La Presse (Tunisie)

A-t-on été trop sévère avec l’Italie ?

En novembre dernier, le cataclysme de l’éliminatio­n de la Squadra face à la Suède avait fait rire la planète entière. Sauf qu’aujourd’hui, les joueurs de Janne Andersson sont en quarts de finale d’une Coupe du monde et ne font plus rire grand monde.

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On en viendrait presque à se demander si les Italiens n’ont pas le don pour, à chaque fois, rencontrer l’équipe-surprise lors des grandes compétitio­ns. Depuis le début du millénaire, lorsqu’elle n’a pas gagné ou terminé les yeux pleins de larmes comme en 2000 et 2012, elle a plus que souvent trébuché sur un caillou qui n’avait rien à faire là. Avec la Corée du Sud en 2002, le Paraguay huit ans plus tard seulement sorti en quarts 0-1 par le futur champion du monde et l’inattendu Costa Rica en 2014, le refrain a d’ores et déjà pris des allures de gimmick indémodabl­e. Et puis est donc arrivé le tour de la Suède en novembre 2017. Une formation sans stars, orpheline de Zlatan Ibrahimovi­ć, dirigée par un sélectionn­eur sans expérience majeure hors de Suède qui n’aurait pas dû poser problème sur le papier. Même à une Italie malade. Mais cette fois, pire qu’en 2010 ou 2014 où elle avait été invitée à quitter la fête dès la fin de l’apéritif, l’Italie a tout simplement été privée d’invitation par ces grands gaillards solidaires. Tout le monde s’est ému, les Italiens les premiers, de ne pas participer à l’événement de l’année qu’ils n’avaient plus loupé depuis 1958. Cette année-là, d’ailleurs, ces ogres suédois se hissaient jusqu’en finale de leur Coupe du monde pour écrire les plus belles lignes de leur histoire. Troublante coïncidenc­e.

Chronique d’une présence annoncée

Au-delà de cette analogie, il ne faut pas non plus faire passer cette Suède pour un cador favori à la victoire finale. Seulement rappeler qu’à défaut d’avoir un nom ronflant et des têtes d’affiche alléchante­s, la Suède est quand même loin de l’image d’équipe de bras cassés qui lui était parfois prêtée. À titre d’exemple, elle est la seule équipe depuis la finale de l’Euro à avoir battu les Bleus en match officiel. Certes sur une bourde monstrueus­e d’Hugo Lloris, mais quand même. Longtemps, les Suédois ont fait trembler les Bleus en vue de la première place du groupe, eux qui avaient flanqué un 8-0 cinglant au Luxembourg trois jours seulement après que les protégés de DD ne concédèren­t un piteux 0-0 face à ces mêmes Luxembourg­eois au Stadium. Depuis le début du Mondial, les Jaune et Bleu n’ont concédé que les réalisatio­ns allemandes chanceuse puis magnifique de Reus et de Kroos en guise de points noirs à leur actif. Le reste ? Une victoire plutôt maîtrisée face à la Corée du Sud d’entrée, une taule infligée à la hype mexicaine et enfin un match remporté au bout de l’ennui face à la Suisse. Les réseaux sociaux s’amusent du fait que depuis la boulette de Lloris, la Suède aurait donc éliminé les Pays-Bas, l’Italie et l’Allemagne. Si dans les faits, la théorie est un peu discutable par rapport à la Mannschaft, elle est loin d’être dénuée de sens. Parmi les huit dernières équipes encore en lice pour toucher du doigt le Saint Graal, il n’y a ni l’Espagne, ni l’Allemagne, ni le Portugal ou encore l’Argentine. La Suède, elle, est encore présente.

La Suède, et personne d’autre

Bien sûr, tout cela ne serait probableme­nt pas arrivé si l’Italie avait tenu son rang, n’avait pas loupé son virage génération­nel ou ne s’était pas lourdement trompé sur le choix de son sélectionn­eur. Si l’Italie avait su marquer au moins un but lors de cette double confrontat­ion où elle n’a jamais réussi ou presque à créer de danger, tombant comme d’autres aujourd’hui sur un bloc compact et solidaire. On se dit même qu’elle aurait peut-être pu potentiell­ement faire quelque chose, ou tout simplement se ramasser comme la plupart de ses compagnons d’armes habituels. En attendant, un pays tout entier profite du moment, tandis que l’autre regarde ça avec des yeux remplis d’envie. Avec au passage, un début de vérité qui commence à se dessiner pour tout le peuple italien : oui, la Suède méritait bien sa place pour ce Mondial. Et sûrement plus que son équipe.

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L’Italie, grande absente du Mondial

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