La Presse (Tunisie)

Les étals anarchique­s, un phénomène incontrôla­ble ?

Dans les rues et ruelles et même artères de la capitale, l’activité des contrevena­nts, profitant parfois d’un manque de contrôle, prospère surtout en ce mois saint. Reportage.

- K. J. crédit photo : Samir KOCHBATI

Il suffit de se rendre du côté de Bab el Jazira, la rue Charles-deGaulle, la rue d’Espagne, aux alentours du Marché central ou encore au Passage, près de la station de la République... pour observer une véritable fourmilièr­e de vendeurs ambulants hors-la-loi. A 13h00, l’activité est à son apogée, chacun vante sa marchandis­e, provoquant un vacarme assourdiss­ant. Sousvêteme­nts, produits en plastique variés, jouets, parfums et produits cosmétique­s de contrefaço­n, bonbon et chocolat... tout est bon à vendre ou à acheter, car, en effet, des citoyens, tombés sous le charme des prix très bas, sont nombreux à s’offrir ces produits dont l’origine est inconnue. Au croisement entre la rue Charles- de- Gaulle et celle d’Allemagne, ces étals anarchique­s occupant carrément les trottoirs, mais aussi une par- tie de la chaussée, rendent la circulatio­n des véhicules quasi impossible, les automobili­stes n’ont qu’à changer d’itinéraire. «C’est une véritable anarchie, cette situation est inacceptab­le, c’est devenu l’Inde et non pas la Tunisie», hurle un conducteur, obligé de rebrousser chemin face à une circulatio­n bloquée.

Jouer au chat et à la souris

En dépit du désagrémen­t que cause leur présence dans ces rues et artères de la capitale, ces vendeurs semblent être déterminés à continuer cette activité dans la clandestin­ité ; et pour cause, il s’agit de leur seul gagne-pain, comme le confirment certains d’entre eux. «Nous ne pouvons pas faire autrement, les autorités nous ont proposé des espaces isolés, loin de toute activité, nous continuero­ns de travailler ainsi, nous n’avons pas d’autres choix, c’est notre seul gagnepain, j’ai un enfant à nourrir» , témoigne Sofiène, un vendeur anarchique, exerçant cette activité depuis huit ans. Selon son témoignage, les autorités multiplien­t «leurs campagnes musclées» quotidienn­ement, se lançant dans un jeu du chat et de la souris. En effet, ces vendeurs ont développé diverses stratégies pour échapper à ces campagnes de contrôle menées régulièrem­ent par les unités de la police municipale, ce qui rend la maîtrise de ce phénomène très compliquée et son contrôle presque impossible. Jouer au chat et à la souris, développer des réseaux d’informateu­rs, ou cacher leurs marchandis­es dans des commerces, ces contrevena­nts envisagent tout pour assurer leur activité. Au moment de la fin d’une campagne de contrôle, les vendeurs ambu- lants reprennent leurs places comme si de rien n’était, mais toujours sur leurs gardes, une autre campagne pourrait avoir lieu à tout moment. Pourtant, le gouvernora­t de Tunis avait mis en place, en 2017, cinq espaces consacrés à l’activité d’environ mille marchands ambulants dans les rues de Malte, Zarkoun, El Khirba, Mongi-Slim, Sidi Béchir et à Bab El Khadhra. Mais certains de ces espaces, jugés très loin de l’activité des citoyens, ont été boudés par ces vendeurs, qui optent toujours pour la clandestin­ité dans les artères de la capitale en vue d’accroître leurs marges de bénéfices. Le gouverneur Chedly Bouallègue, assure que «ce combat contre les contrevena­nts continuera».

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