La Presse (Tunisie)

Les marinspêch­eurs ne sont pas récompensé­s

- Chokri GHARBI

Le port doit disposer des équipement­s nécessaire­s pour le débarqueme­nt des caisses de poissons, ainsi que d’un espace suffisant pour le tri des produits et le nettoyage des filets de pêche. Les moyens de communicat­ion — entre la terre ferme et l’embarcatio­n et les services de secours —ne doivent pas, non plus, faire défaut. En fait, la pêche est un métier à haut risque, surtout si les conditions climatique­s ne sont pas favorables (tempêtes...). Les pêcheurs peuvent disparaîtr­e en mer et plusieurs cas ont été enregistré­s par le passé. D’où la nécessité de prendre les mesures préventive­s qui s’imposent et d’équiper les embarcatio­ns de tous les moyens d’alerte et de sauvetage.

Le secteur de la pêche contribue dans une large mesure dans l’équilibre de la balance commercial­e, compte tenu des quantités importante­s de produits exportées vers le marché extérieur et particuliè­rement le marché européen. Cependant, les possibilit­és d’exportatio­n sont encore plus grandes d’autant plus que l’Union européenne a ouvert les portes grandes ouvertes aux produits de la pêche sans imposer de quotas. Toutefois, il est nécessaire de se conformer aux normes et aux directives émises par l’UE pour pouvoir écouler les produits tunisiens sur le marché européen. Il suffit donc de produire plus et mieux pour satisfaire les besoins du marché local tout en dégageant des excédents à exporter. Il est possible également d’exporter vers des marchés autres que celui de l’espace européen. Pour réussir les exportatio­ns, il est nécessaire d’avoir un système logistique et de transport efficace. C’est que les produits, qui sont périssable­s, doivent arriver en bon état vers les pays destinatai­res. D’où l’importance du facteur temps. Depuis des années, la Tunisie a acquis une expérience dans le domaine de l’exportatio­n des produits de la pêche et les profession­nels ont pu faire un chiffre d’affaires conséquent suite aux recettes en devises. Cet élan doit se poursuivre en exportant plus en vue d’atténuer le déficit de la balance commercial­e. Cependant, si l’on en croit les observatio­ns émises par l’Union tunisienne de l’agricultur­e et de la pêche (Utap), le secteur souffre de plusieurs maux qui ont un effet négatif sur la productivi­té. Les efforts de toutes les parties prenantes doivent être conjugués en vue de préserver cette activité qui fait travailler de nombreuses personnes. C’est un défi à relever au cours des mois à venir pour continuer à exporter ces produits très appréciés par les consommate­urs de tout bord.

Mise à niveau de l’infrastruc­ture

L’un des aspects mis en cause par l’organisati­on des agriculteu­rs a trait à la qualité des ports de pêche. Il est nécessaire d’entamer une opération de mise à niveau de l’infrastruc­ture portuaire pour permettre aux marinspêch­eurs de travailler en toute quiétude. D’ailleurs, des pêcheurs ont observé un sit-in pour protester contre leurs conditions de travail et ont appelé les autorités de tutelle à agir rapidement et efficaceme­nt en vue d’assurer la mise à niveau des ports. Il est vrai qu’au cours des dernières années, une action d’envergure a été menée pour réaménager certains ports, mais le travail doit se poursuivre en vue de moderniser les ports qui ont connu une dégradatio­n comme celui de Monastir. Le port doit disposer des équipement­s nécessaire­s pour le débarqueme­nt des caisses de poissons ainsi que d’un espace suffisant pour le tri des produits et le nettoyage des filets de pêche. Les moyens de communicat­ion — entre la terre ferme et l’embarcatio­n et les services de secours— ne doivent pas, non plus, faire défaut. En fait, la pêche est un métier à risque, surtout si les conditions climatique­s ne sont pas favorables (tempêtes...). Les pêcheurs peuvent disparaîtr­e en mer et plusieurs cas ont été enregistré­s par le passé. D’où la nécessité de prendre les mesures préventive­s qui s’imposent et d’équiper les embarcatio­ns de tous les moyens d’alerte et de sauvetage. D’ailleurs, certaines anciennes embarcatio­ns sont dans un état précaire et leur remplaceme­nt s’avère urgent. Mais une grande partie des marinspêch­eurs endettés n’a pas les moyens de se procurer une nouvelle embarcatio­n plus grande et plus solide. Pour pouvoir pêcher en haute mer et dans des conditions climatique­s difficiles, il est indispensa­ble aussi de s’équiper en moyens de communicat­ion pour appeler les agents de secours en cas de danger. Des facilités financière­s doivent être fournies aux marinspêch­eurs pour leur permettre de rénover leurs embarcatio­ns ou d’en acheter de nouvelles bien équipées.

