La Presse (Tunisie)

Le second tour, ce casse-tête

L’équipe de Nabil Maâloul parviendra-t-elle à chasser le signe indien et faire comme le Maroc, l’Algérie, le Cameroun et le Sénégal?

- R.E.H.

Nous parlons beaucoup (trop) tactique et technique avant la Coupe du monde 2018 en Russie. Plan de jeu, qualité et rendement de l’équipe type et des réserviste­s, profil de l’équipe, choix de Nabil Maâloul, tout ça a été passé au crible plusieurs fois. Mais on n’a pas beaucoup parlé d’un point qui nous paraît essentiel : a-t-on les moyens de passer au second tour sachant que cela reste notre casse-tête le plus pénible ? Contrairem­ent à d’autres sélections africaines comme le Maroc, l’Algérie, le Cameroun ou le Sénégal, notre équipe n’a pas réussi à passer le cap fatidique du premier tour. Et les statistiqu­es ne sont pas fameuses pour une sélection qui a, pourtant, émerveillé le monde entier en 1978 et permis à l’Afrique d’être plus respectée. Sur les quatre participat­ions au mondial (1978, 1998, 2002 et 2006), nous n’avons gagné qu’une seule fois (contre le Mexique en 78) et 40 ans après, nous attendons une seconde victoire avec impatience. Nous avons essuyé 7 défaites et concédé 4 nuls, des «stats» faibles malgré une qualité pas mal pour ces 4 génération­s. Un handicap technique ou mental? Les deux probableme­nt. L’équipe de 78 a, sans doute, un énorme mérite et en ces temps-là, il était difficile de passer au second tour pour diverses raisons sportives et extrasport­ives. Les sensations agréables que Naïli, Tarek, Gommidh, Agrebi, Dhouib et les autres ont laissées, cette victoire inoubliabl­e devant le Mexique et ce football de très grande qualité contre l’Allemagne de Mûller, tout ça met cette équipe de Chettali comme la plus forte de toutes celles qui ont disputé le Mondial. Les trois autres participat­ions étaient différente­s à tous les niveaux (contexte, qualité des joueurs, relations entre les joueurs, choix des sélectionn­eurs). En 1998, nous avons abordé le Mondial de France avec une équipe soudée, réaliste, pas très technique mais bien articulée autour du 3-5-2 de Kasperczak. A l’époque, les vestiaires et l’ambiance n’étaient pas sains. Le sélectionn­eur a été poussé à la sortie et cette défaite contre la Colombie de Valderama restera un très mauvais souvenir. Les équipiers de Chokri El Ouaer pouvaient faire mieux sans doute. Les Tunisiens ont si rêvé avant ce Mondial. En 2002, on avait la sélection la plus fragile, la moins soudée. Henri Michel parti, un trio emmène la sélection avec des interféren­ces et une mauvaise qualité qui nous ont coûté deux défaites logiques et un nul contre la Belgique (un beau but de Bouzayène). Quatre ans plus tard, ce fut une autre génération qui a réussi à gagner à la CAN 2004. Lemerre, à l’époque, a raté complèteme­nt le Mondial allemand en concédant un nul à l’arraché contre l’Arabie Saoudite, et en perdant devant l’Ukraine qui jouait à 10. Ça aurait été très proche et très possible cette qualificat­ion si on avait mieux optimisé la qualité de l’effectif disponible.

Un autre palier…

Le casse-tête du second tour reste un problème à gérer et à résoudre. Ce n’est pas normal qu’une nation de football comme la Tunisie (avec un riche historique) ne parvienne pas à atteindre un palier supérieur comme le second tour du Mondial. Ce n’est pas mental seulement, c’est aussi une question «technique» et de possibilit­és des joueurs. Le Cameroun en 90, le Maroc en 86, le Sénégal en 2002 ou l’Algérie en 2014, c’était alors un concentré de qualités et des joueurs qui ont tout donné. Le message est clair pour la sélection de Nabil Maâloul: une victoire pour rompre avec la nostalgie du Mondial 78, et pourquoi pas une qualificat­ion au second tour. Ce qu’on a comme joueurs et comme prestige, cet élan populaire et cette passion de tout un public déchaîné, peuvent aider les équipiers de Sliti à aller loin. Ils n’auront pas d’excuses pour ne pas réussir.

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De l’équipe de l’Argentine à celle qui a joué le Mondial 2006, toute une histoire. Les noms ont beau changer, pas de qualificat­ion au second tour.

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