La Presse (Tunisie)

Enfin, les Bleus sont fous !

L’aventure continue ! Les Bleus s’imposent 4-3 contre une Argentine en fin de génération, perdue face à la prise de pouvoir d’une nouvelle garde qui a pris les rênes d’un match fou. Fou, fou, fou.

- Kylian Folie

On attendait des individual­ités, en voilà à la pelle : Pavard, Mbappé, Hernandez, Pogba. On attendait la formation d’un collectif, une expérience commune pour forger l’histoire d’un groupe comme on testerait le tranchant d’une épée, la voilà également. L’Argentine était condamnée à se battre avec ce qu’elle pouvait, c’est-à-dire pas grand-chose, si ce n’est quelques explosions individuel­les et une rage de vaincre que l’on appelle parfois coup de chance. La bande à Messi avait une sacrée propension à de couper en deux, la lame de l’équipe de France a terminé d’opérer la section. Bon sang, les Bleus ont galéré, mais ils s’imposent 4-3, et c’était super bon.

Comme avant, pas mal de scènes de bataille de westerns américains, la séquence s’ouvre sur des regards. De ceux qui permettent de lire l’âme à travers les pupilles : la gueule fermée de Griezmann, le sourire insolent de Mbappé, et les yeux rieurs de Messi au moment de saisir pendant les hymnes que l’Argentine évoluera à domicile. Il y a là beaucoup d’inattendu à une bobine jusqu’ici plutôt chiante, ou en tout cas décrite comme telle par les spectateur­s. Sampaoli aligne encore un onze titulaire inédit avec Messi en faux neuf, sans Higuaín, Agüero, ni Dybala, et Deschamps est nerveux. Il se lève au bout d’une minute et vingt-huit secondes. C’est tôt. Les Bleus aussi tâtonnent, Pogba loupe un extérieur, Pavard une passe simple, et les jambes tremblent comme le Golden Gate par jour de secousse sismique jusqu’à ce coup franc balancé sur l’arête d’Armani par Antoine Griezmann (9e). Ensuite, puisque les éléments ont décidé de se déchaîner, voilà la foudre. Mbappé frappe par deux fois comme à l’époque monégasque, provoquant au premier éclair un penalty transformé par Grizou (1-0, 13e), et un coup franc à l’entrée de la surface envoyé dans les nuages par Paul Pogba sur le second (19e). On a ce qu’on avait prévu : l’Argentine est lente, terribleme­nt lourde, sanguine, pendant que les Bleus piquent en contre. On oserait même dire que la copie est parfaite, jusqu’à ce qu’un homme qui n’avait touché que douze ballons en quarante minutes décoche une frappe imprévisib­le des trente mètres, favorisée, il est vrai, par un attentisme défensif dont fantasme encore Eder (1-1, 40e). Di María égalise juste avant la mi-temps, et bordel, l’Albicelest­e n’a rien fait d’autre.

Balancez le scénario à la poubelle

Rien d’autre, à part ça : reprise de seconde période, frappe de Messi en pivot détournée dans les cages de Lloris par un Mercado qui se demande encore pourquoi il était là (2-1, 48e). C’est donc ça, la malchance ? Tomber sur la mauvaise équipe au mauvais moment, un onze de morts-vivants qui vous attrapent la jambe en rampant pour vous foutre à terre ? Non, en tout cas pas selon Benjamin Pavard, un gamin dont la barbe perle à peine et pourtant capable de balancer l’un des plus beaux buts de ces dix dernières années chez les Bleus (2-2, 57e). L’Argentine, qui prenait confiance et qui pressait, commence à monter le bras pour se protéger de la pluie qui commence à lui tomber sur la ganache. Un coup d’éclair, et puis le son, tout proche, le grondement de Mbappé qui tape deux fois de suite : d’une frappe du gauche, d’abord, sur un centre venu de Lucas Hernandez (3-2, 64e), et d’une frappe du droit, sur une nouvelle contre-attaque et une passe décisive de Giroud (4-2, 68e). On parlait de morts-vivants, voilà peut-être la raison pour laquelle l’Albicelest­e est coupée en deux au niveau du bassin. Pogba, énorme, se goinfre d’espaces, avale de l’air frais en servant tantôt Giroud (70e), tantôt Mbappé, définitive­ment homme du match (72e). On parlait de regard, aussi, et celui de Messi en dit long : tandis que Matuidi écope d’un carton jaune qui le privera de quarts de finale, lui pourrait bien ne jamais goûter à nouveau à un match de Coupe du monde. Il se démène alors, combinant avec Agüero pour des frappes trop molles quand Deschamps est plus occupé à faire souffler les corps. Il vient vraiment de faire entrer Thauvin ? Le buteur de Manchester City réduit la marque sur passe de Messi, pour la forme, il est vivement temps de mettre fin à la leçon. DD est le sélectionn­eur le plus capé de l’histoire des Bleus depuis ce soir, et a déjà en tête son nouvel objectif : 83 matchs.

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La France intenable face à l’Argentine

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