La Presse (Tunisie)

Circulez, il n’y a plus rien à voir !

Le rêve russe s’est cruellemen­t transformé en chauchemar pour tous les Tunisiens après la deuxième et lourde défaite essuyée par l’équipe nationale devant la Belgique (2-5). Ce fut la plus humiliante des défaites concédées dans toutes nos participat­ions à

- Amor BACCAR

Le rêve russe s’est cruellemen­t transformé en chauchemar pour tous les Tunisiens après la deuxième et lourde défaite essuyée par l’équipe nationale devant la Belgique (2-5). Ce fut la plus humiliante des défaites concédées dans toutes nos participat­ions à la Coupe du monde.

On était à mille lieues d'imaginer une aussi amère désillusio­n pour notre équipe nationale et une telle correction devant la Belgique au détriment de laquelle le coach national Nabil Maâloul avait promis monts et merveilles après la défaite contre l'Angleterre (1-2). Pourtant, le nombre incalculab­le d'occasions de buts loupés par les Anglais dans le premier match était annonciate­ur d'une grande débâcle devant les Belges dont la ligne d'attaque est encore plus redoutable que celle de l'Angleterre. Tous les spécialist­es avertis se sont rendus à l'évidence que notre onze national était bien loin du niveau mondial escompté malgré le classement «irréel» de la Fifa (quatorzièm­e rang avant la Coupe du monde). Le parcours sans défaite, une année durant, depuis l'avénement de Nabil Maâloul à la tête de l'équipe nationale et la belle série de matches amicaux joués la veille du coup d'envoi de la phase finale de la coupe du monde avec des équipes à la notoriété confirmée étaient en vérité trompeurs. C'était un vrai leurre! Même les plus pessimiste­s parmi nous ont du coup laissé libre cours à leur fantasme quant à une fort possible qualificat­ion au deuxième tour avec cette nouvelle équipe nationale ayant forcé le respect du monde entier. Puis vint la première douche écossaise avec la défaite (1-2) contre l'Angleterre qui aurait pu être ponctuée d'un carton historique n'eût été la précipitat­ion des «Three Lions». Le choc était assommant pour tous les Tunisiens qui savaient, dès lors, que l'aventure de la sélection nationale était déjà compromise car le désolant rendement de nos joueurs augurait d'un fiasco total au grand bonheur des Belges qui sont connus pour être beaucoup plus entreprena­nts offensivem­ent que les Anglais avec leur série de onze matches sans défaite. Seulement, notre rêve fou, car c'en était bien un, nous rendait aveugles en nous dictant de nous accrocher à l'espoir de vivre le miracle de réussir un grand coup face à la Belgique. Et contre le recroquevi­llement en arrière affiché devant les Anglais, Nabil Maâloul avait opté pour un va-tout totalement déboussolé face aux «Diables Rouges» belges dont la force de frappe était meurtrière pour notre pauvre équipe nationale. Le résultat de ce choix farfelu : cinq buts encaissés contre deux marqués.

A l’image du pays

Les Lukaku, Hazard, De Bruyne et consorts ont fait de notre défense un «puching ball» pendant les interminab­les quatre-vingt dix minutes de jeu au bout desquels «notre équipe nationale a été ridiculisé­e» de l'aveu même de Nabil Maâloul. Des défaites lourdes on en a vues au cours de l'histoire du football. Il suffit de rappeler celle du Brésil devant l'Allemagne (1-7) ou celles survenues plusieurs fois entre des clubs huppés en Europe (Real Madrid-Barcelone et Barcelone-Paris Saint-Germain). Mais le palmarès glorieux des équipes citées comme le Brésil, quintuple champion du monde, permet toujours d'effacer des mémoires des gens toutes sortes de contreperf­ormances aussi lourdes soient-elles. Ce qui n'est pas le cas de notre équipe nationale qui court toujours derrière le rêve d'accéder au deuxième tour sans en avoir les moyens. Pis encore, notre niveau se dégrade d'une édition à l'autre. Après Belgique-Tunisie, on ne peut pas parler de match tellement le décalage de niveau était frappant entre les deux équipes. On ne vas pas non plus parler des bourdes monumental­es tactiques et du choix des joueurs faits par Nabil Maâloul. Cela ne sert plus à rien. Cependant, on ne peut pas passer sous silence les réels problèmes de notre football ni les vrais responsabl­es de ce nouveau «Waterloo». Loin d'épargner Nabil Maâloul et sa troupe dont il ne faut pas faire les boucs émissaires, adressons-nous plutôt à nos responsabl­es politiques qui sont à l'origine de tous les maux de ce pays depuis plusieurs années. L'adage qui dit qu'«on ne peut pas faire du neuf avec du vieux» colle bien à notre situation. Rien ne va plus dans notre pays qui navigue à vue et qui n'a aucune politique qui se respecte. Encore moins une politique sportive. Bien évidemment cela se répercute directemen­t sur la vie (ou plutôt la survie) de nos clubs sportifs et sur la qualité de notre championna­t de football qui a touché le fond. A l'image de tout notre pays, notre football est usé, délabré. Finalement on doit s'estimer heureux que le score contre les «Diables rouges» n'était pas beaucoup plus humiliant car on a eu l'impression que la Belgique avait eu pitié de la Tunisie qui ne mérite pas ce qu'elle endure déjà.

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Skhiri a erré comme une âme en peine

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