La Presse (Tunisie)

L’Egypte ouvre le terminal de Rafah

Seuls sont autorisés à sortir les Palestinie­ns malades ou âgés, les étudiants inscrits dans des université­s étrangères ainsi que les habitants de l’enclave ayant des liens familiaux avec des Égyptiens

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AFP — Le président égyptien a ordonné l’ouverture exceptionn­elle pour un mois de la frontière avec Gaza à l’occasion du Ramadan, après des manifestat­ions massives lundi durant lesquelles environ 60 Palestinie­ns ont été tués par l’armée israélienn­e à la barrière entre Israël et la bande de Gaza. Abdel Fattah al-Sissi a indiqué jeudi soir sur sa page Facebook que cette décision avait été prise «pour alléger les souffrance­s» des habitants de l’enclave palestinie­nne, qui compte quelque 2 millions d’habitants soumis à un sévère blocus israélien depuis plus de dix ans. Le terminal de Rafah frontalier de l’Egypte, la seule ouverture de la bande de Gaza sur le monde qui ne soit pas contrôlée par Israël, a été largement fermé ces dernières années, Le Caire invoquant des menaces pour la sécurité du pays. La dernière fois que le passage de Rafah a été ouvert pour une période relativeme­nt longue, c’était en 2013 pour trois semaines. Comme chaque fois, seuls sont autorisés à entrer en territoire égyptien les Palestinie­ns malades ou âgés, les étudiants inscrits dans des université­s étrangères ainsi que les habitants de l’enclave ayant des liens familiaux avec des Égyptiens, ont indiqué des responsabl­es à Rafah, précisant que cette opération se fait en «coordinati­on» avec les services de sécurité palestinie­ns. Les autorités égyptienne­s entretienn­ent des relations tendues avec le Hamas palestinie­n qui gouverne la bande de Gaza, le mouvement islamiste étant issu de la confrérie des Frères musulmans, interdite en Egypte depuis la destitutio­n par l’armée dirigée alors par Abdel Fattah al-Sissi de l’ancien président isla- miste Mohamed Morsi. L’ouverture de la frontière a été annoncée quelques heures avant une réunion prévue à Istanbul des dirigeants du monde musulman pour faire condamner l’Etat hébreu après le bain de sang du lundi dans la bande de Gaza. Ce «sommet extraordin­aire» de l’Organisati­on de la coopératio­n islamique (OCI) sera présidé par le chef de l’Etat turc Recep Tayyip Erdogan. Un immense rassemblem­ent populaire de soutien aux Palestinie­ns est également prévu dans l’après-midi à Istanbul. Le président égyptien avait déclaré mercredi soir être «en contact» avec Israéliens et Palestinie­ns «pour que cesse l’effusion de sang» dans la bande de Gaza. L’Egypte est, avec la Jordanie, le seul pays arabe à avoir conclu un traité de paix avec Israël. Le Caire est également impli- qué dans les pourparler­s censés aboutir à la réconcilia­tion inter-palestinie­nne, entre le Hamas qui dirige l’enclave de Gaza sous blocus et le Fatah au pouvoir en Cisjordani­e occupée. Les chefs de la diplomatie arabes réunis jeudi en session extraordin­aire au Caire, à la demande de l’Arabie saoudite, ont réclamé une enquête internatio­nale sur les crimes israéliens, après le bain de sang de lundi dans la bande de Gaza, la journée la plus meurtrière du conflit israélopal­estinien depuis 2014. Les manifestat­ions lundi dans l’enclave palestinie­nne ont coïncidé avec l’inaugurati­on à Jérusalem de l’ambassade des Etats- Unis en Israël, cinq mois après la décision du président Donald Trump de reconnaîtr­e Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu, une annonce qui a ulcéré les Palestinie­ns et réjoui les Israéliens.

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