Des aménagements nécessaires
Les organismes spécialisés ont estimé que près de… deux millions de Tunisiens ont suivi ce Portugal-Tunisie. Un match qui avait une importance particulière, étant donné la bonne impression laissée à l’issue de la dernière sortie de l’équipe de Tunisie et qui avait réussi à ramener à elle ses fans, provoqué un choc psychologique auprès des observateurs et relancé l’intérêt général. Il n’y a qu’à voir la «folie collective» qui s’est emparée aussi bien des agences de publicité que de tous ceux qui accompagneront notre équipe dans ce Mondial.
Pour les techniciens et les observateurs avertis, la prestation de l’équipe de Tunisie face au champion d’Europe 2016 était beaucoup plus attendue que le résultat. En effet, après le comportement très honorable présenté lors des dernières sorties amicales face à l’Iran et au Costa Rica, il fallait observer et surtout se rendre compte de la manière dont allait se comporter cette formation qui avait laissé les meilleures impressions. Le Portugal, c’était du lourd. Les joueurs portugais sont partout dans le monde. Ils opèrent au sein de formations de haut niveau, et cela représente un avantage pour ce « onze » que nous avons vu aussi adroit dans la manoeuvre que vif dans la réaction collective. En dépit de ce visage, le sélectionneur national a reconnu que son adversaire n’avait pas eu le temps de préparer ce match, en raison du rassemblement tardif de ses joueurs et que le Portugal valait largement mieux que ce que nous avions vu. Il n’a pas manqué de signaler que la formation tunisienne également s’était préparée à la carte, pour essayer d’établir le point de départ collectif d’un ensemble qui ne l’est devenu que lors des derniers jours. Question de calendrier, de disponibilité, de blessures, de récupération des joueurs qui ont quitté l’infirmerie, et pour bien d’autres raisons, ce match était situé à un moment difficile. Difficile, mais nécessaire et à ne pas rater, car ce n’est pas tous les jours que l’on peut figurer sur la tablette des adversaires potentiels du Portugal. L’équipe de Tunisie avait de toutes les façons besoin de cette rencontre pour faire le point de la situation : et cet objectif nous semble avoir été atteint. Nous avons vu de cette équipe deux visages : un visage empreint d’hésitation et de flottement qui a duré une trentaine de minutes au milieu de la première mi-temps. Des minutes qui ont quelque peu assommé un onze qui n’arrivait pas à se positionner, à établir ses lignes de liaison et à réagir face à la furia des Portugais. Les Tunisiens venaient s’embrocher dans le dispositif adverse, s’empaler dans un milieu de terrain terriblement actif qui a su profiter largement des espaces concédés et qui a su prendre un avantage substantiel au score. Avec un deux à zéro au compteur, c’était mal parti et vivement la mitemps pour remettre les pendules à l’heure. Des recommandations, des changements qui ont stabilisé collectivement l’équipe, et la formation tunisienne s’est retrouvée plus à même de répondre aux chevauchées portugaises, qui ne purent plus développer à satiété leurs attaques, face à un milieu tunisien qui s’est reconstruit et a retrouvé ses repères. C’est l’avantage que représente le fait de jouer contre des équipes bien structurées et supérieures sur le plan technique. Face à un adver- saire moyen, ces failles auraient pu passer et nous n’y aurions vu que du feu. La réaction des joueurs tunisiens, menés au score, malmenés et quelque peu désorientés a été à la hauteur. Ils ont su bloquer leurs adversaires dans la zone de vérité et ont pu même reprendre les choses en main en réduisant le score, puis égaliser. Décevant pour les Portugais, mais très significatif pour les Tunisiens, qui ont démontré qu’ils possédaient les qualités individuelles, collectives et morales pour réagir, se remettre en question et surtout répondre aux contraintes de la situation. Une situation qui apparaissait pour le moins qu’on puisse dire catastrophique. Un bon point pour cette équipe qui n’a pas encore pu travailler avec un groupe complet et qui a su néanmoins refaire surface en dépit des quelques erreurs individuelles sur le plan défensif surtout, aussi bien au niveau individuel que collectif. Les deux prochaines sorties seront de ce fait attendues. Avec le retour des blessés et un choix plus large, avec les corrections à apporter, nous pourrions mieux apprécier les progrès du groupe et surtout délimiter les contours du visage de la future équipe qui ira en Russie, car il est évident que l’ensemble a besoin de quelques aménagements qui paraissent plus que nécéssaires.