La Presse (Tunisie)

Promesses et illusions

- Par Amel ZAÏBI

LA débâcle enregistré­e au Mondial 2018 face à l’équipe belge s’accommode parfaiteme­nt de la situation de crises que vit la Tunisie sur le double plan politique et économique. Promesses et illusions en politique comme au football. A l’origine de toutes ces débâcles, des montagnes de promesses en amont et des illusions perdues débouchant sur un abattement général, en aval.

Les férus de football et même les « suiveurs » occasionne­ls de la Coupe du monde ont bien cru que le Mondial 2018 allait faire l’effet d’un baume au coeur et leur faire redécouvri­r le goût de la joie et l’ivresse de la fierté d’appartenir au camp des gagnants. Tout comme ceux qui soutiennen­t la jeune démocratie tunisienne, qui y ont cru depuis le premier jour et qui vivent le même scénario et la même déconfitur­e après chaque élection, depuis 2011. Si bien qu’aujourd’hui, en politique comme au foot, hormis les procès de circonstan­ce sur les plateaux de télévision et dans les studios de radio, nul n’est en mesure de dire la vérité et d’informer les Tunisiens sur qui a fait quoi et pourquoi. Mais comme il faut tout de même analyser ce qui s’est passé et désigner un ou des responsabl­es, la polémique débouchera au final sur le « bon » bouc émissaire.

Les domaines politique et sportif sont finalement gérés de la même manière, à coups de promesses creuses et d’illusions, sans les préalables, c’est-àdire sans un véritable travail de fond, sans stratégie ni programme, sans préparatio­n. Or, la politique comme le sport de haut niveau exige engagement, compétence­s, travail de longue haleine, mérite, esprit visionnair­e et prospectif. L’absence de ces fondamenta­ux sont la raison de tous les échecs et de l’incapacité à remettre le pays sur les rails de la croissance et de la réussite dans tous les domaines.

La sortie de crise n’a pas de recette miracle ou secrète. Des expérience­s précédente­s en Afrique et en Asie en ont révélé le mode d’emploi : productivi­té et mérite, sans autre considérat­ion que la valorisati­on du travail source de richesses et de performanc­es. Dans les sociétés qui oeuvrent pour leur développem­ent dans tous les domaines, il n’y a pas de place — ou très peu — pour le clientélis­me, le favoritism­e, les calculs étriqués et les lobbys de tous bords. Ce sont les vraies compétence­s qui gèrent et qui décident. Le trafic d’influence, la corruption, le conflit d’intérêts y sont des accidents de parcours, parce que, concrèteme­nt, il n’y a pas de société idéale, mais il y a des sociétés démocratiq­ues qui n’insultent pas leurs peuples en leur promettant des rêves.

Dans les sociétés qui oeuvrent pour leur développem­ent dans tous les domaines, il n’y a pas de place — ou très peu — pour le clientélis­me, le favoritism­e, les calculs étriqués et les lobbys de tous bords. Ce sont les vraies compétence­s qui gèrent et qui décident. Le trafic d’influence, la corruption, le conflit d’intérêts y sont des accidents de parcours

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