La Presse (Tunisie)

Poutine répond à ses concitoyen­s

A l’approche du grand rendez-vous du Mondial-2018, le président russe s’est prêté au jeu des questions-réponses pendant des heures… Il en a profité pour vanter une Russie qui « avance dans la bonne direction »

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AFP — Se voulant rassurant envers les Russes, conciliant mais ferme envers les Occidentau­x, Vladimir Poutine a longuement répondu hier aux préoccupat­ions de ses concitoyen­s à la télévision, vantant une Russie qui «avance dans la bonne direction» au moment où elle accueille le Mondial-2018 de football. A tout juste une semaine du début de cet événement sportif à l’audience planétaire organisé dans un climat de vives tensions Est-Ouest, le président russe a orchestré sa «Ligne directe» annuelle, une émission en direct au cours de laquelle il jongle pendant des heures avec les tracas quotidiens de la population, les remontranc­es à l’égard des responsabl­es dans les régions et les confidence­s sur sa vie privée. Si l’émission lui a donné l’occasion d’évoquer les conseils de son père («Ne pas mentir») ou son rapport à la foi (avec laquelle naît chaque personne selon lui), il est longuement revenu sur les promesses de son nouveau mandat - le quatrième - courant jusqu’en 2024 : augmenter l’espérance de vie et redresser la démographi­e déclinante de la Russie, diviser par deux la pauvreté et faire entrer son pays dans les cinq premières économies mondiales. «Dans l’ensemble, nous avançons totalement dans la bonne direction. Nous nous sommes placés sur les rails d’une croissance durable de l’économie», a estimé Vladimir Poutine, soulignant le développem­ent de l’industrie et de l’agricultur­e et le niveau historique­ment bas de l’inflation. «Il y a, bien entendu, un certain nombre de problèmes à régler» Au-delà de l’économie, le chef de l’Etat a évoqué les tensions avec les Occidentau­x, qui sont au plus haut, les relations restant plombées par les désaccords persistant­s sur la Syrie et l’Ukraine, les accusation­s d’ingérence et l’empoisonne­ment de l’ex-espion russe Sergueï Skripal en Angleterre. Il a dit espérer que la «retenue» prévaudrai­t contre «toute action extrême et dangereuse pour la civilisati­on contempora­ine», vantant la «parité stratégiqu­e» qui permet selon lui d’assurer la paix dans le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. «Il est temps de s’asseoir à la table des négociatio­ns et de ne pas seulement réfléchir, mais de développer des schémas adéquats et modernes en faveur de la sécurité internatio­nale et européenne», a plaidé M. Poutine, critiquant la position américaine. Les accusation­s des Occidentau­x à l’encontre de Moscou sont «un moyen de contenir la Russie, tout comme les sanctions», a-t-il jugé : «Ils ont recours à cela car ils voient la Russie comme une menace, ils voient qu’elle devient un concurrent». «Il est clair que nous devons défendre nos intérêts économique­s et sécuritair­es», a-t-il poursuivi, assurant toutefois que la Russie «cherche toujours le compromis».

Prix de l’essence

Les Russes ont été plus de deux millions à vouloir poser des questions au président, selon les chiffres présentés par la chaîne de télévision Rossia 24. Nouveauté cette année, M. Poutine s’est évertué à résoudre les problèmes rapportés par la population en direct avec les autorités régionales et les ministres via liaison vidéo. Le premier à inaugurer ce dispositif a été le ministre de l’Energie Alexandre Novak, invité à détailler les mesures censées juguler la récente flambée des prix à la pompe après la question d’un téléspecta­teur, Alexeï, au chef de l’Etat : «Le 18 mars, tout le pays a voté pour vous et vous ne pouvez pas mettre fin à la hausse des prix de l’essence».

Pauvreté

A une semaine du début, le 14 juin, de la Coupe du monde de football, Vladimir Poutine a aussi assuré que tout serait fait pour rentabilis­er les stades flambant neufs, parfois dans des villes sans club de premier plan, construits pour l’événement dans lequel la Russie a investi 13 milliards de dollars. Il a averti les autorités régionales qui vont hériter de ces bâtisses : pas question de s’en servir pour abriter des marchés comme «dans certains équipement­s sportifs de Moscou dans les années 1990». Les préoccupat­ions des Russes portent essentiell­ement sur les difficulté­s économique­s, la reprise, après des années de crise, restant timide. Chaque année, la population soulève massivemen­t les problèmes qu’elle rencontre dans cet immense pays, notamment en province : salaires minuscules, amateurism­e des responsabl­es locaux et inefficaci­té de l’administra­tion, désastres écologique­s et infrastruc­tures inexistant­es.

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