La Presse (Tunisie)

Mon père disait ...

18e «café des photograph­es» à la Maison de l’image avec l’éditeur Karim Ben Smaïl qui a présenté des photograph­es comme Fulvio Roiter et Victor Sebag que la maison Cérès à édités.

- Salem TRABELSI

Karim Ben Smaïl a d’abord parlé de son métier d’éditeur et des difficulté­s qui lui sont inhérentes «Mais c’est un métier qui m’a procuré tant de plaisir, dira -t-il, notamment durant les années difficiles sous Ben Ali car cela m’a permis de rencontrer des gens intéressan­ts qui passaient par nos bureaux . Ceux qui voulaient écrire et dire des choses, ceux qui avaient encore de la lumière dans les yeux et qui voulaient faire bouger les choses». Ensuite, l’éditeur a évoqué ses rapports avec les auteurs : «Les auteurs sont des gens très différents. Il y a de tout chez les auteurs et on voit de tout ! L’édition est aussi un métier difficile dans le sens où on consacre beaucoup de temps et c’est un travail, dont les exécutants sont invisibles. Il y a des livres qui sortent mais les gens ne voient pas tout le travail qu’il y a derrière. De temps en temps, vous avez des auteurs comme Habib Boularès qui ont la culture, la vision, l’intelligen­ce pour voir les choses. Et il y a des fois où vous trouverez d’autres modèles que je ne citerai pas !…». Quand on lui a posé la question sur l’état des lieux de l’édition aujourd’hui, il a répondu : «La question suivante s’il vous plaît»… Mais humour mis à part, il a rétorqué : «L’édition en Tunisie est un métier qui souffre… C’est un métier qui demande beaucoup d’efforts et où il n’y a pas d’argent. On fait des produits indispensa­bles parce qu‘un pays doit avoir des livres mais quand il y a des problèmes économique­s, la première chose qui sort du couffin est le livre. C’est un métier où vous dépendez de l’argent des autres parce que vous ne pouvez pas vivre de vos ventes ... Mon père disait j’en ai marre de ce métier de quémandeur». La partie la plus importante de la soirée sera bien entendu réservée à la photograph­ie . «Je vais vous parler de grands photograph­es que j’ai rencontrés durant ma carrière d’éditeur, dit Karim Ben Smaïl. Des photograph­es dont j’ai publié les livres, dit-il. Le choix de ces photos sont subjectifs . Fulvio Roiter, le photograph­e italien de Venise, est entré très tôt dans ma vie puisque j’ai découvert son livre «La mia Venezia». Mon père a publié un livre de ce grand photograph­e qui s’intitule «Tunisie». Trente ans après, Karim Ben Smaïl appelle Fulvio Roiter et refait avec lui un livre sur la Tunsie. L’éditeur parlera du génie de ce photograph­e italien et de sa manière de travailler avec les diagonales, les ombres et les lumières, qui «réussissai­t à faire un portrait et à capter l’instant avec une rapidité extraordin­aire». L’éditeur fera la sélection de quelquesun­es de ces photos qui sont res- tées comme un témoignage de son travail fabuleux. Karim Ben Smaïl passera ensuite à un autre photograph­e français qui a photograph­ié la Tunisie entre 1910 et 1960 : Victor Senag. Un album photograph­ique fabuleux et qui est illustré dans le livre édité chez Cérès. «Tunisie 1910-1960. Victor Sebag, un photograph­e dans le siècle». Des photos qui illustrent une Tunisie rarement vue et qui décrivaien­t aussi bien la vie sociale que politique de cette époque. L’éditeur parlera également de la difficulté pour lui d’avoir accès à ce fonds précieux puisque son détenteur était quelqu’un qui l’a reçu «froidement» au début. «Il a mis deux ans et demi avant de me montrer la première photo, ajoute Karim Ben Smaïl, et encore c’était une photocopie… »

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(Crédit photo : Jihène Rihane) Karim Ben Smaïl

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