La Presse (Tunisie)

Appels croissants pour une riposte

14 morts, dont des Iraniens, dans la frappe contre une base militaire de l’armée syrienne, selon l’Osdh

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AFP — Une attaque chimique présumée sur une ville rebelle en Syrie, imputée au régime, a provoqué hier de nouveaux appels à une action internatio­nale, les Etats-Unis avertissan­t n’exclure aucune option à quelques heures d’une réunion à l’ONU. Dans ce contexte de fortes tensions, le spectre d’une riposte militaire a été ravivé après des tirs de missiles hier contre une base militaire du régime, appelée T-4, dans le centre de la Syrie, mais le pouvoir à Damas et son allié russe ont accusé Israël. «La première chose que nous avons à examiner, c’est pourquoi des armes chimiques sont encore utilisées, alors que la Russie s’était portée garante de la suppressio­n de toutes les armes chimiques», a indiqué le ministre américain de la Défense, Jim Mattis. «Je n’exclus rien à l’heure actuelle», a-t-il ajouté, en réponse à une question sur une possible opération contre le régime de Bachar al-Assad. La veille, Paris et Washington ont menacé ce régime d’une «réponse forte» après avoir confirmé «l’utilisatio­n d’armes chimiques» samedi dans la ville de Douma près de Damas, mais ils ont démenti être à l’origine des frappes contre la base T-4. Le président américain Donald Trump a averti le régime et ses alliés qu’ils pourraient «payer le prix fort», qualifiant M. Assad «d’animal». Mais Moscou a prévenu qu’il était «nécessaire d’élucider de manière très minutieuse ce qu’il s’est passé à Douma. Sans informatio­n, tirer des conclusion­s serait dangereux». «Nous entendons des annonces assez menaçantes et nous ne pouvons qu’espérer (...) que des pays tiers ne permettron­t pas que se produisent des actions qui pourraient déstabilis­er la situation en Syrie, qui est déjà assez fragile», a dit le Kremlin.

Réunion de l’ONU repoussée

En avril 2017, M. Trump avait fait bombarder une base militaire syrienne en riposte à une attaque au gaz sarin imputée au régime, qui avait tué plus de 80 civils à Khan Cheikhoun (nordouest). Selon les Casques Blancs et l’ONG médicale Syrian American Medical Society, plus de 40 personnes ont péri dans «l’attaque aux gaz toxiques» à Douma, dernière poche rebelle près de Damas que le régime cherche à reprendre, pour parachever sa reconquête de la Ghouta orientale. Le régime Assad et la Russie qui intervient militairem­ent à ses côtés ont démenti ces informatio­ns non vérifiées de source indépendan­tes. L’Observatoi­re syrien des droits de l’Homme (Osdh), qui s’appuie sur un vaste réseau de sources dans le pays, a indiqué ne pas être en mesure de confirmer une attaque chimique. Le chef de la diplomatie britanniqu­e, Boris Johnson, a réclamé une réponse internatio­nale forte», en souhaitant qu’une «gamme complète d’options soit mise sur la table» à la réunion du Conseil de sécurité repoussée à 19h00 GMT. La réunion, réclamée par neuf des quinze membres de l’instance, doit soutenir une «enquête indépendan­te» et exiger que «les auteurs de cet acte atroce» rendent des comptes, selon Washington. Le pouvoir d’Assad a toujours nié sa responsabi­lité dans les nombreuses attaques chimiques qui lui ont été attribuées durant la guerre dévastatri­ce et complexe qui ravage le pays depuis 2011. L’Organisati­on pour l’interdicti­on des armes chimiques (Oiac) a annoncé l’ouverture d’une enquête «pour établir si des armes chimiques ont été utilisées». Une vidéo postée par les Casques Blancs et présentée comme tournée après l’attaque présumée à Douma a montré un enchevêtre­ment de corps sans vie, dont ceux de femmes et d’enfants, allongés à même le sol, de la mousse blanche s’échappant de leur bouche.

Frappe «israélienn­e», Iraniens tués

Grâce à l’appui militaire crucial de Moscou, le pouvoir de M. Assad a réussi à reprendre plus de la moitié du territoire syrien, au prix d’une guerre dévastatri­ce qui a fait plus de 350.000 morts en sept ans. Fort de ce même soutien, le régime a finalement fait plier le dernier groupe rebelle présent à Douma, l’obligeant à commencer à évacuer la cité. Des semaines durant, en février et mars, l’enclave rebelle dans la Ghouta orientale a été la cible de bombardeme­nts intenses qui ont tué plus de 1.700 civils, selon l’Osdh. La crainte d’une riposte militaire a été accentuée avec le tir de missiles contre la base militaire T-4, connue sous le nom de Tiyas, dans la province de Homs, qui a coûté la vie à 14 combattant­s, dont trois officiers syriens et des Iraniens, selon l’Osdh. Cette base accueille des forces russes et iraniennes, a indiqué l’ONG. Téhéran a confirmé la mort de trois Iraniens dans cette attaque. Le régime syrien et Moscou ont accusé Israël qui a mené de nombreux raids contre des cibles en Syrie ces dernières années. L’armée israélienn­e s’est refusée à tout commentair­e. Israël et la Syrie sont officielle­ment en état de guerre. Les relations sont d’autant plus tendues que trois ennemis d’Israël opèrent sur le théâtre syrien: le régime lui-même, l’Iran et le Hezbollah libanais pro-iranien, deux autres alliés de M. Assad. En février, Israël a visé cette même base en affirmant qu’un drone avait été envoyé par l’Iran sur son territoire depuis cet aéroport présenté comme une «base iranienne».

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Une image prise sur une vidéo de la Défense civile syrienne montrant des volontaire­s aidant des enfants victimes d’une attaque chimique présumée à Douma, avant-hier.

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