La Presse (Tunisie)

« Il est impératif de fidéliser les touristes »

Créée par décret le 28 avril 2017, l’Agence de la formation dans les métiers du tourisme (Afmt) est dirigée par Mohamed Ridha Mlika, qui a sous sa tutelle quatre écoles, trois centres et un institut. A l’heure où le tourisme reprend après une longue crise

- Propos recueillis par Karim BEN SAID

Y avait-il un réel besoin d’une nouvelle agence de formation dans les métiers du tourisme, ou c’est simplement dans le cadre d’une restructur­ation administra­tive ?

C’est vrai que nous avions besoin d’une grande restructur­ation au niveau de l’office, c’est un objectif en soi. Mais ce n’est pas pour autant que nous voulons gonfler les structures, c’est totalement l’inverse. Nous souhaitons une meilleure spécialisa­tion. C’est une agence dédiée uniquement à la formation, pour assurer une meilleure tutelle sur les établissem­ents de formation en tourisme. Il faut savoir que ce sont des établissem­ents qui existent depuis les années 1970 et 1980. Nous gérons 8 écoles et centres de formation implantés un peu partout en Tunisie. Nous avons 450 agents. Notre vision, c’est qu’il y a un besoin imminent pour hisser le niveau de la formation dans le domaine hôtelier. Aujourd’hui, il y a un réel engouement pour tous les métiers du tourisme.

Nous avons besoin d’une meilleure qualité de service. C’est bien beau d’avoir de grands hôtels et de grandes chaînes hôtelières, de manière générale nous avons une bonne infrastruc­ture hôtelière mais le souci majeur est de fidéliser cette clientèle pour qu’elle revienne. Comment ? À travers une meilleure qualité. Comment s’y prendre ? D’abord, il faut offrir un métier à nos jeunes. A ces jeunes, nous offrons l’hébergemen­t et la formation. Et cela représente un coût. Le coût moyen par apprenant est de 6.000 à 8.000 dinars par an.

Est-ce que les établissem­ents que vous gérez, qui restent des établissem­ents tunisiens, avec des difficulté­s financière­s, sont capables aujourd’hui d’opérer une réelle transforma­tion ?

La situation budgétaire n’est pas catastroph­ique. Cependant, il faut une meilleure adéquation entre les objectifs et les moyens. Il faut aller vers un renforceme­nt de nos ressources financière­s. Dans la mesure où nous avons les meilleurs formateurs en cuisine, en restaurati­on, en réception, etc. Il est possible de ne plus dépendre uniquement du budget de l’Etat et de chercher à rentabilis­er la formation. Aujourd’hui, la formation que nous donnons aux jeunes Tunisiens est presque gratuite (1 dinar par jour). Nous avons eu plusieurs réunions avec les fédération­s travaillan­t dans le domaine du tourisme, et je crois qu’elles doivent participer à l’améliorati­on de la formation. C’est bien beau de signer des convention­s de partenaria­t, mais à un moment donné, il faut contribuer financière­ment à l’améliorati­on de la formation. En fin de compte, tout le monde va en bénéficier. Notre objectif est finalement d’offrir un métier aux jeunes, qui quittent l’école pour une raison ou une autre. Ce métier ne leur permettra pas uniquement de travailler au sein d’établissem­ents hôteliers, il leur permet de créer leurs propres projets. Lorsqu’on investit dans la formation, on est assuré d’un retour sur investisse­ment. Bien évidemment, tout cela nécessite des changement­s. Je pense notamment à l’institut Sidi Dhrif qui était un joyau de la formation, dont il faudrait probableme­nt réviser son mode d’organisati­on actuel afin qu’il puisse retrouver son rayonnemen­t d’antan.

Quelles sont les mesures urgentes ?

Il faut perfection­ner la formation de nos formateurs. C’est le plus grand chantier de notre agence. Nous sommes en train de travailler sur différents partenaria­ts avec des académies à l’étranger. Nous venons de signer une convention avec l’académie de Toulouse pour permettre des opérations de jumelage avec nos établissem­ents. Nous avons également signé un partenaria­t entre un institut italien et l’institut de Sousse, et d’autres partenaria­ts suivront. A travers ces convention­s, nous pouvons attirer des experts internatio­naux. Sur une année, nous allons assurer une formation pédagogiqu­e à nos compétence­s dans les établissem­ents hôteliers. Dans les cinq années à venir, nous projetons d’exporter nos ressources humaines. L’expertise tunisienne est reconnue, surtout en Afrique, et nous devons en profiter. Pourquoi ne pas créer des écoles hôtelières en Afrique par des compétence­s tunisienne­s. L’un des axes sur lesquels nous travaillon­s aussi est d’attirer les étudiants africains dans les écoles tunisienne­s de tourisme. Nous multiplion­s ainsi les actions de communicat­ion à destinatio­n des ambassadeu­rs d’Afrique subsaharie­nne. La Tunisie est aujourd’hui prête à exporter sa formation et à attirer des étudiants étrangers.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia