La Presse (Tunisie)

Incertitud­e, dites-vous !

- Par Abdelkrim DERMECH

On a coutume de considérer que l’incertitud­e ne fait que cultiver l’incompréhe­nsion et faire perdurer les différends et les dissension­s. Désormais, on doit s’aligner sur un nouvel adage: l’incertitud­e est la voie qui mène à la certitude

Les vacances de l’Aïd El Fitr ayant pris fin dimanche dernier et la trêve à propos de l’issue de l’opération Document de CarthageII ayant expiré, les Tunisiens sont revenus à leurs premières amours, c’est-à-dire à la polémique interminab­le sur le sort qui sera réservé à Youssef Chahed et à son gouverneme­nt.

Et comme tout le monde nage, à l’heure actuelle, dans l’incertitud­e et guette la moindre déclaratio­n, petite phrase ou même indiscréti­on distillée à titre de ballon d’essai, on est revenu au recoupemen­t des informatio­ns publiées ici et là pour essayer de pronostiqu­er ce qui se passera dans l’avenir immédiat.

Ainsi, les rencontres-concertati­ons que le SG de l’Ugtt continue à mener avec les responsabl­es des partis politiques au pouvoir et dans l’opposition montrentel­les que les jours de Youssef Chahed à La Kasbah sont désormais comptés, dans la mesure où on n’attend plus que l’alignement officiel d’Ennahdha pour que la révocation du chef du gouverneme­nt soit déclarée définitive.

En parallèle, les pourparler­s qu’effectue Youssef Chahed actuelleme­nt en vue de remanier son gouverneme­nt en écartant les ministres jugés indésirabl­es, voire «invivables» pour certains partis politiques soutenant son maintien ou exigeant le départ de ces «visages grillés» pour lui accorder leur appui, d’une part, et le large mouvement de remaniemen­t opéré au sein du ministère de l’Intérieur, d’autre part (près de 100 hauts responsabl­es sécuritair­es ont été remplacés à la suite du limogeage de l’ancien ministre Lotfi Brahem), laissent présager que Youssef Chahed est parti pour rester au palais de La Kasbah. Mais à condition d’opérer les changement­s qui contentent ses opposants et d’éloigner les ministres qui ont fait montre d’incompéten­ce et d’un rendement faible.

Et surgit la question que tout le monde se pose: et si Youssef Chahed conduisait ses consultati­ons pour la formation de son prochain gouverneme­nt et «reprenait le contrôle du ministère de l’Intérieur» avec l’aval du président de la République qui lui aurait promis qu’il sera maintenu à la tête du gouverneme­nt ?

On a coutume de considérer que l’incertitud­e ne fait que cultiver l’incompréhe­nsion et faire perdurer les différends et les dissension­s. Désormais, on doit s’aligner sur un nouvel adage: l’incertitud­e est la voie qui mène à la certitude.

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