La Presse (Tunisie)

La fin du rêve

Le vent de l’épopée a soufflé vingt minutes…

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Comme en 1991, 1999 et 2004, l’Olympique de Marseille s’est incliné en finale d’une Coupe d’Europe. A Lyon, c’est l’Atletico qui a mis fin au rêve olympien. Mais, si Antoine Griezmann et ses copains se sont montrés impitoyabl­es, les Marseillai­s se sont tirés une belle balle dans le pied après vingt premières minutes de qualité. Encore une fois. Il n’y aura pas de deuxième titre européen pour Marseille. L’OM s’est logiquemen­t incliné au Groupama Stadium de Lyon. Antoine Griezmann, auteur d’un doublé, a été le bourreau des Olympiens, qui concèdent une quatrième défaite en finale de Coupe d’Europe. Pour l’Atletico, c’est un troisième trophée en Ligue Europa après 2010 et 2012. La belle aventure européenne de l’Olympique de Marseille ne s’est pas achevée sur un happy end. Après une campagne porteuse d’émotions fortes, le fol espoir du peuple phocéen s’est fracassé à Lyon sur cette machine à générer de la frustratio­n qu’est l’Atletico Madrid. Chirurgica­ux, les Colchonero­s ont frappé quand il le fallait mercredi soir, et quand cela a fait le plus mal, pour s’imposer 3-0 et infliger à l’OM une quatrième défaite en cinq finales continenta­les. Celle-ci, pour tout dire, a ressemblé à s’y méprendre à celles de 1999 contre Parme et 2004 face à Valence. Pourtant, Marseille a connu vingt premières minutes pleines de promesses dans cette finale, après une entame de match maîtrisée et encouragea­nte. Mais son destin s’est scellé en trois temps dans une première période au scénario cauchemard­esque pour les joueurs de Rudi Garcia. Il y a d’abord eu l’énorme occasion manquée par Valère Germain après seulement trois minutes de jeu. Une superbe combinaiso­n entre Dimitri Payet et Florian Thauvin, et le premier nommé a servi plein axe l’ancien Monégasque. Seul face à Oblak, Germain n’a pu cadrer sa frappe et le ballon s’est envolé trop haut. Cette opportunit­é en or, de celles qu’il vaut mieux ne pas laisser filer dans une grande finale, serait aussi la dernière de cette envergure pour l’OM, en tout cas tant que la messe lyonnaise ne serait pas dite...

Zambo comme Blanc, Payet comme Giuly !

Le deuxième coup de poignard, le plus décisif, est intervenu à la 21e minute. Une situation a priori anodine, une relance de Steve Mandanda aux 25 mètres, plein axe... Mais le malheureux Zambo Anguissa, pourtant si bon dans ce début de rencontre, a mal choisi son moment pour ne pas maîtriser cette passe de son gardien. La promptitud­e de Koke a alors permis à Antoine Griezmann de se retrouver en tête-à-tête avec Mandanda et l’attaquant des Bleus ne s’est pas gêner pour convertir ce cadeau en but d’un plat du pied gauche plein de sang-froid. Voilà comment l’Atletico, qui n’avait encore rien fait, rien montré et qui peinait tant à mettre le pied sur le ballon et la main sur ce match, s’est retrouvé aux commandes. Après ce gros coup sur la tête, l’OM a dû en encaisser un autre, en plein coeur cette fois, à peine un quart d’heure plus tard. Dimitri Payet, leader de jeu et presque spirituel de ce groupe, a vu sa cuisse siffler à nouveau. Etait-il prêt à jouer ce match? Seul lui et le staff provençal le savent. Toujours est-il que cette rechute est tombé au pire moment, et pour son équipe, et pour lui, à 24 heures de l’annonce par Didier Deschamps de la liste des 23 pour le Mondial en Russie. Si la boulette de Zambo Anguissa avait un arrière-goût de la passe en retrait de Laurent Blanc lors de la finale contre Parme en 1999, les mal- heurs de Payet ont eux rappelé ceux de Ludovic Giuly à l’occasion de la finale de C1 entre Monaco et Porto en 2004. A Gelsenkirc­hen, ce sont les adducteurs de Giuly qui l’avaient privé de l’essentiel de la finale… et de l’Euro 2004. Espérons pour Payet qu’il ne soit pas contraint, lui non plus, de payer la double peine.

La force de l’habitude

Frappé par son manque de réalisme aux deux extrémités du terrain et la perte de son maître à jouer, l’Olympique de Marseille ne s’en est pas relevé. Bien sûr, en théorie, à la pause, rien n’était perdu avec un seul but d’écart. Mais face à un adversaire aussi solide et hermétique que celui-là, ce petit but, c’était plus un océan qu’un ruisseau. Moins de cinq minutes après la reprise, sous un orage du diable, Antoine Griezmann a encore frappé et, cette fois, son seul talent a suffi. D’un superbe ballon piqué, «Grizou» a doublé la mise et définitive­ment enterré le champion d’Europe 1993. L’OM a essayé, en vain. Kostas Mitroglou, entré lors de ce second acte, a même trouvé le poteau (81e), mais personne ne croyait plus à un miracle depuis longtemps. Au contraire. Gabi, en toute fin de rencontre, a donné au score une amplitude plus douloureus­e encore d’une imparable frappe croisée (89e). Dur pour l’OM. Mais juste. L’Atletico, dont c’était la cinquième finale européenne en huit ans, était au-dessus, en dépit de ces vingt premières minutes en trompe-l’oeil. La force de l’habitude a frappé. Comme souvent à ce niveau.

Le facteur X : et si Germain…

On peut refaire l’histoire dans les tous les sens, se remémorer tous les détails d’une finale qui s’est terminée comme on le craignait. Mais qui avait débuté comme on ne l’aurait pas forcément imaginé. Avec un OM conquérant. Et un Valère Germain à qui Dimitri Payet a offert un caviar que le fils de Bruno a envoyé dans les nuages. On jouait alors la quatrième minute !

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L’Atletico Madrid, d’Antoine Griezmann, trop fort pour l’OM

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