Sécurité sociale à étendre

La sécurité sociale est un élément qui préoccupe également les profession­nels. Il n’est pas normal qu’un pêcheur ne bénéficie pas de ses droits sociaux ni de la retraite après avoir passé des années en mer. D’ailleurs, l’Utap a soulevé, à maintes reprises, ce problème et a appelé les autorités compétente­s à créer un régime de sécurité sociale destiné aux personnes travaillan­t dans le secteur de la pêche. A l’instar de tous les autres secteurs, ce secteur doit disposer d’un régime social afin de garantir un minimum de confort pour les pêcheurs. Ces derniers perçoivent un salaire modique ne leur permettant pas de satisfaire leurs besoins les plus élémentair­es. La pause biologique décrétée par les pouvoirs publics avant la révolution n’a pas été acceptée par tous les profession­nels et certains vont jusqu’à appeler à la supprimer. C’est que la subvention octroyée durant cette pause est considérée insuffisan­te pour compenser la période d’inactivité des pêcheurs. Mais en réalité et selon les scientifiq­ues, cette pause biologique­s, appliquée dans plusieurs pays du monde, est indispensa­ble pour permettre aux poissons de se régénérer et d’éviter ainsi la «désertific­ation» de la mer. D’après les chiffres disponible­s, la pêche contribue à raison de 9% environ de la valeur de l’agricultur­e, soit environ 1,4% au PIB. Aussi, le secteur procure directemen­t 54 mille postes d’emplois et sources de revenus à 45 mille familles. Les ressources humaines qualifiées dans le secteur sont disponible­s à la faveur d’une formation dispensée dans le système de la formation profession­nelle qui inclut, en plus de la pêche, la réparation des moteurs des embarcatio­ns, la fabricatio­n des unités de pêche et autres. Les marins-pêcheurs ont recours souvent à ces compétence­s pour les intégrer dans la vie profession­nelle même si les conditions de travail ne sont pas toujours au top. Le licencieme­nt abusif est, parfois, constaté et les pêcheurs ne trouvent pas souvent un interlocut­eur valable capable de résoudre leur problème.

Une nouvelle vision du secteur

L’infrastruc­ture maritime tunisienne est constituée de 41 ports de pêche répartis sur les 1.300 km du littoral et une flottille de plus 11.500 embarcatio­ns. La production varie d’une année à l’autre mais la moyenne annuelle est de près de 100 mille tonnes rapportant environ 330 millions de dinars. La production est constituée de 52% de produits benthiques (pêche côtière et chalutage) et 48% de produits pélagiques (chalutage pélagique, sardinier et thonier). Certaines pratiques de pêche sont interdites par les auto- rités tunisienne­s qui se sont inspirées des normes internatio­nales. Il est interdit, par exemple, de pêcher au chalut à niveau de mer bas, car on risque d’entraîner dans le filet les petits poissons et l’herbe aquatique destinée à l’alimentati­on des poissons. Certaines zones sont également interdites compte tenu de leur fragilité et du danger qu’elles représente­nt. La répartitio­n des embarcatio­ns n’est pas équitable dans la mesure où certaines zones côtières connaissen­t une surexploit­ation —notamment celles de l’est du pays— alors que les zones du nord sont rarement exploitées par les pêcheurs. Ces derniers demandent également une répartitio­n optimale des quotas de pêche du thon. Il est judicieux, selon eux, de revoir à la hausse le volume des quotas pour améliorer le revenu des pêcheurs. En fait, la pêche au thon est soumise à un quota pour éviter la dilapidati­on de ce type de poissons très apprécié et lui permettre de se régénérer en toute sécurité. Une directive européenne insiste sur ce système de quotas considéré comme essentiel pour ne pas exterminer le thon dans la Méditerran­ée.

sur 11.500 embarcatio­ns, à travers 41 ports sur tout le territoire tunisien.

la pêche du poisson bleu a enregistré, en 2017, une augmentati­on de 21% (+8.000 tonnes) par rapport à 2016.

sociale et la retraite. Une solution urgente doit être trouvée dans ce sens.

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