Valorisation et urgences
Le sport n’est plus, il ne l’a jamais été d’ailleurs, une activité pour passer du temps et pour propulser sous les feux de la rampe d’illustres inconnus. Si les plus grandes nations du monde s’y investissent, c’est que c’est du sérieux et que cela mérite des moyens, des initiatives et, surtout, une décision politique pour en faire un vecteur de progrès.
A chaque fois que l’on annonce une assemblée générale, perce un brin d’espoir de voir telle ou telle discipline sportive traiter des questions fondamentales de nature à la faire évoluer. Nous jetons automatiquement un coup d’oeil sur l’ordre du jour. Et à chaque fois, nous sommes, pour le moins qu’on puisse dire, déçus, atterrés par l’insensibilité qui semble caractériser les gestionnaires de ces fédérations qui continuent à feindre, méconnaître ce qui représente l’essentiel en cette période critique que vit le sport national. • La mise en place du statut
propre à une association sportive professionnelle n’est-elle pas une urgence? Cela fait combien d’années que nous nous adonnons à des compétitions censées être professionnelles, mais dont les acteurs sont dans leur majorité des sources de problèmes et de troubles. Comme si les grèves, les dettes colossales et les problèmes incommensurables, qui se posent toutes les semaines, ne suffisaient pas pour inciter toutes les parties prenantes, à se hâter pour prendre à bras le corps cette question lancinante qui taraude le sport national, et qui risque des
développements que personne ne souhaite : l’instauration d’un professionnalisme adapté aux conditions sociales, économiques et financières du pays, pour nous épargner ces agissements burlesques que sont les menaces de démissions, de critiques acerbes contre les arbitres ou des fédérations pour couvrir une bonne partie de leur mauvaise gestion. • La mise à niveau de l’arbitrage,
dont les prouesses font les gorges chaudes de tous ceux qui donnent l’impression qu’ils sont là pour bloquer notre sport. Une mise à niveau d’un arbitrage, qui est en fait le vecteur de développement d’un sport, n’est-elle pas une urgence ? Un sport qui ne peut évoluer qu’avec un arbitrage qui suit et accompagne le rythme dont les progrès et les changements sont vertigineux, peut-il attendre la semaine des quatre jeudis pour sortir de l’ornière ? • Puisque le football vient d’orga
niser la sienne, nous aurions souhaité voir figurer à l’ordre du jour, l’utilisation de l’assistance vidéo qui sera sollicitée par toutes les compétitions internationales qui comptent. Cette question est-elle moins urgente que celles qui ont figuré au programme? Faudrait-il plus que ces regrettables incidents et ces scènes d’émeutes qui ternissent l’image de notre pays, pour nous inciter à aller au fond des choses et à reprendre en main cet arbitrage, que les sports col- lectifs traînent comme un boulet de forçat ? A moins… • La professionnalisation de cer-
taines activités au service des associations sportives, notamment juridiques et médicales, qui demeurent presque toutes l’apanage de personnes dévouées, mais à la présence occasionnelle, ne constitue-t-elle pas une urgence ? • Les temps où les secrétaires
généraux et les chargés des affaires juridiques ne venaient qu’en fin de journée, à la fin de leur travail, sont révolus. • Les changements qui devraient
intervenir pour que les instances fédérales deviennent plus souples et plus présentes et non pas constituées de personnes, dont le dévouement et la volonté de servir sont reconnus, mais qui ne peuvent plus répondre aux besoins d’un sport moderne en pleine expansion. • La formation des jeunes et les
garanties (organisation, encadrement, compétitions, budgétisation, future carrière, reconversion, etc.) que l’on doit assurer à ce secteur galvaudé et demeuré à la merci du bon vouloir des uns et des autres. La Tunisie peut devenir un véritable «fournisseur» d’éléments de valeur dans toutes les disciplines sportives. Les jeunes du handball, par exemple, sont courtisés par biens des pays qui cherchent à s’attacher leurs services, dès les sections jeunes, quitte à les naturaliser. Pays pas très étendu, bénéficiant d’excellents moyens de communication, d’une infrastructure valable et de très larges moyens techniques pour l’encadrement, le sport tunisien est en mesure de faire aussi bien que son homologue français, dont les jeunes sont partout dans le monde. Nous pourrions citer bien d’autres points, mais il semble que cela ne servirait à rien. Chacun fait ce qu’il veut, et en l’absence de plans d’action, de vue prospective, de poigne pour encadrer, diriger et inciter, exiger, le sport national continuera à subir, à gémir, sans rien dire. Le sport n’est plus, il ne l’a jamais été d’ailleurs, une activité pour passer du temps et pour propulser sous les feux de la rampe d’illustres inconnus. Si les plus grandes nations du monde s’y investissent, c’est que c’est du sérieux et que cela mérite des moyens, des initiatives et, surtout, une décision politique pour en faire un vecteur de progrès.