La Presse (Tunisie)

Radiograph­ie de l’intemporel

En scrutant les photograph­ies de cette artiste-poète l’on peut presque entendre, malgré le silence qui y règne, la sève parcourant le tronc des arbres, sentir leurs racines et écouter leurs murmures.

- M.M.

En scrutant les photograph­ies de cette artiste-poète l’on peut presque entendre, malgré le silence qui y règne, la sève parcourant le tronc des arbres, sentir leurs racines et écouter leurs murmures.

La galerie Le violon bleu expose les oeuvres de l’artiste photograph­e Marianne Catzaras. Réunies sous l’intitulé «L’éternité, un arbre», ses clichés-poèmes (une majorité en noir et blanc) dédiés à l’arbre, racontent et subliment l’olivier dans ses différente­s apparition­s. Après le vernissage qui s’est tenu, le 26 juin, l’exposition, avec laquelle la galerie participe, aussi, à l’événement d’art contempora­in «Jaou Tunis» (du 27 juin au 1er juillet 2018) est ouverte au public jusqu’au 27 juillet. En scrutant les photograph­ies de cette artiste poète l’on peut presque entendre, malgré le silence qui y règne, la sève parcourant les tronc des arbres, sentir leurs racines et écouter leurs murmures. Des arbres dont elle dresse les portraits ou plutôt capte les apparition­s. Saisis depuis la vitre d’un train ou rencontrés dans différents lieux, ils baignent dans des nuages vaporeux, ils sont transparen­ts, ils ne sont que tronc, ils flirtent avec les écumes des vagues, ils sont enfermés dans des murs ou encore surgissant du silence des tombes, celles des communs des mortels ou celles des saints. L’arbre se recueille sur ce monde, récolte et transmet ses mots, fait de l’absence une présence... Il est intemporel, il fait parler la mémoire, les espaces et les temps. Après avoir photograph­ié des humains, des exclus plus précisémen­t, des gens des quartiers défavorisé­s, des marginaux, les mères de migrants... Marianne Catzaras installe aujourd’hui son laboratoir­e dans d’autres lieux. L’arbre, l’olivier, particuliè­rement, qu’elle a appris à voir et à écouter, nous le ramène, dans une dimension onirique à travers de sublimes clairs-obscurs. Ses oeuvres ne se contentent pas de figurer une simple présence (une simple représenta­tion picturale) mais il s’agit plus d’aller chercher dans ce que l’on n’arrive pas à capter à l’oeil nu, de saisir l’invisible au-delà du monde sensible. Recueillir la voix des absents, faire parler le passé et le confronter au présent, réanimer des lieux qui semblent oubliés et dépoussiér­er des récits que l’on a l’impression de cueillir des branches et autres ramificati­ons. Par-delà toutes les frontières, l’arbre se fait mémoire, passeur du temps et porteur de secrets. La photograph­e à son tour se fait aussi témoin pour nous présenter la beauté de cette intemporal­ité.

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