La Presse (Tunisie)

Kushner doute de la volonté d’Abbas

Dans une rare interview accordée au journal palestinie­n Al-Qods, le conseiller de Trump a réaffirmé la volonté de Washington de relancer le processus, avec ou sans les Palestinie­ns

-

AFP — Le conseiller du président américain Donald Trump, Jared Kushner, qui effectue une tournée dans la région, s’est interrogé hier sur la capacité mais aussi la volonté du président palestinie­n Mahmoud Abbas de faire des concession­s en vue d’un accord de paix avec Israël. Dans une rare interview accordée au journal palestinie­n AlQods, le gendre de Donald Trump a réaffirmé la volonté des Etats- Unis de relancer le processus de paix israélopal­estinien, avec ou sans les Palestinie­ns. «Le président (Mahmoud) Abbas dit qu’il est attaché à la paix et je n’ai aucune raison de ne pas le croire», a déclaré M. Kushner à Al-Qods. «Cependant, je me demande dans quelle mesure le président Abbas a la capacité ou la volonté de s’engager afin de conclure un accord». «Les deux parties devront faire un pas en avant et se retrouver à mi-chemin (...). Je ne suis pas sûr que le président Abbas soit en mesure de faire cela», a-t-il ajouté. Après son arrivée à la MaisonBlan­che en janvier 2017, Donald Trump a chargé Jared Kushner de formuler un plan en vue de parvenir à un «accord ultime» entre Israël et les Palestinie­ns. Depuis le 19 juin, M. Kushner a rencontré différents dirigeants régionaux, dans le cadre d’une discrète tournée effectuée en compagnie de l’émissaire spécial de Donald Trump pour le Moyen-Orient, Jason Greenblatt.

«Politique qui contraint»

Aucune rencontre n’est toutefois prévue avec les responsabl­es palestinie­ns: les contacts entre l’Autorité palestinie­nne et Washington sont rompus depuis que Donald Trump a décidé de reconnaîtr­e AlQods comme capitale d’Israël en décembre. Les Palestinie­ns considèren­t Al-Qods-Est comme leur future capitale, insistant sur le fait que le statut de la ville doit être négocié dans le cadre d’un accord de paix, comme le préconise la communauté internatio­nale. Au journal Al- Qods, Jared Kushner a affirmé que le plan américain, dont aucun détail précis n’a filtré, était «presque prêt», et qu’il pourrait être présenté sans le consenteme­nt des Palestinie­ns. «Si le président Abbas est prêt à revenir à la table (des négociatio­ns), nous sommes prêts à discuter, sinon nous publierons probableme­nt le plan», a-t-il dit. Le haut responsabl­e palestinie­n Saëb Erakat a réagi en estimant que le gendre du président Trump était « le représenta­nt d’une politique qui contraint plutôt que négocie». Dans un communiqué, il a déploré le refus des Etats-Unis «de mentionner les droits des Palestinie­ns ou un Etat palestinie­n » . Selon M. Erakat, le plan américain «consolide la mainmise coloniale d’Israël sur les terres et les vies palestinie­nnes » . Mais « la Palestine et les droits des Palestinie­ns ne sont pas à vendre» , a- t- il ajouté, en référence aux propos de M. Kushner pour qui la paix permettrai­t aux Palestinie­ns d’atteindre une certaine prospérité économique. MM. Kushner et Greenblatt se sont rendus en Jordanie, en Arabie Saoudite et en Egypte. Ils ont rencontré vendredi et samedi soir le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui s’est félicité de ces entretiens, évoquant un « soutien (américain) total» à Israël.

 ??  ?? Jared Kushner (C), conseiller et gendre du président américain Donald Trump, le 14 mai 2018 lors de l’inaugurati­on de l’ambassade américaine à Al-Qods
Jared Kushner (C), conseiller et gendre du président américain Donald Trump, le 14 mai 2018 lors de l’inaugurati­on de l’ambassade américaine à Al-Qods

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia