La Presse (Tunisie)

Une élection historique

Tunis a eu, hier, sa première maire dans l’histoire de la Tunisie indépendan­te : Mme Souad Abderrahim, une pharmacien­ne de 53 ans. La “bataille” élective pour la mairie de Tunis n’a pas été une entreprise aisée pour cette candidate du parti Ennahdha, qui

- K. B. S.

Tunis a eu, hier, sa première maire dans l’histoire de la Tunisie indépendan­te : Mme Souad Abderrahim, une pharmacien­ne de 53 ans. La “bataille” élective pour la mairie de Tunis n’a pas été une entreprise aisée pour cette candidate du parti Ennahdha, qui l’a parfois lâchée. Mais son abnégation et sa force de caractère ont finalement conduit à son élection avec 26 voix contre 22 pour son concurrent Kamel Idir, candidat du parti Nida Tounès

Après des tergiversa­tions de plusieurs semaines, Souad Abderrahim, une femme non voilée, appartenan­t à un parti islamiste (Ennahdha), est élue maire de la ville de Tunis. C’est la première fois dans l’histoire de la Tunisie qu’une femme accède à ce poste de «Cheikh Al Medina», comme le dénomment les Tunisois. Et c’est la première fois que le poste est attribué démocratiq­uement. La “bataille” élective pour la mairie de Tunis n’a pas été une entreprise aisée pour la candidate du parti Ennahdha, qui l’a parfois lâchée. Mais son abnégation et sa force de caractère ont fait que cette pharmacien­ne de 53 ans soit finalement élue avec 26 voix des membres du Conseil municipal, contre seulement 22 voix pour son concurrent Kamel Idir, candidat du parti Nida Tounès. Malgré le désistemen­t de Mehdi Rebaï, candidat de l’Union civile en faveur du candidat nidaiste, Kamel Idir n’a pas réussi à réunir les voix qui lui manquaient. Les voix des élus de l’union civile et ceux de la liste indépendan­te “Madinti Tounès” n’ont pas été suffisante­s. Même si le vote est secret, les commentate­urs n’hésitent pas à qualifier certains membres du Conseil municipal de “traîtres”. En effet, selon eux, mathématiq­uement, c’est Kamel Idir qui aurait dû gagner en bénéfician­t des voix de l’Union civile (6 voix) et ceux de Madinti Tounès (4 voix). Selon les supporters de Kamel Idir ( aussi et surtout les « ennemis » de Souad Abderrahim), au moins 4 voix “progressis­tes” sont finalement allées renforcer le camp nahdhaoui. Il faut dire qu’Idir ne partait pas favori, puisque sa liste n’avait obtenu lors des élections de mai dernier que 17 sièges (soit 21.740 voix) contre 21 sièges pour le parti Enna- hdha qui a obtenu 25.665 voix. Ni au premier tour, ni au second tour des élections du président du conseil, Kamel Idir n’a été capable de devancer Souad Abderrahim. D’ailleurs, les deux candidats favoris ont récolté chacun le même nombre de voix aux deux tours. Chacun des deux candidats a réussi, outre les voix de sa liste, à récolter 5 voix supplément­aires. Au premier tour, Souad Abderrahim et Kamel Idir étaient en lice avec Ahmed Bouazi (Al-Tayar) et Lotfi Ben Aissa ( Front populaire). Mais au second tour, ce qui a été étonnant c’est sans aucun doute l’absence de report de voix des deux côtés. Challenger au premier tour, Kamel Idir aurait espéré battre sa rivale au second tour grâce aux voix du Front populaire, mais ce dernier ne s’est pas rangé du côté de Nida Tounès, tout comme Al-Tayar qui a choisi de ne favoriser aucun des deux candidats. Un journal électroniq­ue a même titré “Le Front populaire offre la victoire à Souad Abderrahim”. Par ailleurs, plusieurs personnali­tés politiques ont salué cette victoire de la démocratie en dépit des divergence­s de fond qu’ils peuvent entretenir avec l’islam politique.

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(Photo A. BELAID)
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(Photo A. BELAID)

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