Hela Ammar nous surprendra toujours !
«A fleur de peau», le nouveau solo show de l’artiste Hela Ammar, à la galerie Ghaya à Sidi Bou Saïd.
Hela Ammar se trouve toujours là où on l’attend le moins. Dans les prisons quand on la croyait en train d’enseigner, sur les toits de la Médina en train de filmer des candidats à la hargua quand on la supposait dans son laboratoire, devant l’objectif, dans les jebbas et farmla de son époux, amateur raffiné de vêtements traditionnels, peu enthousiaste de les voir ainsi détournés, partisane de toutes les aventures artistiques les plus extrêmes que ne laissent pas supposer son physique délicat et gracieux. Cette fois-ci, c’est tout de même dans un environnement qui lui sied qu’elle expose ses derniers travaux : un ensemble qui n’est pas un ensemble en fait, mais qui relève, à y voir de plus près, d’une certaine cohérence. C’est à la galerie Ghaya, superbes cimaises, que les maîtresses des lieux, Aycha Ben Khalifa et Amira Trabelsi s’amusent à remodeler à chaque exposition, que nous la retrouvions. Dans cet espace élégant, Hela Ammar présente en un premier temps, ses roses de l’Histoire : une jonchée de fleurs de papier, un papier jauni, vieilli, qui s’avère, à l’examen, être les vestiges de journaux officiels des années post-indépendance. Des années qui, comme celles que nous vivons actuellement, étaient des années de promesses, d’espoirs de dignité et de liberté. Autre partie de l’exposition, une série de photos pour lesquelles ont accepté de poser anonymement des activistes de la société civile. Des militants des droits des minorités, des gays, de l’antiracisme, ont posé devant son objectif la tête voilée d’une «hindia», ce foulard traditionnel et coloré que l’on trouve dans nos souks et dans nos campagnes. Le résultat, encadré de moulures anciennes, de dorures patinées, est tout à fait étonnant. La série, nous dit-on, sera complétée par la suite. Elle est absolument superbe