La Presse (Tunisie)

Derniers réglages entre le M5S et la Ligue

Les deux partis ont annoncé mercredi être parvenus à un accord en 22 points. Six points restent encore en balance, selon des responsabl­es des deux partis

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AFP — Les populistes italiens sont entrés hier dans la dernière ligne droite avant la possible formation du premier gouverneme­nt antisystèm­e dans un pays fondateur de l’Union européenne. Les chefs de file du Mouvement 5 étoiles ( M5S, antisystèm­e) et la Ligue (extrême droite), Luigi Di Maio et Matteo Salvini, étaient à nouveau réunis hier matin pour tenter de s’accorder sur les derniers arbitrages de leur programme commun et sur le profil et le nom du futur chef de gouverneme­nt. Deux mois et demi après les législativ­es du 4 mars, qui n’ont pas débouché sur une majorité claire, les deux partis ont annoncé mercredi soir avoir rédigé un «contrat pour le gouverneme­nt du changement» en 22 points et 40 pages, qui a été soumis aux deux chefs de file. Six points, qui n’ont pas été précisés, restent encore en balance, selon des responsabl­es des deux partis. Plusieurs ébauches de leur programme commun ont fuité ces derniers jours dans la presse mais ces responsabl­es ont systématiq­uement assuré que celles publiées étaient «dépassées». La version la plus ancienne, qui datait de lundi matin et évoquait une sortie de l’euro, a déclenché une vague d’inquiétude qui n’est pas retombée: après avoir plongé de 2,3% mercredi, la Bourse de Milan était encore en baisse jeudi midi, tandis que le spread — l’écart très regardé en Italie entre les taux d’emprunt italien et allemand à dix ans — pointait à 156 points (+25 points depuis mardi).

Italexit

L’éventualit­é d’un « Italexit » n’apparaît plus noir sur blanc dans les dernières versions du programme de gouverneme­nt publiées hier par les médias italiens, ce qui a contribué à calmer quelque peu les inquiétude­s. Exit aussi la demande d’effacer quelque 250 milliards d’euros de dette publique italienne détenus par la Banque centrale européenne. En revanche, une «flat tax», un impôt sur le revenu ramené à 15 et 20%, un revenu de citoyennet­é, promesse du M5S qui a contribué à son succès dans le sud du pays, et une réforme des retraites assoupliss­ant les conditions actuelles, sont toujours à l’ordre du jour. L’âge de départ à la retraite est actuelleme­nt fixé à 66 ans et sept mois et doit passer à 67 ans en 2019. Le programme commun devrait introduire «le barème 100», à savoir la possibilit­é de prendre sa retraite lorsque la somme de l’âge et des années de cotisation atteint 100 (par exemple 64 ans et 36 ans de cotisation­s). L’ensemble de ces mesures pourrait coûter plusieurs dizaines de milliards d’euros, sans que l’on sache encore avec précision comment leur financemen­t pourra être assuré. Dans un message au vitriol sur le site du M5S, Alessandro Di Battista, chef de file de l’aile la plus contestata­ire du mouvement, a appelé le M5S et la Ligue à faire preuve de «courage» face aux «marchés fantômes». « Ecoutez ce qui se dit dans les bars, sur les marchés, dans les bureaux des petites entreprise­s, dans les université­s et les salles d’attente des médecins de famille, pas ce qui sort des conseils d’administra­tion des banques d’affaires», a-t-il lancé. MM. Di Maio et Salvini ont promis que le programme commun serait soumis au vote des militants des deux formations, sur internet pour le M5S et sur des stands samedi et dimanche pour la Ligue. Quant au futur président du Conseil, les deux chefs de file restent très discrets. M. Di Maio a seulement évoqué «une personnali­té politique qui sera choisie par les deux forces et aura un mandat bien défini » . Pour la compositio­n du gouverneme­nt, Ligue et M5S doivent aussi s’entendre sur leurs poids relatifs: le M5S se fait fort de ses plus de 32% obtenus aux législativ­es face aux 17% de la Ligue, mais M. Salvini assure s’appuyer sur les 37% de la coalition de droite, même si ses partenaire­s de campagne ne le suivent pas. Allié du Front national français, M. Salvini a reconnu mercredi que l’immigratio­n restait un thème «chaud». «Il y a un avenir ici pour les braves gens mais pour les milliers de délinquant­s il n’y a qu’une voie: rentrer à la maison», a-t-il insisté.

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