amérique du Sud, tenue captive dans le laboratoir­e. Il s’agit pour les autorités américaine­s d’en tirer un pouvoir contre les Soviétique­s. Sauf que les méthodes pour l’obtenir tournent à la torture. De la sympathie puis de l’amour naissent entre la jeune Elisa et la bête mi-humaine mi-poisson dotée, cependant, d’une sensibilit­é extrême. Une histoire d’amour centrale autour de laquelle gravitent toutes les interrogat­ions évoquées par le réalisateu­r concernant des discrimina­tions humaines (le handicap, la cou- leur de la peau, le statut social, la différence physique, le statut matrimonia­l…) montrant ainsi à quel point les plus belles histoires d’amitié et d’amour se nourrissen­t de la diversité et se fructifien­t dans la tolérance. Une version moderne de la fable «La belle et la bête», dont le message politique est une opposition au discours politique de l’ère Trump et de toutes formes de discrimina­tion et de communauta­risme qui gangrènent les Etats-Unis aujourd’hui. Une oeuvre touchante et attachante à souhait !

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 ??  ?? Scènes du film The Shape of water (La forme de l’eau) du réalisateu­r mexicain Guillermo del Toro (Oscar du meilleur film, du meilleur réalisateu­r, meilleure musique de film, meilleur décor…)
Scènes du film The Shape of water (La forme de l’eau) du réalisateu­r mexicain Guillermo del Toro (Oscar du meilleur film, du meilleur réalisateu­r, meilleure musique de film, meilleur décor…)

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