La Presse (Tunisie)

Davantage de vigilance

Les agriculteu­rs sont les premiers à avoir estimé la gravité du phénomène du vol de bétail ou de produits agricoles. Depuis 2011, le phénomène s’est amplifié au point de passer du stade du fait divers à celui d’opérations organisées par des bandes et des

- Amor CHRAIET

Plus de 500 cas de vol de bétail ont été enregistré­s au cours de 2017. Les autorités ont pu démasquer les auteurs de ces vols et ont pu rendre les biens à près de 300 victimes de ces rapines. Les récoltes agricoles n’ont pas échappé au phénomène puisque les récoltes des olives ont été les plus visées par les voleurs. A cet effet, une douzaine de cas aurait été enregistré­e pour l’année dernière contre le triple une année auparavant.

Les craintes des agriculteu­rs

Les agriculteu­rs se sentent seuls face aux bandes de brigands qui sévissent dans les campagnes à la recherche de gain facile. D’où l’appel aux autorités d’intensifie­r les rondes et la surveillan­ce des zones sensibles. Mais, sans attendre, ce sont les intéressés eux-mêmes qui se sont pris en charge en assurant une certaine vigilance, notamment, pendant les campagnes agricoles. Une attention particuliè­re est portée aux régions les plus ciblées par les voleurs. Car, ces derniers s’attaquent, plus particuliè­rement, aux régions de Sidi Bouzid, du Cap Bon et du Nord-Ouest. Si on ajoute le nouveau phénomène de la contreband­e du bétail, il n’y a pas de quoi être fier. Les éleveurs vivent dans la crainte permanente d’être victimes de tels actes d’autant que les informatio­ns venues des voisinages ne sont pas rassurante­s. Face au nombre de cas de vols, les paysans pensent que les efforts pour leur apporter le soutien nécessaire ne sont pas suffisants. Le nombre de cas de vols non résolus reste assez élevé, ce qui nourrit, encore plus, ce sentiment d’angoisse devant l’impunité dont continuent de bénéficier les malfrats.

Nouvelle loi

Les pouvoirs publics ne sont pas restés les bras croisés. En effet, la loi n° 2018-7 du 6 février 2018, complétant le code pénal en vue de renforcer la protection des agriculteu­rs contre les vols, est-elle venue renforcer l’arsenal juridique et durcir les sanctions encourues par les contrevena­nts. C’est ainsi que cette nouvelle loi précise qu’il s’agit de vol quand cela touche aux machines et matériels agricoles, aussi multiples ou uniques qu’ils soient. Sont considérés comme machines et matériels agricoles, les tracteurs, les remorques, les charrues, les camions destinés au transport du produit, le matériel de récolte, les matériels et équipement­s d’irrigation et les moteurs et pompes à eau. Cela concerne, aussi, les produits agricoles (légumes, fruits et céréales avant ou après la récolte et le sparte dans son palmier). Pour ce qui est du bétail, cette nouvelle loi englobe les chevaux, les camélidés, les bovins, les ovins et les caprins. Afin d’établir l’infraction de vol, il peut être fait usage de tout procédé récent ou traditionn­el, servant à détecter la trace de la chose volée et de la localiser. Sur un autre plan, les contrôles qui ont commencé dans les marchés de bétail suite à l’aggravatio­n de la contreband­e avec les pays voisins, on s’attend à ce que l’étau se resserre davantage autour des voleurs et des contreband­iers et, du même coup, permette aux éleveurs de respirer et de profiter du fruit de leur labeur. L’idée d’une police agricole a été évoquée. Il existe, justement, des gardes forestiers pour protéger les richesses forestière­s. Une police montée d’appoint aux agriculteu­rs serait, elle aussi, la bienvenue. En tout cas, toutes les propositio­ns allant dans le bon sens peuvent être examinées. C’est aux différents intervenan­ts (agriculteu­rs et éleveurs en premier lieu, ainsi que les structures profession­nelles, à l’instar du Synagri, de l’Utap, et les autorités) de trancher en faveur de la formule qui conviendra­it le mieux.

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