La municipalité de proximité
QUAND les conseillers municipaux élus sur la liste du Front populaire dans la mairie d’El Aroussa se sont alliés avec leurs collègues d’Ennahdha pour élire le président de la municipalité, une grande polémique a éclaté, marquée notamment par la position de la direction centrale du Front dénonçant la décision et la considérant comme n’engageant que ceux qui l’ont prise.
Et s’est posée la question suivante : les conseillers municipaux élus le 6 mai dernier vont-ils obéir aveuglément aux directives de leurs partis lors de l’élection des présidents de municipalité ou prendre les décisions qu’impose le contexte de leurs régions au risque d’établir des alliances contre nature comme celle qui a vu les frontistes convenir avec les nahdhaouis ?
On présageait, alors, que la première enregistrée à El Aroussa allait se répéter dans d’autres municipalités, particulièrement dans les régions où les élections n’ont pas dégagé des résultats qui permettent à un parti politique de choisir aisément ses alliances.
Aujourd’hui que l’opération choix des présidents de municipalité et répartition des responsabilités a atteint une étape très avancée, on découvre que c’est bien la realpolitik qui triomphe aux dépens des ordres et des instructions venus d’en haut dans la mesure où la composition de plusieurs conseils municipaux a révélé l’émergence d’une nouvelle génération d’édiles municipaux qui ont — paraît-il — décidé de laisser les clivages idéologiques de côté et de concentrer leurs énergies essentiellement sur la satisfaction des revendications de leurs électeurs loin des querelles.
Avec la mise en pratique du pouvoir local, s’est-on dirigé, peut-être sans le vouloir, vers la consécration d’un nouveau style de gouvernance, celui de la gestion politique de proximité où un nahdhaoui et un gauchiste peuvent coopérer dans les régions tout en maintenant leurs clivages à l’échelle centrale ?
Aujourd’hui que l’opération choix des présidents de municipalité et répartition des responsabilités a atteint une étape très avancée, on découvre que c’est bien la realpolitik qui triomphe aux dépens des ordres et des instructions venus d’en haut.