Une perche pour les ex-nidaïstes ?
«Certains dirigeants de Nida qui avaient pris la décision de quitter le parti, dictée par leur ego et l’amour de soi, pourraientils se réunir de nouveau autour de l’amour de la patrie ?», se demande une exdéputée nidaiste
«Certains dirigeants de Nida qui avaient pris la décision de quitter le parti, dictée par leur ego et l’amour de soi, pourraient-ils se réunir de nouveau autour de l’amour de la patrie ?», se demande une ex-députée nidaiste
Le discours prononcé mardi par le chef du gouvernement Youssef Chahed à 21h30, à une heure où la majorité des Tunisiens sont devant leurs écrans TV, est un coup de théâtre inattendu. Alors que le président de la République est à Paris pour prendre part aux négociations entre les protagonistes politiques libyens, son chef du gouvernement accuse clairement et désigne Hafedh Caïd Esssbsi, fils aîné du président, comme le principal responsable de la décadence de Nida Tounès. Dans le discours, il assure également qu’il est et restera chef du gouvernement même s’il n’est pas “attaché au poste”. Hier matin au parlement, difficile de croiser un député de Nida Tounès, les quelques députés que nous rencontrons, refusent catégoriquement de réagir au discours. Les députés du parti Ennahdha, eux aussi, fuyaient la presse hier matin. Sur les réseaux sociaux cependant, certaines langues se sont déliées, comme celle de la femme d’affaires et membre du parti Nida Tounès Zohra Driss, qui s’est rangée du côté du chef du gouvernement. “Youssef Chahed a dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Maintenant, la balle est dans le camp des Tunisiennes et des Tunisiens pour sauver le pays”, écrit- elle sur son compte Facebook. De leur côté, certains exmembres de Nida Tounès qui avaient, à un moment donné choisi de quitter le parti, rêvent secrètement depuis mardi soir, d’une nouvelle réunion de la famille nidaiste, peut-être sous la houlette de Youssef Chahed. C’est le cas de Houda Slim, députée de Machrou Tounès qui écrit : “Certains dirigeants de Nida qui avaient pris la décision de quitter le parti dictée par leur ego et l’amour de soi, pourraient- ils se réunir de nouveau autour de l’amour de la patrie ?”. «Propos extrêmement graves» Mais cette nouvelle crise au sein du parti Nida Tounès est du pain bénit pour l’opposition qui s’en donne à coeur joie. Au détour de la commission de législation générale, nous interrogeons Samia Abbou député d’AlTayar. “Il s’agit d’une nouvelle grande opération d’arnaque en vue de 2019”, lance la virulente députée. Pour elle, il est évident que Youssef Chahed se sait sur la sellette, puisqu’il n’a plus de majorité pour gouverner. “Il est en train de faire campagne pour 2019 avec la casquette de chef de gouvernement”, affirme-t-elle. Elle a estimé notamment qu’avec des mots à peine voilés, Chahed a accusé le fils du président de la République de tenter d’entraver sa lutte contre la corruption. Des propos qualifiés d’«extrêmement graves». De son côté, la députée de Afek Tounès (parti qui a quitté le gouvernement et boycotté le Document de Carthage), Lilia Younes Ksibi a expliqué que son parti prend acte de la détermination du chef de l’Etat à mener les réformes. “Il s’est engagé à mettre en oeuvre les 63 points du Document de Carthage II, mais compte tenu des délais courts, nous pensons qu’il devrait se concentrer sur les réformes les plus urgentes à l’instar de ceux qui concernent les caisses sociales, les finances publiques et l’administration». Politiquement, Lilia Younes Ksibi estime que le remaniement ministériel prochain annoncé par Youssef Chahed sera très difficile à mettre en oeuvre, d’autant plus qu’il ne pourra pas bénéficier de la majorité nécessaire de 109 voix. Pour Jilani Hammami, du Front populaire, il ne fait aucun doute que le chef du gouvernement “mène une guerre contre le palais”. “S’il a tenté dans son allocution d’atténuer ce conflit avec le président de la République, c’est en raison de la nature de la relation qui existe entre les deux hommes”. Cependant, selon le député du Front populaire, Youssef Chahed n’aurait certainement pas pu prononcer un tel discours sans l’aval de “parties intérieures ou extérieures”. “C’est une nouvelle crise politique. Le gouvernement est dans l’impasse. Quant au remaniement, il aura du mal à convaincre toutes les parties”, déclare-t-il.