Silence, on prépare le bac…
Les parents, sur le qui-vive pendant cette période ne lésinent pas sur les moyens.
Un mois nous sépare de la date du 6 juin avec l’examen national du Baccalauréat, le plus important pour les élèves, mais aussi pour les familles, qui le considèrent comme le relais qui dessine les contours de l’avenir de leurs progénitures. Mobilisation totale dans le cocon familial où chacun se prépare à sa manière. Silence, on prépare le bac, ou plus exactement, silence, il y a un candidat dans la maison… Du coup, on devient nerveux, voire soucieux, même si le calme règne dans la maison. On se plie devant ses exigences à la recherche des conditions idoines pour qu’il prépare son examen comme il se doit. On doit lui réserver de meilleures conditions, et les parents se font des soucis et deviennent de plus en plus inquiets. Taux de réussite faible par rapport à la moyenne nationale A l’instar de toutes les familles tunisiennes concernées, celles de Gafsa voient leurs soucis amplifiés. Et pour cause, la « géographie » de la réussite au bac ne leur est guère favorable, et le classement du gouvernorat lors des dernières années, sujet à polémique, renseigne sur cette peur qui domine les esprits. Alors, le bac, un examen républicain et méritoire pour tous? Pas si sûr que ça… Néjib, professeur de maths, s’exprime: «On nous fait assumer ce rang qui hante les esprits à pareille période de l’année, mais je ne trouve aucune explication à cela et ce n’est pas pour innocenter mes collègues que je reste persuadé que c’est un rang basé sur le taux de réussite et non sur nos compétences. D’autres facteurs entrent en jeu pour situer le gouvernorat sur cette échelle, comme l’assiduité du candidat à longueur de l’année, sa pertinence de choisir les sujets à préparer avec le risque qu’on connaît ». L’avis de Hanène, candidate, ne diffère pas de son enseignant : « Certes, le taux de réussite (incriminé) hante les esprits, mais n’est nullement tributaire des enseignants. Des paramètres entrent en jeu, comme l’abnégation de l’élève, l’engouement pour réussir et surtout le comment de la préparation qui constitue, à mon humble avis, un facteur déterminant et ce risque incalculé de faire tomber un thème est lourd de conséquences ». Son de cloche différent du côté de certains parents qui font porter le chapeau au cadre enseignant, comme nous l’a avancé Med Ali qui brûle d’impatience de voir son fils aîné franchir le cap. « Les heures d’appui à longueur d’année payées à des prix exorbitants avec les élèves qui n’y adhèrent pas et qui sont persécutés, l’absentéisme des profs et le coup de frein subi à cause des revendications des enseignants… Autant de causes qui expliquent cette position de lanterne rouge dans le classement national. Il ne faut pas omettre que nous avions frôlé le spectre d’une année blanche avec nos enfants pris en otage».
Les bourses mobilisées
La nouvelle tendance de ces dernières années est de se faire chic pour les épreuves du bac sport avec une tenue flambant neuve qu’on achète dans la boutique du coin et de surcroît « signée », en plus des frais de participation à la « kharja ». Bonjour les dépenses, et c’est parti pour les sollicitations d’une bourse déjà amoindrie. C’est qu’on réserve les heures de révision avec des profs fortement sollicités. Mais, tiens, au passage, est-il nécessaire de chercher les profs les plus cotés des matières de base pour décrocher quelques heures à des prix concurrentiels? Là-dessus, les avis sont mitigés parmi les candidats et leurs parents. Même si le mutisme fut total du côté des enseignants qu’on a abordés, certains parents se disent emportés par cette nouvelle mode. C’est le cas de Stoura qui ne lésine pas sur les moyens « pour faire bénéficier sa fille d‘atouts nécessaires afin d’entamer l’épreuve avec un bagage consistant. Elle vise une grande école en France, donc une forte moyenne est le visa obligé pour y accéder. «Certes, je reste persuadé que cette nouvelle tendance est, en quelque sorte, discriminatoire, puisque le budget alloué n’est pas à la portée de toutes les bourses. Bref, de nos jours, tout a un prix à payer». Pour les démunis, dépour- vus de ressources financières qui permettent ce luxe, on essaie d’en minimiser l’importance et la nécessité, comme le confirme Marouène, issu d’une famille moyenne. « L’assiduité au cours de l’année, (l’up to date) et l’attention accordée aux cours en classe avec une révision au fur et à mesure permettent d’être fin prêt le jour J. Et puis, il y a cette capacité d’assimilation qui fait la différence. Donc, ces cours de révision payés avec la prunelle des yeux font partie de la gamme des luxes que certains élèves se font plaisir à exhiber. Seul ou en groupe. Chez soi ou au café ou bien à la bibliothèque… pour la plupart des candidats qu’on a sollicités, ils préfèrent la tranquillité du domicile familial conjuguée aux bons plats préparés avec soin par la maman, et la combinaison du « duo » fonctionne. Opter pour la bibliothèque est loin de séduire les candidats, avec les adeptes de différents niveaux, qui fréquentent ce lieu. Un café culturel a eu l’ingéniosité de mettre une pancarte « réservé aux candidats du bac » avec les rideaux baissés et une musique douce qui vient briser le silence des lieux. Et ça marche, le coin ne désemplit pas. Alors, bonne chance à tous, les candidats au titre de bachelier affûtent leurs armes, chacun à sa manière, mais avec le même leitmotiv : décrocher le fameux sésame…
A l’instar de toutes les familles tunisiennes concernées, celles de Gafsa voient leurs soucis amplifiés. Et pour cause, la «géographie» de la réussite au bac ne leur est guère favorable et le classement du gouvernorat lors des dernières années, sujet à polémique, justifie cette peur qui domine les esprit.