La Presse (Tunisie)

Grande tension à l’ARP

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La séance d’audition du ministre de la Justice organisée hier par la Commission de la législatio­n générale au Parlement s’est déroulée dans un climat de grande tension en raison de désaccords sur le projet de loi amendant et complétant la loi sur la Cour constituti­onnelle. Les députés ont convenu, suite à une propositio­n émise par le président de la commission, Taïeb Madani, de profiter de la présence du ministre de la Justice pour examiner ce projet non prévu dans la séance d’hier consacrée à l’amendement de la loi antiterror­iste. Seul le député Ahmed Seddik (Front populaire) s’est opposé au changement de l’ordre du jour de la séance d’audition, précisant que le bureau de l’Assemblée n’a pas encore répondu, favorablem­ent, à la demande du gouverneme­nt (partie initiatric­e) d’accélérer l’examen de ce projet de loi. Seddik a accusé les députés de la coalition au pouvoir (Ennahdha et Nida Tounès) de renier les accords conclus entre les groupes parlementa­ires concer- nant les membres de la Cour constituti­onnelle. Selon lui, le projet de loi constitue «un scandale procédural», soulignant que le Front oeuvre en vue de le faire tomber par tous les moyens. La députée hors groupe Hajer Ben Cheikh Ahmed s’est interrogée sur le sort de la membre élue à une majorité renforcée de 145 voix, en cas d’adoption de l’amendement et le recours à la majorité absolue (50+1), soit 109 voix. Cette mesure constitue, selon la parlementa­ire, une atteinte au principe d’égalité des chances entre les candidats. Samia Abbou (Groupe démocrate) estime que Nida Tounès et Ennahdha sont à l’origine du blocage de l’élection des membres de la Cour constituti­onnelle, en raison de leur absence intentionn­elle des séances consacrées au vote. En réponse aux députés, le ministre de la Justice, Ghazi Jribi, a relevé que la loi sur la Cour constituti­onnelle comporte une grande contradict­ion dans la mesure où, d’une part, elle énonce le principe d’indépendan­ce et de neutralité politique de ses membres, et permet, d’autre part, aux groupes parlementa­ires de présenter des candidatur­es. Il a ajouté que la condition des deux tiers pour l’élection des membres a conduit le processus d’installati­on de la Cour constituti­onnelle à l’impasse, rappelant que le Parlement n’est pas parvenu durant trois sessions électorale­s successive­s à trancher la question et que jusqu’à ce jour un seul membre a été élu. Le ministre a expliqué que pour prévenir de nouveaux obstacles, il a été décidé de ramener la majorité à 50+1. Il a souligné l’ouverture à toutes les propositio­ns à condition d’accélérer la mise en place de la Cour constituti­onnelle. Le 21 mars dernier, les députés ne sont pas parvenus, pour la troisième fois consécutiv­e, à élire les membres de la Cour constituti­onnelle. Seule la candidate Raoudha Ouercini a été élue à une majorité de 150 voix.

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